Ligue française de l'enseignement et de l'éducation permanente (LFEEP)

La Ligue de l'enseignement (devenue en 1966 la Ligue française de l'enseignement et de l'éducation permanente) est une confédération de près de 40 000 associations, regroupant environ 2 500 000 adhérents (dont 1 600 000 jeunes de moins de seize ans).

À l'origine ancrée dans le milieu scolaire et périscolaire, elle a beaucoup diversifié ses activités et s'intéresse aujourd'hui à l'économie sociale, à l'action culturelle, au monde de la communication, ses points forts demeurant les associations sportives, les ciné-clubs, le secteur des vacances.

La Ligue est organisée en fédérations départementales encadrées par environ 500 enseignants détachés de l'Éducation nationale (ou mis à disposition) et emploie plusieurs milliers de salariés. Elle se veut une organisation laïque – la laïcité reste un élément essentiel de son identité – et prétend contribuer à l'animation du débat public dans le pays, sans se confondre avec les partis politiques : les Cercles Condorcet qu'elle a créés en 1987 ont produit quantité d'analyses de fond sur de grands sujets de société (bioéthique, droits de l'homme, sous-développement, phénomènes religieux, etc.) et fonctionnent comme des pôles de délibération citoyenne.

Histoire

De 1866 à 1914

La Ligue est aussi la plus ancienne organisation d'éducation populaire encore vivante. L'idée en a été lancée par Jean Macé en 1866, moment où l'instruction du peuple apparaissait à de nombreuses personnes comme la clé du progrès collectif ; en 1871, la Ligue, par une pétition en faveur d'une école « obligatoire, gratuite et laïque » qui recueillit près d'un million de signatures, a d'ailleurs contribué à faire naître l'école de Jules Ferry. En 1881, elle s'organise, devenant la Ligue française de l'enseignement, qui tiendra des congrès annuels où seront discutées de nombreuses questions, destinées notamment à soutenir et à améliorer l'école laïque. À la fin du siècle sont lancées les œuvres péri- et postscolaires (patronages laïques, mutualités scolaires, etc.) destinées à protéger l'école laïque contre ses adversaires. Anticléricale, la Ligue prend toute sa part au combat des « deux France » qui conduit à la séparation des Églises et de l'État (1905), elle attaque violemment les « cléricaux » et l'enseignement congréganiste.

De 1918 à 1942

Ayant participé à l'« Union sacrée », elle se relève difficilement de la guerre de 1914-1918, et renaît à partir de 1925-1926, sous la forme de la Confédération générale des œuvres laïques. À ce moment, la Ligue s'organise en Fédérations d'œuvres laïques (FOL) dans chaque département, et au plan national en secteurs techniques spécialisés, les Unions fédérales d'œuvres (UFO) ; ainsi naissent en 1928 l'UFOLEP pour l'éducation physique, en 1934 l'UFOLEA pour l'éducation artistique (théâtre, chant…) et l'UFOVAL pour les colonies de vacances, en 1935 l'UFOCEL pour le cinéma (devenu ensuite l'UFOLEIS). Soutenue par le Front Populaire, la Ligue sera réprimée par le gouvernement de Vichy et interdite en 1942.

De 1942 à nos jours

Reconstituée à la Libération, la Ligue aura, au cours des décennies ultérieures, essentiellement à s'adapter au déclin de la guerre des deux France, écartelée entre une querelle scolaire toujours vive, l'évolution de nombreux milieux catholiques et les mutations de l'éducation populaire (rôle croissant de l'État, montée des équipements, fièvre de l'animation dans les années 1960-1970). Ces facteurs vont faire évoluer profondément la laïcité. Membre fondateur du Comité national d'action laïque (CNAL, 1953) aux côtés des syndicats d'enseignants et des parents d'élèves, la Ligue reproduira d'abord les réflexes anticléricaux classiques attisés par le contexte de guerre scolaire. Depuis 1984 et l'échec du projet d'unification scolaire, le ton a changé et la laïcité n'est plus présentée de la même manière : sans renier sa filiation aux valeurs fondatrices, la Ligue pense son action dans un espace pluraliste de débats où toutes les religions (y compris l'islam) ont leur place.