Quetzalcóatl ou Serpent à plumes

Nom aztèque d'une divinité précolombienne et d'un héros légendaire.

Dans la langue nahuatl, ce nom est un jeu de mots sacré, quetzal signifiant « oiseau », « volant » ou « précieux » et cóatl, « serpent » ou « jumeau ». Ainsi quetzalcóatl pourrait signifier « oiseau-serpent », « serpent précieux », « jumeau précieux » ou « jumeau volant ». Des noms équivalents existent dans d'autres langues méso-américaines.

D'après les légendes recueillies au xvie siècle, Quetzalcóatl était à la fois un sorcier, un roi et un prêtre qui gouverna la cité toltèque de Tula au xie siècle. Les mythes postérieurs à la conquête de l'Amérique le relient aux héros d'autres cultures, d'autres lieux et d'autres époques en Méso-Amérique, probablement parce que Quetzalcóatl était un titre sacerdotal répandu et non un nom propre.

Ce personnage partage de nombreuses caractéristiques avec d'autres êtres archétypaux (de par sa naissance d'une mère vierge, par exemple), mais il reste un symbole propre à l'idéologie mexicaine.

Il inventa le calendrier, les arts et les techniques de l'agriculture. Son peuple était riche et puissant. En tant que dieu, il présidait aux cycles du temps (à cause de son association avec la planète Vénus, qui aurait été une planète jumelle), au climat pour la culture du maïs (en tant que divinité des vents d'été) ainsi qu'à l'aube et au crépuscule. Il recréa l'homme après le premier déluge à partir d'ossements humains divers mêlés avec son sang divin. Ainsi, le squelette était perçu par les Mexicains comme symbole de vie et de renouveau plutôt que symbole de mort.

L'incarnation principale de Quetzalcóatl était celle du serpent à plumes – un serpent à sonnettes recouvert de magnifiques plumes vertes de quetzal. Sous sa forme humaine, il portait un masque à bec d'oiseau avec des lèvres soufflant le vent, ou bien sa tête était un crâne, l'os de la renaissance. Sa peau était pâle. Sa représentation était revêtue d'une carapace de forme hélicoïdale en guise de plastron (symbole de trombe), d'un chapeau en forme de cône tronqué recouvert d'une peau de jaguar (représentant l'enchanteur), de boucles d'oreilles en coquillage (symboles de son voyage dans les enfers océaniques), d'un pagne à la pointe arrondie (symbole de fertilité) et enfin d'un masque d'oiseau (symbolisant l'air).

Sage et bienfaisant, Quetzalcóatl représentait un souverain urbain et civilisé par opposition aux êtres sauvages, belliqueux et malveillants. Comme Noé, il découvrit les plaisirs de l'alcool (la bière de maguey, sorte d'agave ou pulque). Ivre, il commit le péché de chair et les autres dieux l'exilèrent dans les enfers océaniques.

Les anciens Mexicains attendaient son retour des enfers. Aussi, lorsqu'en 1519 Cortès débarqua en Amérique, les Aztèques pensèrent qu'il était Quetzalcóatl. Après la conquête, Quetzalcóatl fut parfois assimilé à Jésus-Christ ou à saint Thomas, dans une sorte de syncrétisme associant les mythes religieux précolombiens et le christianisme. Il est aujourd'hui intégré dans les rituels des solstices et des équinoxes ainsi que dans certaines cérémonies chrétiennes, telles que Pâques.

Devenu le symbole collectif d'une société séculaire et d'événements historiques sacrés, Quetzalcóatl reste aujourd'hui au cœur de l'imaginaire national des Mexicains, pour qui ses légendes et la cité de Tula sont l'équivalent de ce que représentent dans la culture occidentale les épopées d'Homère et la ville de Troie. De magnifiques fragments de ces légendes ont été conservés dans les écrits de l'époque coloniale.