Astérix

Héros de bande dessinée, imaginé en 1959 par le scénariste René Goscinny et le dessinateur Albert Uderzo, pour l'hebdomadaire Pilote : les aventures d'un petit guerrier gaulois qui met en perspective les stéréotypes nationaux.

Naissance d’une légende

En 1959, René Goscinny et Albert Uderzo participent à la création d’un nouveau magazine de bandes dessinées pour les enfants : Pilote. Désireux de donner vie à un nouveau héros pour accompagner cette aventure éditoriale, ils se consacrent d’abord à une adaptation du Roman de Renart. Toutefois, lorsqu’ils apprennent qu’un autre auteur y travaille déjà, ils cherchent d’autres sources d’inspiration dans l’histoire de France. Très vite, ils jettent leur dévolu sur l’Antiquité, sur « nos ancêtres les Gaulois », et, en deux heures seulement, établissent les bases d’une série qui deviendra l'un des plus grands succès de la bande dessinée mondiale.

Dans un premier temps, Albert Uderzo, le dessinateur, imagine un personnage plutôt grand et fort, archétype du héros d’aventures. René Goscinny, scénariste qui a déjà plusieurs dizaines d’histoires et de personnages à son actif, préfère conférer au Gaulois un physique plus inhabituel : petit et pourvu d’un gros nez, caractéristique qui le dote d’un caractère drôle et sympathique, il doit donc faire appel à d’autres ressources que son unique force physique.

Le petit monde d’Astérix

Astérix, dont le nom est un des nombreux jeux de mots qui émaillent la nouvelle série, est né. Ses premières aventures paraissent dans Pilote à partir d'octobre 1959, et le premier album, Astérix le Gaulois, paraît en 1961. Cette histoire initiale contient déjà en grande partie les ingrédients qui feront le succès de la série : un village d’irréductibles Gaulois qui résistent encore et toujours à l’envahisseur romain, un druide, Panoramix, détenteur du secret d’une potion magique qui confère à ceux qui en consomment une force surhumaine, et un gentil colosse, Obélix, qui devient rapidement l’inséparable compagnon d’Astérix. Le duo se change en trio lors de la cinquième aventure, le Tour de Gaule (1965), avec l’apparition d’un petit chien, Idéfix, dont le nom est proposé par les lecteurs de Pilote. Astérix, Obélix et Idéfix, tout au long de leurs trente-quatre aventures, arpenteront alternativement la Gaule et différentes régions du monde (Astérix et Cléopâtre, 1965 ; Astérix chez les Bretons, 1966 ; Astérix chez les Helvètes, 1971 ; Astérix chez Rahàzade, 1987).

Sous la plume de Goscinny, les jeux de mots, les proverbes et les calembours s’enchaînent, aussi bien dans les noms des personnages (Assurancetourix, le barde ; Agecanonix, le doyen du village) que dans les locutions latines, qu’il reprend ou déforme (« Vae victis, comme disait l’autre, mon vieux ») ou à travers des expressions qu’il crée de toutes pièces et qui font date (« Ils sont fous, ces Romains ! »). Avec son pinceau, Uderzo dote ses personnages d’un trait dynamique, humoristique (notamment à travers les « gros nez ») et truffe les histoires de références à des personnalités (en caricaturant des acteurs – Jean Gabin, Raimu –, des chanteurs – Annie Cordy – ou des auteurs de bande dessinée, à commencer par Goscinny et lui-même !) ainsi qu'à des œuvres classiques de la peinture (le Radeau de la Méduse, de Géricault) ou de la sculpture (le Penseur, de Rodin).

Après vingt-quatre albums édités par les Éditions Dargaud, Astérix a été, après le décès de René Goscinny en 1977, poursuivi par Albert Uderzo à travers les Éditions Albert-René, expérience d’autoédition que les deux auteurs voulaient tenter depuis longtemps. Uderzo a alors composé seul les aventures du trio gaulois, entre le Grand Fossé (1980) et l’Anniversaire d’Astérix et Obélix, le livre d’or (2009).

Bien plus qu’un simple héros de papier

L’incroyable succès d’Astérix (dont les albums ont déjà été vendus à 325 millions d’exemplaires de par le monde, et traduits en 107 langues et dialectes) ne s’est pas cantonné à l’univers du livre. Après une aventure spatiale – le premier satellite français, lancé en 1965, porte le nom du petit Gaulois –, Astérix a envahi le grand écran, aussi bien sous la forme de dessins animés (d'Astérix le Gaulois, de René Goscinny et Albert Uderzo [1967] à Astérix et les Vikings, de Stefan Fjeldmark et Jesper Moller [2006]) que de films (Astérix et Obélix contre César, de Claude Zidi, 1999 ; Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, d'Alain Chabat, 2002, troisième plus grand succès du cinéma français [23 millions de spectateurs en Europe] ; Astérix aux jeux Olympiques, de Frédéric Forestier et Thomas Langmann, 2008 [16 millions de spectateurs en Europe]).

Grâce à leurs héros liés par l’amitié et l’humour, René Goscinny et Albert Uderzo ont su conquérir le lectorat français puis international par de fréquents recours à des jeux verbaux, des gags visuels, des anachronismes, des décalages et des stéréotypes toujours justes et attendrissants. Par-delà les remous éditoriaux qui ont à plusieurs reprises alimenté la chronique, Astérix reste l’un des plus célèbres personnages de la bande dessinée mondiale. Son succès toujours actuel n’est pas tant dû au parc d’attractions qui porte son nom depuis 1989 qu’au nombre toujours plus important de ses lecteurs.