parc national du W du Niger

Parc national situé dans l'extrême sud-ouest du Niger (arrondissement de Say, département de Tillaberi) ; superficie : 220 000 hectares.

Site inscrit sur la liste du patrimoine mondial par l'Unesco.

Frontalier des parcs nationaux homologues du Bénin (550 000 ha) et du Burkina Faso (250 000 ha), le parc du W du Niger contient les habitats naturels les plus importants et les plus représentatifs pour la conservation in situ d'espèces animales ou végétales, souvent menacées et ayant une valeur universelle exceptionnelle au point de vue de la science et de la conservation : il constitue actuellement un refuge pour les plus grandes populations d'éléphants, de buffles, d'hippotragues et autres ongulés de toute l'Afrique de l'Ouest.

Les paysages de ce parc, qui est situé dans la zone transitoire entre la savane soudanienne et la zone boisée guinéenne, sont très diversifiés. On peut distinguer six types de formations principaux : savanes arbustives établies sur des sols latéritiques et sableux secs ; savanes arborées implantées au niveau des cours d'eau saisonniers. Le long du réseau hydrographique se constituent des galeries forestières : à feuillage caduc, parfois denses en bordure des petits cours d'eau saisonniers ; semi-sempervirentes dans les zones de transition entre les thalweg humides et le sol plus sec des plateaux ; ou sempervirentes dans les sols profonds des principaux thalweg. Enfin, des plaines d'inondations, le long du fleuve Niger, sont recouvertes de buissons épineux. À cette répartition correspond une grande variété d'espèces animales et végétales : dans les zones humides (plans d'eau permanents, temporaires et zones d'inondation) : hippopotames, lamantins, crocodiles, guibs harnachés, buffles, éléphants, nombreux oiseaux aquatiques et plus d'une centaine d'espèces de poissons, auxquels s'ajoutent, dans les galeries forestières : phacochères, singes, varans du Nil, pythons, etc.Les zones de forêt sèche abritent une faune d'ongulés (céphalophes, hippotragues, damalisques, etc.) à laquelle elles fournissent abri et nourriture. Quant aux formations buissonnantes, essentiellement développées sur les sols poreux peu fertiles des plateaux, elles abritent antilopes, éléphants, primates, pintades, girafes, lycaons, guépards, etc.

Une particularité botanique de la région du W du Niger, est la présence de très importants peuplements de baobabs (Adansonia digitata), généralement associés à des ruines de villages fortifiés. En raison de leur utilisation importante dans l'économie humaine et la pharmacopée (fruits, feuilles, fibres) on peut penser que ces concentrations d'arbres sont le résultat d'une action anthropique ancienne, les anciens habitants de ces zones ayant favorisé la germination et le développement de cette essence utile.

La région, qui est également une zone de peuplement dense de l'Afrique intertropicale, est en effet le lieu d'une intrication très forte et très ancienne d'éléments naturels et culturels. Elle est le lieu d'origine de Faran Maka Bote, personnage mythico-historique qui aurait vécu sur ce site avant le xive s. et serait l'ancêtre de tous les pêcheurs (Sorko ou Sorkawa) du fleuve Niger, entre Tombouctou, au Mali, etYawri, au Nigeria. Il serait le fondateur de la culture songhaï et aurait été à l'origine de la cité de Gao.

Les premiers peuplements humains correspondent à des sites préhistoriques acheuléens (Paléolithique moyen), près de la rivière Tapoa) et du Néolithique (rive gauche de la Mékrou). Cette région fut, au cours des xviiie et xixe siècles, le théâtre de mouvements de population, conséquences nombreux conflits. La région était peuplée deGourmantché et de Zarma lorsque elle fut envahie par des pasteurs nomades Foulanis. La résistancedes populations autochtones Gourmantché et Zarma contre l'emprise Foulani fut à l'origine de villages fortifiés à doubles murs de terre (XVIIe-xviiie s.). À la création du parc, en 1937, les villages de cultivateurs-pasteurs qui étaient établis furent déménagés.