PSOE

sigle de parti socialiste ouvrier espagnol

Felipe González Márquez
Felipe González Márquez

Parti politique fondé en mai 1879 à Madrid sous le nom de parti démocratique socialiste ouvrier espagnol.

1. Historique

Il prend son nom actuel en 1888, lors d'un congrès qui lance aussi le syndicat socialiste, l'Union générale des travailleurs (UGT). Représenté aux Cortes dès 1910, il attire les intellectuels, s'inspire du marxisme et adhère à la IIe Internationale jusqu'en 1921, où une minorité se sépare et fonde le parti communiste ouvrier espagnol.

Après une collaboration avec la dictature de Primo de Rivera (1923-1930), le PSOE participe à la chute de la monarchie (avril 1931) et aux gouvernements de la république. Il est le parti le plus important du Front populaire, victorieux aux élections de février 1936, mais, pendant la guerre civile (1936-1939), le PSOE est débordé par le parti communiste, qui prend le contrôle de la zone républicaine.

Après la défaite, le parti se reconstitue en France. Au congrès de Toulouse (1972), la tendance « intérieure » (des clandestins d'Espagne) l'emporte et, en 1974, au congrès de Suresnes, Felipe González devient secrétaire général.

2. La transition démocratique et l’ascension du parti

Après la mort de Franco et la formation du gouvernement de la « transition » par Adolfo Suárez, le parti est légalisé en 1977. Il devient (avec près de 30 % des voix) la principale force d'opposition à la suite des premières élections démocratiques organisées la même année, et remporte de nombreuses municipalités aux élections locales d'avril 1979 avec près de 28 % des suffrages. Il conserve toutefois une attitude critique à l'égard du gouvernement – dont il n'est pas le meilleur allié – avant d'abandonner toute référence marxiste et de s'orienter progressivement vers la social-démocratie, lors de son XXVIIIe congrès convoqué en mai 1979.

3. L’accession au pouvoir

En 1982, le PSOE obtient la majorité absolue aux Cortes et F. González devient président du gouvernement. Le parti l'emporte de nouveau aux élections de 1986, de 1989 et de 1993, mais, légèrement devancé par le parti populaire (PP) lors des élections de 1996, il doit lui céder le pouvoir. Malgré une alliance passée avec la Gauche unie (Izquierda unida), coalition dominée par le parti communiste, le PSOE subit un grave revers lors des élections législatives de mars 2000.

4. La « nouvelle voie »

Entaché par des scandales de corruption politique et économique depuis 1992, à la recherche d'un nouveau leadership après la décision de F. González, en 1997, de renoncer au secrétariat général, il change de cap lors de son XXXVe congrès en juillet 2000. José Luis Rodríguez Zapatero, partisan d'une « nouvelle voie » et d'un « changement tranquille », est élu secrétaire général du parti par 41,6 % des voix devant trois autres candidats dont José Bono, candidat officiel de l'appareil du parti et donné favori, qui obtient 40,7 % des suffrages. Déjouant tous les pronostics, le PSOE vient largement en tête des élections législatives de mars 2004 avec 42,5 % des suffrages et 164 élus au Congrès des députés. En 2008, il se renforce encore en remportant plus de 43 % des voix et 169 députés.

5. Le PSOE à l’épreuve de la crise économique

En 2009, alors que l'Espagne est durement touchée par la crise financière et économique internationale, induisant notamment la fin du boom immobilier et une forte augmentation du chômage, le parti doit appuyer la politique économique et sociale de son secrétaire général converti à la rigueur, et contrer l'offensive du parti populaire qui lui ravit le gouvernement de Galice en mars et vient en tête des élections européennes de juin.

6. Vers la résolution de la question basque

Le PSOE enregistre cependant un succès historique au Pays basque en prenant les rênes du gouvernement autonome, passant à cette occasion un accord avec le PP pour mettre fin à l'hégémonie du parti nationaliste basque (PNV). La politique alliant fermeté et négociations finit par porter ses fruits avec la décision d’Euskadi ta Askatasuna (ETA), placée sous la pression de ses propres alliés au sein du camp nationaliste, de mettre fin à la lutte armée en octobre 2011.

7. La défaite de 2011

Placé à son tour sous la pression des marchés, le gouvernement socialiste doit se résoudre à adopter de nouvelles mesures de restriction budgétaire alors que le chômage frappe de plein de fouet une jeunesse par ailleurs mobilisée par le mouvement des « indignés ». Les électeurs sanctionnent alors sévèrement le PSOE aux élections législatives de novembre 2011, dispersant leurs voix entre le centre droit, l’extrême gauche, les petites listes et l’abstention, et permettant la victoire massive du PP qui avait déjà remporté les élections locales et régionales du 22 mai. Avec environ 29 % des suffrages, le parti est ainsi réduit au niveau qu’il avait atteint en 1977. Confronté à la montée d’une gauche citoyenne et alternative fédérée par Podemos (« Nous pouvons »), le parti continue de décliner aux élections de décembre 2015 et de juin 2016 en n’obtenant que 22 % des voix. Traversé ainsi par une crise profonde depuis l’échec de 2011 et la démission de J. L. Zapatero, le PSOE change de direction à trois reprises entre février 2012 et octobre 2016.

Réélu à la tête du parti en mai 2017, Pedro Sánchez devient président du gouvernement espagnol en juin 2018, à la suite du vote d’une motion de censure contre le gouvernement de Mariano Rajoy.

Pour en savoir plus, voir les articles Espagne : histoire, Espagne : vie politique depuis 1976.