orientation sexuelle

La définition de l'orientation sexuelle a évolué avec le temps. Elle correspond aujourd'hui à l'une des composantes de l'identité sexuelle au même titre que le genre ou le rôle sexuel.

Elle peut désigner le désir affectif et sexuel, l'attirance érotique pour les personnes de même sexe (homosexualité), de sexe opposé (hétérosexualité) ou indifféremment pour l'un ou l'autre sexe (bisexualité). Elle peut porter sur le comportement sexuel, affectif ou sur l'identité servant à définir subjectivement la personnalité.

1. « Orientation sexuelle » : un terme né dans les années 1970

En psychologie, l'orientation est la conscience qu'une personne a de sa position en référence au temps, à l'espace ou à l'identité. L'apposition du qualificatif « sexuel » apparaît pour la première fois en 1973 aux États-Unis, dans un texte légalislatif destiné à sanctionner les discriminations à l'égard des homosexuels.

L'expression « orientation sexuelle » a l'avantage de la neutralité, contrairement au jugement moral sous-entendu, par exemple dans les notions de « perversion » ou de « déviation sexuelle ». Par ailleurs, elle souligne l'attraction sexuelle comme étant un élément de la personnalité profonde, et non comme un choix, à la différence de « préférence sexuelle ». La généralisation du terme semble correspondre à un objectif politique des mouvements gays américains, s'inspirant du militantisme pour la défense des droits des Noirs et prônant le caractère inné de l'homosexualité au même titre que le sexe ou la couleur de peau.

La notion d'orientation sexuelle est inscrite dans le droit européen depuis 1997 et dans le droit français depuis 2001.

2. Premières tentatives de classification des orientations sexuelles

L'une des premières classifications de l'orientation sexuelle a été proposée par Karl Heinrich Ulrichs (1825-1895) dans Recherches sur l'énigme de l'amour entre hommes, publié en 1864. Partant de l'hypothèse d'un troisième sexe et de l'existence, pour certains individus, « d'une âme féminine dans un corps d'homme », il sépara les hommes en dyonisiens, uraniens et urano-dyonisiens. Ces trois catégories correspondent aux termes scientifiques qui leur sont aujourd'hui préférés : homosexuel, hétérosexuel et bisexuel.

La vision d'Ulrichs ne fit pas l'unanimité, et Sigmund Freud (1856-1939) la remit fortement en cause, montrant notamment dans Trois essais sur la théorie sexuelle (1905) que l'« inversion » (homosexualité) recouvre une grande variété de comportements et que, chez les hommes, « la virilité psychique la plus complète est compatible avec l'inversion ». Le père de la psychanalyse considérait en outre l'homosexualité et la bisexualité comme des phases d'immaturité sexuelle, et non comme des catégories à part.

La notion d'orientation sexuelle donna lieu de fait à différentes théories, dont la vision continuiste qui inspira le zoologiste Alfred Kinsey (1895-1956).

3. Les échelles de Kinsey et de Klein

Dans Sexual Behavior in the Human Male (1948) (Le Comportement sexuel de l'homme), Alfred Kinsey affirme que : « Tout n'est pas noir et tout n'est pas blanc. La nature, selon un principe fondamental de la taxinomie, a rarement affaire à des catégories distinctes. Seul l'esprit humain invente des catégories et s'efforce de faire entrer les faits dans des cases séparées. Le monde vivant est un continuum dans ses moindres aspects. » Pour Kinsey, les individus se situent sur un « continuum » en fonction de leur comportement sexuel et de leur réaction psychique. Il développa ainsi une échelle en 7 points, dont le degré 0 représente l'hétérosexualité exclusive et le degré 6 l'homosexualité exclusive.

• Une des limites de l'échelle de Kinsey est qu'elle présuppose que le comportement sexuel et la réponse érotique sont identiques chez un même individu.

Vers la fin des années 1970, d'autres chercheurs, qui utilisèrent des échelles distinguant les comportements sexuels (facteurs physiques), les fantasmes (facteurs intrapsychiques) et l'affection (facteurs interpersonnels), mirent en évidence une grande disparité entre les trois échelles dans les réponses des individus (Shively et De Cecco, 1977 ; Bell et Weinberg, 1978).

• Dans les années 1980, Fritz Klein créa une nouvelle échelle, « The Klein Sexual Orientation Grid » (KSOG). Aux paramètres précédents, il ajoute l'attirance sexuelle, la préférence sociale, l'auto-identification et le mode de vie homo/hétérosexuel. Il soutient par ailleurs que l'orientation sexuelle n'est pas fixée ni permanente. Ses conclusions montrent que la population peut être répartie selon 21 profils variables statistiquement significatifs.

4. L'orientation sexuelle, une création culturelle

Les définitions liées à l'orientation sexuelle font appel à une multitude d'éléments et/ou de méthodes, et reflètent les différentes croyances théoriques et conceptuelles d'une société à un moment donné. Lorsque l'on considère la variété des combinaisons possibles et la constellation de facteurs, il est aisé de se rendre compte que les étiquettes d'homo/hétéro/bisexuel deviennent vides de sens. L'orientation sexuelle est souvent traitée comme un élément objectif, alors qu'elle est subjective, supposée, et donc confondue avec l'identité sexuelle.

L'orientation sexuelle et l'identité sexuelle sont des représentations conceptuelles intéressantes pour appréhender la construction individuelle et relationnelle, mais, comme toute représentation, il s'agit d'une création culturelle.