psychose hallucinatoire chronique ou PHC

Cette psychose délirante chronique décrite sous cette appellation par Gilbert Ballet (1911) à partir des « délires chroniques de persécution » de Lasègue et Magnan se caractérise par l'importance des phénomènes hallucinatoires. On l'a aussi appelée « folie sensorielle » ou « paranoïa hallucinatoire ». En tant qu'entité nosologique elle est spécifique de l'école française, les Anglo-Saxons la considérant comme faisant partie de la schizophrénie.

Clérambault la définissait comme « une psychose délirante chronique basée sur le syndrome d'automatisme mental qui en constitue le noyau, et dont la superstructure délirante constitue une idéation surajoutée ».

En effet, l'automatisme mental peut être repéré comme un mode de début de la maladie. Il est soudain : le malade, rapidement parasité par des hallucinations, entend des voix, sent des odeurs étranges, ressent la présence de fluides, d'ondes dans son corps ; il a le sentiment d'être épié, deviné, d'être un médium. Puis c'est la phase d'état, avec la systématisation du délire hallucinatoire et le déploiement du triple automatisme mental :
– l'automatisme idéo-verbal, composé d'hallucinations psychiques et acoustico-verbales (voix intérieures menaçantes et insultantes, ou bien voix objectivées dans l'espace avec le commentaire des actes, l'écho de la pensée, le devinement et le vol de la pensée, les scies verbales et les mots jaculatoires) ;
– l'automatisme sensoriel, constitué par toute la gamme des hallucinations visuelles, gustatives, olfactives et cénesthésiques (visions colorées, goûts bizarres, sensations tactiles de grouillement, de prurit, de douleurs, de spasmes, de paresthésies) ;
– l'automatisme psychomoteur, composé d'hallucinations psychomotrices (sensations de mouvements forcés) soit verbales, ressenties dans le larynx, soit touchant le cou, la face ou les membres.

Lorsque le délire est bien systématisé et organisé, les thèmes les plus fréquents sont persécutifs : possession, influence, envoûtement, complot, poursuite érotique, expériences et machineries scientifiques.

L'évolution se fait dans le sens d'une conservation de la lucidité et des capacités intellectuelles avec une relation d'ouverture au monde réel qui contraste avec le noyau délirant qui persiste en s'enkystant. Soit le malade s'accommode de son délire et vit avec, soit il est cycliquement repris, dans des « moments féconds », de paroxysmes hallucinatoires entrecoupés de rémissions plus ou moins longues.