parti socialiste suisse ou PSS
Parti politique suisse fondé en 1888.
C'est au milieu du xixe s. que les idées socialistes s'implantèrent dans la Confédération. Mais en 1838 déjà, une organisation d'entraide ouvrière, la Société du Grütli, était née à Genève. L'influence de la Ire Internationale fut importante en Suisse, où se déroulèrent plusieurs congrès de cette organisation ; le courant anarchiste de Bakounine avait du reste ses assises dans le Jura bernois et neuchâtelois. Mais le PSS ne vit le jour qu'en 1888, après diverses tentatives dont celle de Hermann Greulich (1842-1925). L'Union syndicale suisse (USS) était née, elle, en 1880. Le PSS se prononça d'emblée pour la voie législative et, même si le programme de 1904 était favorable à la lutte des classes, la tendance fut toujours plutôt réformiste. Devant les nombreuses interventions de l'armée pour réprimer les grèves, l'antimilitarisme joua un rôle relativement important, ce qui n'empêcha pas le PSS de voter les pleins pouvoirs au Conseil fédéral en 1914. La trêve fut de courte durée et, en 1915-1916, la gauche du parti organisa, en liaison avec Lénine, alors réfugié en Suisse, les conférences de Zimmerwald et de Kiental, qui visaient à empêcher la participation des socialistes européens à l'effort de guerre. Pendant la guerre, la condition des travailleurs fut très difficile : mobilisés aux frontières, ils ne touchaient en effet qu'une maigre solde, alors que les prix augmentaient. Aussi en 1918, à l'initiative du Comité d'action d'Olten réunissant le PSS et l'USS et dirigé par Robert Grimm, éclatait l'unique grève générale de Suisse ; elle se traduisit d'ailleurs par un relatif échec, et seules quelques réformes furent obtenues (semaine de quarante-huit heures, élections fédérales à la proportionnelle, principe d'une assurance « vieillesse », etc.). Après la scission de la gauche en 1921, d'où naquit le parti communiste suisse (rallié à la IIIe Internationale et interdit pendant la Seconde Guerre mondiale), le PSS devint un parti tout à fait réformiste, obtenant la majorité sur le plan communal (relativement important en Suisse) dans de nombreuses villes. Au cours des années 1930, le PSS s'intégra de plus en plus à l'« État bourgeois », adhérant à l'idée de défense nationale devant la montée des fascismes ; aussi, en 1943, E. Nobs devint le premier conseiller fédéral socialiste. Après la guerre, la croissance économique de la Suisse et la guerre froide renforcèrent encore l'intégration du PSS ; en 1959, un deuxième socialiste accédait au Conseil fédéral. Depuis lors, ce nombre n'a pas changé, même si une fraction minoritaire du parti remet en question la participation des socialistes au gouvernement. En 1991, les socialistes occupaient 43 sièges sur 200 au Conseil national et 3 sur 46 au Conseil des États (les deux chambres du Parlement helvétique).