moere

(moyen néerlandais moer, marais)

En Flandre française, équivalent du polder.

Transformée en polders fertiles drainés par un réseau de rigoles poissonneuses qui la divisent en rectangles réguliers, la dépression naturelle des Moëres (prononcer : « Moures »), entre Dunkerque et Hondschoote, n'était encore, au début du xviie s., qu'une lagune où l'abbaye des Dunes exerçait un vague droit de pêche, un marécage nauséabond, responsable de maladies endémiques, où se déversaient les eaux de ruissellement des régions alentour. Appelé par les archiducs Albert et Isabelle, Venceslas Cobergher entreprit, de 1619 à 1625, l'assainissement et l'assèchement de cette région. Il fit relier par un fossé les deux lacs des Moëres et entourer la grande Moëre par une digue, le Ringslot. Puis, à l'extérieur, il fit doubler le Ringslot par un canal vers lequel il fit déverser les eaux des terres périphériques. Enfin, rigoles et watergangs furent reliés au canal collecteur qui traversait cette zone, et la reliait à la mer. Dotés de vis d'Archimède, des moulins tiraient l'eau au niveau des terres extérieures.

Dès 1625, cette œuvre d'assèchement achevée, les anciens lacs furent mis en culture ; les terres furent divisées en 114 parcelles de 720 pieds sur 360 (les « cavels »). Ce travail fut détruit vingt ans après son achèvement lorsque le gouverneur espagnol de Dunkerque, assiégé par les armées françaises, ordonna l'inondation de toute la région autour de la place forte. Pendant plus d'un siècle, les Moëres retournèrent aux marais, et devinrent un repère de brigands.

Au début du xixe s., une reconquête des Moëres aboutit grâce à de nouveaux travaux. En 1944, les armées allemandes en retraite ouvrirent les digues et les écluses : la mer envahit de nouveau la région ; le rivage était revenu au niveau de celui du xie s. Mais, dès la libération du territoire, les habitants se lancèrent dans une nouvelle œuvre de reconquête et, dès 1946, ils purent regagner leurs fermes.