populisme

Tendance artistique et en particulier littéraire qui s'attache à l'expression de la vie et des sentiments des milieux populaires.

LITTÉRATURE

Fondé par Léon Lemonnier et André Thérive et aux termes du manifeste paru dans le quotidien l'Œuvre (1929), le populisme entend privilégier la peinture des petites gens, contre celle de la bourgeoisie aisée, passible d'un réalisme et d'une psychologie littéraires artificiels. Le mot est emprunté au vocabulaire politique russe où il désigne un mouvement d'intellectuels des années 1870, mais comme courant littéraire le « populisme » français n'a pas de visée politique ou sociale.

Rejetant la tentation prolétarienne, illustrée par Poulaille, ainsi que le pittoresque du sordide, suscité par le naturalisme, il veut en finir avec la comédie parisienne et bourgeoise, avec l'introspection et toute la littérature mondaine ; il tend à fuir l'intrigue romanesque – ce qui le place à l'opposé de la « littérature populaire » – et impose un sens de la convention et de la simplicité qui n'exclut pas la rigueur de l'observation. Le cinéma (René Clair avec Sous les toits de Paris en 1930 et le Million en 1931, Marcel Carné avec Hôtel du Nord en 1938) a pu joué un rôle dans ce besoin de coller à la réalité quotidienne la plus banale, dans l'intrusion de la rue et de son peuple comme décor privilégié. Le grand précurseur selon Lemonnier lui-même est le Maupassant des nouvelles. Prolongement du naturalisme, le populisme condamne toutefois les outrances mélodramatiques à la manière de Zola. L'influence de Gorki, surtout de ses œuvres antérieures à la Révolution de 1917, est également sensible, comme celle de Jules Renard (Poil de Carotte, 1894).

Si le populisme a ses prix littéraires du roman et de la poésie, on ne peut vraiment parler d'une « école populiste » mais un ensemble de tendances. Parmi les lauréats, il y a ainsi loin d'Eugène Dabit (pour la parution d'Hôtel du Nord, 1929) à Jean-Paul Sartre (récompensé pour son recueil de nouvelles le Mur,, 1940) ou à Armand Lanoux, d'une véritable découverte des milieux populaires à la convention commandée par la représentation de ces milieux.

Le mouvement vaut par son aptitude à introduire de nouveaux objets quotidiens dans la littérature hors d'un regard hiérarchique (l'élitisme de l'écrivain ou la belle âme qui, même rapportée à un personnage populaire, traduit la perspective bourgeoise).

Pour en savoir plus, voir l'article populisme [histoire].