perturbateur endocrinien

Glandes endocrines
Glandes endocrines

Toute molécule ou substance chimique, d’origine naturelle ou artificielle et étrangère à l’organisme, qui peut interférer avec le système endocrinien et induire des effets délétères pour l’organisme ou sa descendance.

Soupçonnée depuis les années 1950, et décrite en 1991, la notion de perturbateur endocrinien a été reconnue en 1999 par l’Organisation mondiale de la santé et les grandes institutions internationales dont l’Union Européenne. Si la plupart des études ont porté sur les effets chez l’être humain, d’autres ont montré que ces effets délétères touchent aussi diverses espèces animales comme les cervidés d’Alaska, les visons d’Amérique du Nord ou divers poissons de nos rivières.

1. Modes d'action des perturbateurs endocriniens

Trois modes d’action expliquent les effets des perturbateurs endocriniens.

• Par l’effet mimétique : la substance agit comme une hormone naturelle et perturbe son fonctionnement.

• Par l'effet de blocage : la substance inhibe l’action d'une hormone naturelle et l'empêche de remplir sa fonction.

• Par l’effet perturbateur : la substance modifie le métabolisme ou la régulation de la sécrétion d’une hormone ou de ses récepteurs.

2. Les différents perturbateurs endocriniens

La liste des perturbateurs endocriniens, prouvés ou suspectés, ne cesse de s’allonger.

Parmi les substances naturelles, on trouve des myco-œstrogènes et surtout des phyto-œstrogènes présents dans le houblon (et la bière) ou dans le soja et ses dérivés. Ils imitent faiblement les effets des œstrogènes humains ou animaux naturels.

Les molécules de synthèse recensées sont divers agents détergents ou mouillants (additifs), de nombreux pesticides et insecticides, les phtalates utilisés dans l'industrie plastique ou encore les plastiques alimentaires, comme le bisphénol A (désormais interdits dans la fabrication des biberons), des médicaments comme le diéthylstilbestrol (Distilbène®) et des agents ignifuges bromés.

De fortes suspicions, selon les études en cours, se portent sur les métaux lourds (plomb, mercure, manganèse, chrome), différents médicaments courants dont les produits de dégradation (métabolites) polluent les eaux usées, les dioxines, les phénols, le tabac.

3. Les effets des perturbateurs endocriniens

Les effets délétères des perturbateurs endocriniens concernent le sujet contaminé lui-même ou sa descendance. Ainsi, le diéthylstilbestrol, prescrit autrefois pour prévenir les avortements spontanés, est responsable de cancers génitaux précoces à la deuxième génération. La plupart de ces effets portent sur les différentes hormones sexuelles (→ appareil génital) : on observe une fréquence accrue des cancers du sein ou du vagin chez la femme, des cancers ou des hypertrophies de la prostate chez l’homme, une baisse importante de la qualité du sperme, des malformations congénitales de l’appareil urinaire (hypospadias chez le garçon) ou de l’appareil génital chez les enfants de personnes contaminées, comme ce fut le cas après l’accident de Seveso avec une forte augmentation de la proportion de filles à la naissance (deux filles pour un garçon) dans les zones polluées par la dioxine. Plus rarement, les perturbateurs endocriniens bloquent d’autres glandes, comme la thyroïde.

Dans la nature, il a été observé un grand nombre de cas d’hermaphrodisme chez les poissons en aval de stations d’épuration en Grande-Bretagne, preuve que le problème dépasse l’espèce humaine.

Plus de 450 études scientifiques menées sous le contrôle de l’OMS ou des autorités internationales sont en cours. Les premiers résultats montrent surtout le danger de l’accumulation des perturbateurs endocriniens dont les effets ne s’additionnent pas mais se multiplient quand plusieurs d’entre eux, au risque faible pour chacun, se trouvent simultanément en contact avec les organismes concernés.