domaine royal de Drottningholm

Résidence royale de Suède, située une île du lac Mälar (l'île de la Reine). L'ensemble composé du château, du théâtre (1766), du pavillon chinois (1769) et des jardins a été inscrit en 1991 sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

Drottningholm, qui s'appelait alors Torvesund, faisait partie du domaine royal à l'époque de Gustave Vasa ; c'est en l'honneur de Catherine Jagellon que Jean III Vasa fit élever le premier château, qui prit le nom de Drottningholm ; il existait encore au milieu du xviie s. Il était cependant sorti du domaine royal et, en 1660, appartenait à Magnus Gabriel de La Gardie, qui le vendit à la reine douairière Hedvig-Eleonora. Peu après, le château brûla. Connue pour son goût raffiné, Hedvige Eleonora confia à l'architecte Nicodemus Tessin l'Ancien la charge d'édifier une nouvelle résidence : le corps central, les ailes, et les galeries étaient construites à la mort de l'architecte, en 1681, dans une élégante synthèse d'éléments Renaissance et baroques. L'œuvre fut continuée par son fils Nicodemus le Jeune qui, de 1695 à 1700, bâtit la tour Nord et créa les aménagements intérieurs, les grandes terrasses et le jardin à la française. Par la suite, le château fut donné en présent de mariage à la princesse héritière Lovisa Ulrika qui s'apprêtait à épouser Adolf Friedrich, futur roi Adolphe Frédéric. sœur de Frédéric de Prusse, elle fut la mère de Gustave III et devint l'une des reines les plus marquantes de l'histoire de la Suède. Une période éclatante commença pour Drottningholm, qui allait durer jusqu'en 1777. Lovisa Ulrika fit appel à Carl Harleman, qui, entre 1740 et 1760, construisit ou aménagea de nouveaux appartements en style rococo, en particulier les appartements privés de la reine qui devaient abriter sa bibliothèque, sa galerie de tableaux et ses collections scientifiques.

C'est avec Gustave III que Drottningholm connut ses jours les plus brillants, lorsque le roi faisait alterner les représentations théâtrales, les fêtes dans le parc et les réceptions données en l'honneur d'artistes ou de savants. Cependant, en 1777, Gustave fut contraint de laisser l'État acheter le château, les collections et le mobilier de Lovisa-Ulrika.

Au cours du xixe s., et bien qu'Oscar Ier l'eût fait restaurer, Drottningholm cessa de servir de résidence jusqu'au règne de Gustave V. Les souverains actuels y résident à nouveau.

L'OPÉRA ROYAL

L'opéra royal de Drottningholm, chef-d'œuvre de l'architecture baroque suédoise, fut inauguré en 1766. Après l'incendie qui avait détruit le théâtre précédent au cours d'une représentation, Lovisa Ulrika avait fait appel pour le reconstruire à l'un des premiers architectes du temps, Carl  Fredrik Adelcrantz (1716 - 1796). La salle connut ses plus belles heures à partir de 1767, lorsque Gustave III s'installa au château et que furent organisées en sa présence de nombreuses représentations théâtrales et musicales. Dès sa fondation, en 1773, l'Opéra suédois se transportait chaque été à Drottningholm. Dans les années 1780, une troupe française animée par Boutet de Montvel donna une série de représentations qui firent date dans l'histoire du théâtre en Suède, le programme allant des chefs-d'œuvre du répertoire classique aux drames bourgeois alors à la mode, aux pantomimes, aux ballets et aux opéras-comiques. Après le roi y fut assassiné au cours d'un bal masqué, en 1792, le théâtre fut de moins en moins souvent utilisé et, plus ou moins laissé à l'abandon, ferma définitivement en 1800. Il fallut attendre 1920 pour qu'on entreprît de le remettre en état (machineries et éclairages principalement) afin de pouvoir y donner à nouveau des représentations, dont la première eut lieu en 1922, après une interruption de cent vingt-deux ans.

Le théâtre de Drottningholm – où personnel et musiciens portent un costume qui avait été dessiné pour une soirée de gala en l'honneur de Gustave III – est aujourd'hui un des hauts lieux de la musique et de l'opéra baroque dans le monde, les plus grands artistes de renommée internationale s'y succèdent et, dans le cadre du festival annuel de musique de Stockholm, on y donne chaque été des opéras et des ballets de Purcell, de Haendel, de Haydn, de Gluck ou de Mozart.