ligue de Smalkalde
en allemand Schmalkaldischer Bund,
Ligue religieuse et politique conclue pour six ans par des villes et des princes protestants d'Allemagne, en février 1531, et prorogée à dix ans en 1535.
L'initiative en revient au landgrave Philippe de Hesse et à l'Électeur Jean-Frédéric de Saxe. La ligue groupe plusieurs villes et princes réformés d'Allemagne, unis pour défendre l'Évangile et pour se prêter assistance mutuelle contre les attaques éventuelles de puissances catholiques. La formation de la ligue est la réponse à l'ultimatum lancé par Charles Quint aux luthériens, à la diète d'Augsbourg (1530, → confession d'Augsbourg). Elle dispose des ressources de plusieurs villes libres, dont Brême, Lübeck, Magdeburg, Strasbourg, Ulm.
La ligue manifeste surtout l'esprit particulariste des villes et des princes dans son opposition politique aux prétentions impériales (élection de Ferdinand Ier, 1531). Elle obtient l'appui du roi de France (1532), qui gagne celui des banques luthériennes pour sa politique allemande. Elle négocie également avec l'Angleterre et les Turcs.
Charles Quint, par la paix de Nuremberg, s'engage au respect du statu quo (ajournement des décisions d'Augsbourg, juin 1532). En 1534, l'armée de la ligue passe à l'offensive, remet Ulrich de Wurtemberg en possession de son duché, qui lui avait été confisqué, et y introduit la Réforme. Charles Quint accepte le fait accompli, et les ligueurs reconnaissent l'élection de Ferdinand Ier.
Sans cesse renouvelée et renforcée par de nouvelles adhésions, la ligue de Smalkalde se manifeste encore en souscrivant officiellement à diverses propositions de Luther et en protestant contre le concile convoqué à Mantoue par Paul III (→ articles de Smalkalde, 1537), puis en tenant ses états à Francfort. Charles Quint s'attache à diviser les princes protestants, gagnant notamment à sa cause Maurice de Saxe.
Les catholiques s'étaient groupés en une ligue de Nuremberg (1538). Charles Quint, débarrassé des luttes contre les Turcs et contre la France (→ paix de Crépy-en-Laonnois, septembre 1544), attaque (guerre de Smalkalde, 1546). La ligue prend les devants en occupant de nombreuses forteresses impériales, et l'empereur doit entreprendre une longue suite d'opérations militaires le long du Danube. Les protestants du Sud s'inclinent très vite. La victoire de Mühlberg (24 avril 1547) et la capitulation de Wittenberg (mai 1547) lui permettent de capturer Philippe et Jean-Frédéric, de confisquer l'électorat de ce dernier au profit de Maurice de Saxe et de dissoudre la ligue.