Vallée des Rois

Thèbes
Thèbes

Site archéologique d'Égypte, en face de Louqsor, sur la rive ouest du Nil, derrière Deir el-Bahari.

Le site

Sur la rive opposée de l'ancienne Thèbes, la montagne thébaine qui forme, vue du Nil, une puissante barrière aux parois abruptes, masque un réseau de vallées escarpées et désertes, s'ouvrant dans la chaîne libyque au nord-ouest du temple de Gournah. La vallée des Rois (en arabe Biban el-Molouk) abrite les hypogées de presque tous les souverains des dynasties thébaines (xviiie-xxe s.) ; elle comprend une soixantaine de tombes, dont celles de Seti Ier, Horemheb, Toutankhamon, Thoutmosis Ier, III, et IV, Ramsès III, Aménophis II et III, etc.

La nécropole tout entière a été violée dès l'époque pharaonique ; mais ce n'est guère qu'à partir de l'époque ptolémaïque que quelques-uns des hypogées restèrent ouverts à tout venant : outre le témoignage des auteurs classiques, nous en avons la preuve par les inscriptions gravées sur les parois intérieures de plusieurs d'entre eux. Dès l'Antiquité, ces tombeaux étaient l'objet d'une grande curiosité de la part des étrangers de passage qui s'y rendaient accompagnés de guides, comme le font les touristes modernes.

L'expédition de Napoléon Bonaparte trouva le tombeau d'Aménophis III ; un peu plus tard, celui de Seti Ier fut ouvert par l’Italien Giovanni Battista Belzoni. Dans les dernières années du xixe s., Jean Loret découvrit ceux d'Aménophis II et de Thoutmôsis III. Pendant plusieurs années un Américain, Theodore Davis, en ouvrit d'autres, contenant parfois de riches mobiliers : Thoutmôsis Ier et Hatshepsout, Thoutmôsis IV, etc. Enfin, lord Carnarvon, assisté de Howard Carter, entreprit les recherches qui conduisirent à la découverte du tombeau de Toutankhamon, en 1922.

Les tombes royales

Les tombes royales diffèrent des tombes civiles, non seulement par leurs dimensions et l'abondance de leur décoration, mais encore, et c'est là l'essentiel, par le caractère même de leur destination et par la nature des scènes et des légendes qui les ornent. La tombe memphite comprenait deux parties essentielles : un caveau et une chapelle. Ces deux éléments, réunis à nouveau dans les tombes civiles, sont scindés dans les tombes royales du Nouvel Empire.

Les thèmes décoratifs

Tandis que les scènes se rapportant à la vie terrestre du défunt, aux offrandes qui lui étaient dues, figurent sur les parois du temple funéraire, l'hypogée ne comporte que les scènes et légendes mythologiques relatives à la survie de l'âme royale. De là ces étranges représentations du monde infernal qui offrent le plus saisissant contraste avec les riantes images de la vie réelle représentées dans les tombes des particuliers. Ces scènes sont la reproduction intégrale ou abrégée de plusieurs livres, de rédaction plus ou moins ancienne et plus ou moins homogène. Quatre d'entre eux paraissent avoir été de préférence mis à contribution :

– Les Litanies du Soleil, qui ont leur place dans les premières sections du corridor et qui sont comme l'introduction des tombeaux, donnent la description du dieu , de sa nature, de ses qualités, de ses attributs et de ses transformations ; il est indispensable au roi de les connaître et d'en faire l'invocation afin de se confondre, dans l'au-delà, avec Rê.

– Le Livre de l'Ouverture de la Bouche, qui décrit le rite à accomplir pour donner à la momie et aux statues-supports du Double le pouvoir de recevoir l'offrande et de s'en nourrir ; cette cérémonie était la cérémonie essentielle des funérailles.

– Le Livre de ce qu'il y a dans l'Hadès et le Livre des Portes, qui paraissent le mieux répondre à l'idée dominante, à savoir l'identification du Roi avec le Soleil, et l'association de sa destinée à celle du dieu Rê, et qui nous retracent avec de minutieux détails les péripéties par lesquelles passe le Soleil (et le roi et sa suite), une fois entré dans le monde nocturne.

Évolution de la structure et de la décoration des tombes

Le plan des tombeaux de la XVIIIe dynastie montre deux groupes de chambres se coupant à angle droit, ou presque, et séparés par un puits carré très profond. S'il y a encore quelquefois un décrochement dans l'axe des tombeaux à la XIXe dynastie et même à la XXe, on peut constater cependant que presque tous tendent vers une ligne rigoureusement droite.

On note aussi une forme différente des sarcophages, suivant l'époque. À la XVIIIe dynastie, le sarcophage est une cuve aux coins arrondis ; mais les derniers souverains de cette époque, dont Toutankhamon, sont ensevelis dans un grand sarcophage rectangulaire, avec les quatre déesses funéraires étendant les bras aux quatre angles. À partir de la XIXe dynastie, le sarcophage prend la forme, très stylisée, de la momie qu'il renferme.

Enfin, on peut remarquer que le travail de la décoration des tombes perd en qualité à mesure que l'on avance dans le temps. Les traits nets et précis des premiers tombeaux deviennent moins accentués plus tard. À partir de Ramsès IV, la qualité décorative continue de décroître : ce n'est plus dans la pierre mais sur un stuc facile à tailler que sont gravés les tableaux et hiéroglyphes avant d'être peints d'une main hâtive.