art mycénien

Art qui s'est développé dans le monde achéen de 1500 à 1200 avant J.-C. et dont Mycènes a été l'un des centres avec Tirynthe et Orchomène.

ARCHÉOLOGIE

Dans l'univers des formes du monde égéen, l'art mycénien ne saurait être séparé de l'art minoen de la Crète, dont il constitue, en de nombreux domaines (céramique, orfèvrerie), une sorte de prolongement qui ne se singularise véritablement que par son architecture, expression artistique originale dont témoignent les sites de Mycènes, Tirynthe, Pylos, Argos, Midéa et Dendra.

L'architecture

Reconstruit au xiiie siècle avant J.-C. (Helladique récent, 1700-1200) sur une acropole et à l'intérieur d'une forteresse, le palais royal de Mycènes se distingue par des dimensions plus réduites et une structure plus simple que celles du palais crétois de Cnossos.

Le palais royal de Mycènes

Dans sa partie principale, il est constitué par un vaste « mégaron » rectangulaire de 11 m sur 12 m, précédé d'un vestibule, lui-même précédé d'une cour, au bout de laquelle se trouvait la salle du trône. Auprès de cet édifice royal se groupaient des bâtiments plus modestes, locaux d'habitation, ateliers et entrepôts. L'ensemble était protégé par une enceinte de murs cyclopéens percés, au nord et à l'ouest, de deux portes. À l'ouest, la porte des Lionnes (vers 1300-1200), admirablement conservée, procède dans sa partie haute d'une conception architectonique que l'on retrouve à la porte des tholoi (tombeaux à coupole) : au-dessus d'un épais linteau monolithe, un vide triangulaire a été réservé dans la muraille, comblé par un bloc moins large que le linteau et dans lequel deux lionnes, dressées héraldiquement, face à face et de part et d'autre d'une colonne, ont été sculptées. Ce bloc aux lionnes décapitées est l'un des tout premiers exemples de la sculpture monumentale en Grèce.

Les sépultures

Il existe, à Mycènes, cinq types de tombes qui, dans l'ordre chronologique, s'échelonnent approximativement de l'an 2000 à l'an 1200 avant J.-C. : les tombes à puits, les tombes à ciste (constituées par de grandes dalles juxtaposées), les tombes à fosse, les tombes à chambre et, dérivées de ces dernières, les fameux tholoi. Le tholos célèbre que l'on désigne sous le nom de « trésor d'Atrée » ou « tombeau d'Agamemnon » (appellation dépourvue de sens historique) fut construit en dehors de la forteresse. On y accède par une allée, ou dromos, de 35 m de long sur 6 m de large, creusée au flanc de la colline et bordée de deux puissants murs d'assise. La porte, surmontée d'un formidable linteau constitué par deux blocs pesant chacun 120 tonnes mais que décharge un évidement triangulaire, ouvre sur le tholos proprement dit, vaste salle funéraire de plan circulaire (13,60 m de haut pour un diamètre de 14,20 m) dont la coupole en forme de ruche est composée de 33 assises annulaires disposées en encorbellement. La chambre sépulcrale du « trésor d'Atrée » compte parmi les plus grandes salles antiques dépourvues de soutien intérieur.

L'orfèvrerie

Les objets trouvés dans les tombes à fosse, bagues en or, épingles d'argent avec décor en or, vases à reliefs (rhytons d'argent), tasses et cruches de métal, sont, pour la plupart, directement assimilables aux objets minoens. La perfection de la technique d'orfèvrerie que révèlent les bijoux mycéniens autorise à penser que des artistes crétois travaillèrent sur le continent au service des princes de Mycènes, avant qu'un art continental ne parvienne à se dégager à travers des motifs décoratifs originaux.

Découverts à l'intérieur des tombes les plus riches, les masques funéraires en or repoussé, les plaques pectorales ou les sortes de carapaces de métal précieux qui recouvraient entièrement certains squelettes d'enfants peuvent apparaître comme une production plus originale, ce type d'objet n'appartenant pas au répertoire minoen.

Le décor des armes d'apparat ou de combat (épées, poignards, pointes de lances et de flèches) placées auprès de la dépouille des seigneurs de Mycènes témoigne de la part de ces derniers d'un goût prononcé pour les scènes de guerre et les jeux violents. On ne retrouve pas ce goût dans l'art de la Crète, qui laisse peu de place à l'illustration de la violence.

La céramique

La céramique mycénienne prouve, plus encore que l'orfèvrerie, à quel point les artistes de Mycènes ont subi l'influence crétoise : même technique qui permet, en affinant l'argile avec soin, d'obtenir des vases aux parois fort minces, même décor mêlant à des lignes géométriques certains éléments stylisés empruntés à la nature. Le cratère dit Vase aux guerriers (terre cuite, environ 1200 avant J.-C., Musée national d'Athènes) est un des très rares exemples de représentation humaine dans la céramique mycénienne.