Armée zapatiste de libération nationale

en espagnol Ejercito zapatista de liberación nacional

Mouvement insurrectionnel politico-militaire mexicain.

L'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN selon le sigle espagnol) est apparue le 31 décembre 1993 dans la forêt lacandone, dans l'État du Chiapas, dans le sud du Mexique. Elle tire son nom du révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata, assassiné en 1919, dont elle reprend de nombreux traits du programme politique : réforme agraire radicale ; redistribution des terres ; respect par l'État de l'organisation communautaire des paysans.

L'apparition de l'EZLN

Dès sa première Déclaration de la jungle lacandone, le 31 décembre 1993, la veille de l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), l'EZLN se fixe pour but de « défaire l'armée fédérale mexicaine » et de permettre aux populations des régions libérées « d'élire, de façon libre et démocratique, leurs propres autorités administratives ». Son programme politique, présenté par son porte-parole, le sous-commandant Marcos, comporte onze points : « Le travail, la terre, un toit, l'alimentation, la santé, l'éducation, l'indépendance, la liberté, la démocratie, la justice et la paix. »

Une situation bloquée

Le 12 janvier 1994, le président mexicain, Carlos Salinas de Gortari, annonça un cessez-le-feu unilatéral, violé dès les jours suivants par les troupes fédérales. Une commission de conciliation fut alors constituée, qui échoua à trouver un compromis, tandis que l'armée se montrait incapable de vaincre militairement l'EZLN et que le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) connaissait une crise majeure, avec l'assassinat de Luis Donaldo Colosio, son candidat à la présidence de l'État.

En décembre 1994, l'EZLN occupait trente-huit communes de la région de San Cristobal de Las Casas ; le nouveau président mexicain, Ernesto Zedillo, issu du PRI, reconnut alors la Commission nationale de médiation, présidée par l'évêque de San Cristobal, Mgr Samuel Ruiz. Cependant, cette dernière instance ne parvint pas plus à résoudre les problèmes du Chiapas, et, en 1995, l'EZLN appela à la création d'un vaste front de libération nationale regroupant toutes les forces politiques et sociales opposées au PRI. L'EZLN apparut alors comme un mouvement politique de type nouveau, qui prenait les armes non pour s'emparer du pouvoir mais pour susciter un mouvement d'opposition crédible à l'échelle de son pays ; en outre, l'EZLN chercha à étendre son exemple en appelant, en janvier 1996, à une lutte internationale contre le néolibéralisme, qui culmina avec la « Ire rencontre intercontinentale pour l'humanité et contre le néolibéralisme », tenue à Aguascalientes, dans le Chiapas, en juillet-août 1996, à laquelle participèrent notamment de nombreux essayistes et intellectuels occidentaux. Cependant, la situation politique mexicaine ne se trouvait pas profondément modifiée : le PRI conservait le pouvoir tandis que de nouveaux mouvements de guérilla (Armée populaire révolutionnaire) apparaissaient, contestant fortement la ligne politique de l'EZLN. À la fin des années 1990, le sous-commandant Marcos jugeait que l'activité de l'EZLN avait permis à la « société civile » mexicaine de constituer un nouveau pôle politique, mais il constatait dans le même temps que les liens de celui-ci avec son organisation se distendaient.

Une nouvelle politique

Alliant des moyens techniques très contrastés – un armement désuet mais une utilisation intensive d'Internet –, l'EZLN, grâce en outre aux messages parfois lyriques de son porte-parole, a donné une nouvelle image des mouvements de guérilla latino-américains, privilégiant la communication voire la médiatisation au détriment de la clandestinité et de la recherche de l'efficacité militaire.

L'ensemble des déclarations officielles de l'EZLN a été publié sous le titre Ya Basta !.