Consistoire israélite

Alors que le mot consistoire désigne, dans l'Église catholique, l'assemblée des cardinaux et, dans les Églises protestantes, la réunion des « anciens » autour du pasteur, il désigne, dans le judaïsme, une institution nouvelle, d'origine française.

Union des associations consistoriales israélites de France et d'Algérie, c'est ce nom que porte, depuis 1905, l'organisme représentatif des communautés juives ; on le désigne généralement sous son nom originel, le Consistoire central, qui date de l'époque napoléonienne. C'est en effet Napoléon Ier qui organisa en 1808 le judaïsme français en dotant le culte israélite d'un statut, tout comme il l'avait fait en 1803 et 1804 pour les catholiques et les protestants. Dans chaque département où résidaient plus de 2 000 juifs (ou, à défaut, dans chaque groupe de départements), fut créée une circonscription consistoriale administrée par un consistoire local.

La Révolution de 1789, en proclamant la liberté religieuse, s'était efforcée de briser les liens qui pouvaient constituer une entorse aux libertés religieuses. Les mesures prises, qui concernaient au premier chef les ordres religieux catholiques, entraînèrent de profondes modifications dans l'équilibre des communautés juives traditionnelles. Aussi, nombreux furent les juifs qui demandèrent un statut officiel de reconnaissance, analogue aux accords de concordat des Églises catholique (1801) et protestante (1802). Napoléon Ier, désireux d'avoir un moyen de contrôler l'évolution de ces communautés juives, proposa en 1806 un statut, lequel ne fut promulgué qu'en 1808. Ainsi naquirent les consistoires régionaux et à leur tête le Grand consistoire (siégeant à Paris), assemblées formées de laïcs et de grands rabbins, et chargées de régir la vie des communautés juives. Cette mesure de reconnaissance des structures religieuses fut appréciée par les intéressés. Mais, en même temps, et pour la première fois dans l'histoire de la dispersion juive (diaspora), l'autorité n'était plus dans les mains du rabbin, mais dans celles du délégué d'une organisation centrale.

Les conquêtes napoléoniennes étendirent cette réforme à de nombreux pays d'Europe occidentale. La structure subsista et se démocratisa peu à peu.

En France, la séparation de l'Église (à savoir de tous les cultes) et de l'État, en 1905, signifia la fin des statuts de concordat. Par la suite, l'afflux des réfugiés d'Europe orientale, d'abord réticents à cette institution d'un type nouveau pour eux, en diminua l'autorité sur les différentes communautés. Cependant le rôle courageux et glorieux du Consistoire de France pendant la guerre de 1939-1945 accrut considérablement son prestige. De plus, l'arrivée des réfugiés d'Afrique du Nord, notamment après la fin de la guerre d'Algérie (1962), donne actuellement aux consistoires une place très importante dans la vie judaïque et nationale.