encadrement

Ce qui encadre, cadre d'une peinture, d'un dessin, éventuellement complété d'une plaque de verre et d'un fond.

Au xiiie s., le cadre et le support du tableau sont tout d'une pièce : le travail du menuisier consiste à creuser les panneaux de bois en laissant sur le pourtour une bordure en relief. Au siècle suivant, le sculpteur remplace le menuisier, et les éléments d'architecture qui ornaient les retables font place à des moulures décorées d'éléments sculptés.

Les peintres sont loin de considérer l'encadrement de leurs œuvres comme accessoire. En témoigne, en 1639, une lettre adressée par Poussin au commanditaire de l'un de ses tableaux : « Je vous supplie, si vous le trouvez bon, de l'orner d'un peu de corniche. […] Il serait fort à propos que ladite corniche fût dorée d'or mat tout simplement, car il s'unit très doucement avec les couleurs sans les offenser. »

En 1765, les « pâtes économiques » remplacent le bois sculpté et doré à l'or fin. Les bordures entrent dans le « commerce » et la « fabrique pour les beaux-arts ». En s'industrialisant, la fabrication des bordures s'abâtardit. Malgré l'attention toute particulière que portent les peintres aux cadres, les prix trop élevés poussent certains à n'acheter des bordures qu'au moment des expositions, et parfois même à les louer pour la durée de celles-ci.

En dépit de ces difficultés, et à côté de la production courante, marchands, collectionneurs et peintres s'attachent, dans la seconde moitié du xixe s., à donner au cadre plus qu'une simple fonction décorative. Les préraphaélites et les symbolistes redécouvrent les cadres édicules inspirés de l'encadrement architectural des retables. « Mon rêve, confie Gustave Moreau, serait de faire des iconostases, plutôt que des peintures proprement dites. » Quant à Whistler, il écrit en 1873 : « Mes cadres, que j'ai dessinés aussi soigneusement que mes tableaux… » Les impressionnistes abandonnent généralement le cadre doré et sculpté et optent pour des cadres blancs dès 1870. « La peinture que l'on place dans les cadres laqués blanc est la peinture de jeunes, jugez-la avec ménagement et bienveillance », écrira le critique Homodel en 1894.

Degas et Van Gogh portent à cette question une attention soutenue. Ce cadre, le pointilliste Seurat le « ponctue d'orangé ou de bleu » (Félix Fénéon), soulignant ainsi le problème qui sous-tend toutes les interrogations sur le cadre, celui de l'espace pictural. De Seurat, le poète et essayiste symboliste Gustave Kahn dira qu'il ornait « la toile d'une bordure répétant en taches ordonnées les sonorités du tableau, puis il peignait son cadre… En somme il détachait une partie du grand tout… Il en souffrait… Mais quoi ! Un tableau est un tableau ! » (1924).