pensée magique

En psychanalyse la pensée magique désigne un mode de fonctionnement psychique caractéristique de la névrose obsessionnelle.

Il s'agit des croyances superstitieuses et des rituels conjuratoires qui s'imposent à l'obsédé et transforment sa vie en un véritable cérémonial. Classiquement on décrit les vérifications sans fin, le lavage des mains ou des objets, la place immuablement précise attribuée à chaque objet, l'annulation des actions et le doute permanent. Ces rituels incontournables peuvent prendre tant d'importance qu'ils vont occuper la totalité du temps du patient et devenir très invalidants pour lui. Ils constituent des manifestations de pensée magique en ce sens qu'ils possèdent une vertu protectrice contre le malheur. Si le patient venait à s'y dérober, il serait précipité face à l'insupportable, c'est-à-dire face à ses pulsions inconscientes contre lesquelles il lutte.

Dans Totem et tabou (1912) Freud décrit la pensée magique en termes de « pensée animiste » lorsqu'il se réfère aux peuples primitifs, et en termes de « toute-puissance des idées », expression reprise à son patient l'Homme aux rats (Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle). En effet, dans cette névrose le sentiment de culpabilité est si intense qu'il provoque la croyance qu'il suffit de penser à une chose, bonne ou mauvaise, pour que cette chose arrive. Ces pensées sont la plupart du temps des vœux de mort ou des idées de catastrophes. Le mécanisme de défense à l'œuvre est ici le déplacement. Le sujet doit lutter contre des poussées pulsionnelles liées à des représentations sexuelles intolérables et frappées d'interdit par le surmoi. Une séparation de la représentation et de son quantum d'affect va s'opérer, accompagnant le déplacement de cet affect sur une autre représentation anodine qui permettra de conjurer l'angoisse. Par exemple certains rituels de lavage peuvent résulter du déplacement sur la saleté physique de la culpabilité liée à la masturbation.

La pensée magique comporte donc un double aspect : d'une part la toute-puissance magique accordée aux idées (vœux de mort), et d'autre part le pouvoir conjuratoire des idées obsédantes qui sous-tendent les symptômes. La pensée magique est une régression à un mode de fonctionnement archaïque et primitif ; elle a pour origine inconsciente la toute-puissance infantile. Sans aller jusqu'au délire, elle constitue un point extrême de l'érotisation de la pensée dans la névrose.