esthétique

Théorie philosophique qui se fixe pour objet de déterminer ce qui provoque chez l'homme le sentiment que quelque chose est beau.

PHILOSOPHIE

Bien que ce terme ait été employé pour la première fois par A. Baumgarten dans Aesthetica acroamatica (1750-1758), l'esthétique, au sens de discours philosophique portant sur l'art, ses relations avec le vrai et le bien, autrement dit sur sa finalité, remonte à Platon pour la tradition occidentale. Mais, depuis les travaux de B. Croce, elle tend à se développer en discipline autonome pour analyser les phénomènes des pratiques artistiques et de la jouissance des œuvres d'art.

Du Phèdre de Platon à l'Esthétique de Hegel, la tradition critique s'accorde pour voir à travers la beauté la manifestation sensible de la vérité. « Le beau se définit comme la manifestation sensible de l'idée » (Hegel). Mais, dès lors que la beauté remplit cette fonction que lui assignent les philosophies, l'art doit tomber en désuétude, car il n'est plus qu'une survivance exprimant une vérité que la religion et la science ont à énoncer. Dénoncé, par ailleurs, comme source d'illusions, l'art a néanmoins un sens. Il est en quelque sorte un discours muet dont l'esthétique profère la parole. À cet égard, celle qui se réclame des sciences humaines ne fait que renouveler les approches de phénomènes dont elle entend dégager la ou les significations. Dans cette optique, la beauté demeure la réfraction de quelque chose d'intelligible (le sens) à travers le sensible ; elle reste invitation à dépasser le sensible. Tandis que les aspects éthique et politique de la finalité de l'art conduisent un Platon et un Kant à justifier la censure, les investigations phénoménologique (Merleau-Ponty, M. Dufrenne), psychanalytique (Freud), sociologique (Adorno, P. Francastel, G. Lukács) reconduisent cette finalité du sens de l'art sans tenir compte, le plus souvent, de la critique radicale qu'en fait Nietzsche.