Théâtre national de Chaillot

Théâtre créé en 1975, installé au palais de Chaillot.

Édifié sur les fondations de l'ancien palais du Trocadéro à l'occasion de l'Exposition universelle de 1937, le palais de Chaillot fut conçu par les architectes Carlu, Boileau et Azéma. Il se compose de deux vastes ailes courbes qui se développent chacune sur 195 mètres de longueur, entre deux pavillons monumentaux. Au centre, une percée dégage la perspective et donne accès à une large terrasse (esplanade des Droits-de-l'Homme), du haut de laquelle s'ouvre la perspective du Champ-de-Mars avec la Seine, la tour Eiffel et l'École militaire. C’est au-dessous de la terrasse que se trouve la grande salle de spectacle rendue célèbre par le Théâtre national populaire (installé là de 1951 à 1972) et devenue le Théâtre de Chaillot.

Du Théâtre national populaire au Théâtre national de Chaillot

La façade du théâtre de Chaillot s'ouvre à l’aplomb de la terrasse, entre les contreforts nus, de neuf hautes baies rectangulaires surmontées de bas-reliefs dus aux sculpteurs Auricoste, Navarre, Grange, Michelet et Belmondo. L'aménagement du théâtre, entièrement en sous-sol, a posé un certain nombre de problèmes techniques, qui ont été résolus sans que l'unicité de l'architecture en ait souffert.

Le Théâtre national populaire de Jean Vilar constitua la grande aventure théâtrale de l'après-guerre. Ses mises en scène, caractérisées par la sobriété des décors et l'importance des costumes et des lumières, attirèrent un public nombreux et enthousiaste, qui se pressait pour venir découvrir de jeunes acteurs passionnés, tels Gérard Philipe, Philippe Noiret et Jeanne Moreau.

Lorsque Jean Vilar quitta le TNP en 1963, la direction en fut confiée à Georges Wilson (1963-1972), puis à Jack Lang, qui fit détruire la grande salle pour la transformer en un espace aux structures mobiles afin de permettre aux créateurs de jouer de l'espace aussi librement que possible grâce à un équipement sophistiqué ; le TNP devint alors Théâtre national de Chaillot (1975).

C'est André-Louis Périnetti qui inaugura les nouvelles structures, mais sans en utiliser les possibilités. Lorsque Antoine Vitez prit la direction du théâtre, en 1981, il essaya de créer un nouveau rapport scène-salle, mais il y renonça assez rapidement et demanda au scénographe Yannis Kokkos de rétablir un théâtre traditionnel (rangées de gradins face à la scène). Une petite salle d'essai de 520 places avait par ailleurs été aménagée en 1966, sous le nom de salle Gémier.

La salle de spectacle, dessinée à l'origine par les frères Niermans, n'est plus, mais vestibules, galeries, foyers et escaliers sont toujours entièrement revêtus de marbres et de pierres polies dont la richesse fait valoir les lignes épurées de l'architecture. Pour la décoration, une place très importante a été réservée à la peinture dont on trouve ici le plus important ensemble contemporain, auquel ont été appelés à collaborer la plupart des artistes en renom : Maurice Denis et son groupe à l'entrée ; Billotey, Narbonne, Souverbie et Marchand pour les grands escaliers ; Brianchon, Chapelain-Midy, Oudot et Planson pour l'un des deux vestibules des Quatre-Colonnes ; Boussingault, Céria, Dufrène et Luc-Albert Moreau pour l'autre ; Othon Friesz et Raoul Dufy pour le bar-fumoir ; de Waroquier et Charlemagne pour les balcons ; Vuillard, Roussel et Bonnard pour les galeries d'orchestre ; enfin, Jaulmes pour le foyer principal, vaste galerie de 88 m, dont les hautes fenêtres s'ouvrent sur la perspective du Champ-de-Mars.