Acadiens

On désigne par Acadiens les francophones de la façade atlantique du Canada, descendants des premiers Français implantés dans l'ancienne Acadie (aujourd'hui Nouvelle-Écosse) d'où ils furent chassés et déportés en 1755 par les Britanniques.

HISTOIRE

C'est en 1524, que le navigateur Giovanni de Verrazano, longeant le littoral du Canada oriental, donna le nom d'Arcadie à cette région, nom plus tard déformé en Acadie. En 1604, Pierre du Gast, sieur de Monts, et Samuel de Champlain fondèrent, en bordure de la baie Française (actuelle baie de Fundy), le premier établissement en Amérique du Nord : Port-Royal. En 1631, Charles de la Tour fonda une colonie autour du fort Saint-Jean, et quelques centaines d'immigrants venus de France s'installèrent en Acadie durant le xviie siècle. Mais, sujette aux attaques incessantes des Anglais de Boston qui l'occupèrent à plusieurs reprises (1613-1632 ; 1654-1667), abandonnée de surcroît par la France, qui avait opté pour Québec et le Saint-Laurent, la petite colonie eut du mal à survivre. Les Acadiens, cependant, s'accrochèrent en divers points de la côte (Chipoudi, Miscou). En 1710, le fort de Port-Royal dut capituler devant les troupes britanniques. Au traité d'Utrecht en 1713, la France céda l'Acadie à l'Angleterre, qui lui donna le nom de Nouvelle-Écosse. La France conserva néanmoins l'île Royale (île du Cap-Breton) et l'île Saint-Jean (île du Prince-Édouard), tandis que les territoires situés au nord de la baie de Fundy (aujourd'hui Nouveau-Brunswick) firent l'objet d'une controverse et furent occupés de fait par les colons acadiens, qui renforcèrent les défenses de Saint-Jean et créèrent une série de forts dans l'isthme de Chignecto (Beauséjour et Gaspareau).

En 1746, la Nouvelle-France tenta en vain de reprendre les territoires, tandis que les Acadiens restés en Nouvelle-Écosse refusaient de prêter le serment d'allégeance à la Couronne britannique et se déclaraient « neutres ». Mais le climat d'hostilité entre la France et la Grande-Bretagne rendit leur situation de plus en plus difficile. Pressés de choisir leur camp, les Acadiens s'obstinèrent dans leur volonté de ne pas prendre parti. Le 2 septembre 1755, devant l'imminence d'une nouvelle guerre et dans le but de s'accaparer de leurs terres, le gouverneur Charles Lawrence et son conseil décidèrent d'expulser toute la colonie acadienne. Cet exode ou « Grand Dérangement » allait se poursuivre durant toute la guerre de Sept Ans et affecter, au fur et à mesure de l'avancée des troupes britanniques, la totalité de la population francophone des régions maritimes (entre 13 000 et 15 000 personnes). Rassemblées dans les églises et les forts, les familles furent transportées par bateau et dispersées dans les États de la Nouvelle-Angleterre. Certaines furent ramenées de force en Grande-Bretagne et rapatriées en France (notamment à Belle-Île-en-Mer). D'autres, après maintes pérégrinations, finiront par se sédentariser à Saint-Pierre-et-Miquelon, au Québec (îles de la Madeleine), en Louisiane (où ils prirent le nom de Cajuns). Le traité de Paris, en 1763, entérina la conquête britannique et l'abandon définitif par la France de ses prétentions sur la Nouvelle-France.

Les Acadiens aujourd'hui

Dans les provinces atlantiques du Canada, les Acadiens qui avaient échappé à la déportation en se cachant dans la forêt et ceux qui étaient revenus d'exil par leurs propres moyens finirent par s'installer (après le traité de Paris en 1763) sur les terres encore inoccupées et souvent les plus déshéritées des régions littorales. C'est là qu'on les retrouve aujourd'hui : dans l'ouest de la Nouvelle-Écosse (pays de Clare, presqu'île de Pubnico, comté d'Argyle) et l'île du Cap-Breton (Chéticamp, île Madame), dans l'île du Prince-Édouard (cap Egmont, Mont-Carmel) et à Terre-Neuve (presqu'île de Port-au-Port). C'est au Nouveau-Brunswick, province officiellement bilingue, qu'ils sont les plus nombreux (243 000 personnes, soit 33 % de la population). La ville de Moncton, avec son centre universitaire et ses institutions francophones, est devenue la capitale des Acadiens. Mais le nord-est de la province (dénommée péninsule acadienne), autour des villes de Caraquet, Shippagan, La Mèque, est aussi une région active de l'Acadie nouvelle. Les Acadiens ont leur hymne (Ave Marie Stella) et leur drapeau (bleu blanc rouge avec l'étoile de la Vierge dans la partie bleue). À noter que l'écrivain d'origine acadienne, Antonine Maillet, a obtenu le prix Goncourt en 1979 pour son roman Pélagie la Charrette. Au mois d'août 1994 a eu lieu à Moncton le premier congrès mondial des Acadiens.