Gournah ou Gourneh
Village et site archéologique d'Égypte, près de Louxor, sur la rive thébaine du Nil.
La nécropole
La nécropole est essentiellement le cimetière des hauts fonctionnaires thébains de la XVIIIe dynastie : préfets, gouverneurs de villes, scribes royaux, capitaines, etc. Les portes des tombeaux, surmontées d'un pyramidon, et tournées vers l'est, ouvrent sur un vestibule, plus large que profond, aux deux extrémités duquel les deux petites parois sont recouvertes d'une stèle, l'une purement funéraire, l'autre avec un caractère biographique plus marqué, où est représenté le cursus honorum du défunt. Les autres parois le représentent dans l'exercice de ses fonctions ou de ses loisirs. Un couloir s'ouvrant dans l'axe de la porte d'entrée mène à une niche où se trouvent les statues du défunt et de sa famille ; les parois du couloir sont consacrées à la représentation de la cérémonie des funérailles et du festin funèbre.
Le temple de Gournah
Ce monument, dédié à Amon-Rê de Thèbes, est le temple funéraire du pharaon Séthi Ier, commencé de son vivant et achevé par son fils et successeur, Ramsès II. Les deux cours dont il était précédé étant totalement ruinées, il se présente aujourd'hui comme un portique de 50 m de largeur soutenu par neuf colonnes à fût fasciculé et chapiteau papyriforme, donnant accès au temple lui-même. Les bas-reliefs qui décorent l'intérieur du portique représentent Séthi et Ramsès rendant hommage à la triade thébaine (Amon, Mout et Khonsou) et à plusieurs autres divinités. Le soubassement est décoré d'une double procession de dieux du Nil, alternativement masculins et féminins, apportant à Ramsès les produits des nomes du Nord et du Sud qu'ils représentent.
L'intérieur du temple, obéit à une division tripartite, la partie centrale étant consacrée à Amon et au roi Séthi, la partie Sud à Amon et à Ramsès Ier (père de Séthi), et la partie Nord à Rê et à Ramsès II.
Gournah el-Jadida (« Nouvelle-Gournah »)
La construction de ce village, aujourd'hui en grande partie délabré, avait été regardée en son temps comme une étape historique dans la recherche de solutions aux problèmes du logement dans les pays du tiers-monde.
Envisagée dès les années 1930 pour reloger les habitants de Gournah dont on projetait de démolir les maisons dispersées dans la nécropole, la construction du village commença en 1945 mais fut peu après interrompue à la suite des difficultés rencontrées par son promoteur, l'architecte Hasan Fathy, parmi lesquelles l'hostilité des bureaucrates, l'obscurantisme paysan et les réticences devant la perspective d'une perte de revenus (car la dispersion des habitations facilitait le pillage des tombes par les habitants du lieu) ne furent pas les moindres. Resté inachevé, endommagé par une crue du Nil, le village livré à l'abandon a peu à peu été squatterisé.
Bien qu'elle se soit soldée par un échec, cette expérience demeure riche d'enseignements tant sur le plan de l'architecture et de l'urbanisme que sur le plan culturel et humain. Pour la première fois, en effet, un architecte, refusant l'importation – aussi coûteuse qu'inadaptée – de modèles étrangers, se préoccupait du mode de vie des personnes qu'il avait à loger et, adoptant une attitude résolument écologique, s'inspirait de l'architecture vernaculaire pour proposer un type d'habitat aussi approprié aux besoins qu'aux contraintes locales en matière de construction (main d'œuvre, matériaux, etc.). Réhabilitant l'emploi de la brique crue, Hasan Fathy retrouva le mode de construction des « voûtes nubiennes » (les arcs sont constitués de lits de briques posés en oblique, ce qui ne nécessite aucun coffrage), et l'usage de cheminées d'aération (maqlaf) associées à des claustra pour assurer une ventilation naturelle. Utilisant le savoir-faire de paysans-maçons locaux, il proposait un mode de construction plus facile à mettre en œuvre, infiniment peu cher, pour un résultat plus confortable.