la littérature baroque
Depuis que le classicisme s'est imposé comme une exigence contraignante de la beauté, le baroque est resté relégué dans le vocabulaire technique de la joaillerie, ou dans les catégories mal établies du bizarre, quelque part entre le grotesque satisfait et le ridicule redondant : il ne se définissait que négativement. Si l'art baroque et la musique baroque ont acquis leurs lettres de noblesse, ce n'est pas le cas de la littérature, notamment en France.
Le primat historique de l'ostentation est lié, en Europe, aux partages culturels issus de la Réforme et de la Contre-Réforme, au statut et à l'usage, d'abord religieux, de productions « spectaculaires ». En littérature, parmi ses principaux représentants européens, on peut citer l'Italien Marino (connu en France sous le nom de Cavalier Marin), l'Allemand Andreas Gryphius et les euphuistes anglais. Mais les maîtres restent le grand poète espagnol Góngora, suivi de Balthazar Gracián, qui, par l'éloge de l'ostentation et le constat d'un défaut de réalité dès lors que s'efface l'apparence, établit les droits moraux et esthétiques de l'artifice contre le naturel.
En France, le mouvement est longtemps jugé de façon péjorative, comme l'envers du classicisme. Il se concentre sous les règnes de Henri IV et de Louis XIII, avec des écrivains divers, Maurice Scève, Jean de Sponde, Théophile de Viau, Saint-Amant, Agrippa d'Aubigné, Robert Garnier, Rotrou. On peut y ajouter, pour certains aspects de leurs œuvres, Montaigne et Malherbe.