communautarisme

Toute conception faisant prévaloir l'organisation de la société en communautés sur l'exigence d'assimilation des individus selon des règles et un modèle équivalents pour tous.

SOCIOLOGIE

Le communautarisme se distingue du « tribalisme », qui est le repli sur une communauté présentée comme faisant autorité. L’acception, nullement péjorative, désigne la nécessité de se préoccuper, au même titre que de la liberté et de l’égalité, d’une forme de solidarité qui ne soit pas artificielle ni soumise à une universalité hors de l’histoire. La justice rattachée à la sociabilité, le souhait que les individus réagissent spontanément, sans qu’il soit indispensable de revendiquer des droits : tels sont les ressorts d’un communautarisme présenté comme louable. Il a pu paraître justifié de l’instiller au sein de la République pour qu’elle connaisse une cohésion de fait, une harmonie qui n’ait pas la fragilité de ce qui est révocable par le doute, par la défiance. On arrive à une pierre d’achoppement quand une telle doctrine équivaut à une culture du reflet : reflet des traditions, reflet de la composition ethnique d’une population, reflet des préjugés d’un groupe… La communauté s’expose à être critiquée en se posant comme source de la norme, encline à l’intolérance, voire à l’intimidation et à la condamnation de la déviance.

On ne peut éluder la question de « l’être-avec », pour reprendre l’expression du philosophe français Jean-Luc Nancy, qui observe que la notion d’individu est récente, la communauté étant historiquement première. L’être-avec est à la fois premier et problématique, puisque, avec l’accent mis sur l’individu, on se demande comment « faire lien ». La mondialisation introduit un paradoxe : dans un monde qu’elle transforme, la communauté est affrontée à elle-même.

La standardisation n’empêche pas la quête d’identité de se faire jour. Les communautarismes (au pluriel) s’offrent alors en rempart de ces identités qui se perçoivent menacées. De l’idée de rempart à celle de ressentiment, le pas est souvent rapidement franchi. Dans la Maladie de l’islam (2002), Abdelwahab Meddeb évoque « l’islam, inconsolé de sa destitution ». Ce sentiment d’échec montre qu’une communauté qui n’est plus considérée comme le moteur de la modernité se crispe sur l’évocation d’un âge d’or.

Ainsi, le communautarisme devient la fusion entre une communauté et ses mythes.