fourmilier

Tamanoir
Tamanoir

Vivant depuis des millions d'années dans les forêts tropicales sud-américaines, le grand fourmilier, ou tamanoir, fait partie des plus anciens mammifères de la Terre. Doté d'un très long museau fin et d'une langue filiforme de plusieurs dizaines de centimètres de long, il est hautement spécialisé pour attraper les fourmis, sa nourriture quasi exclusive.

Introduction

Cousins des tatous et des paresseux, les fourmiliers comptent parmi les plus anciens mammifères de la planète. Ensemble, ces animaux forment le superordre des xénarthres, au sein duquel les fourmiliers et les paresseux constituent l'ordre des piloses. Jadis, tous ces animaux étaient réunis, avec les pangolins et l'oryctérope, dans l'ordre (aujourd'hui invalidé) des édentés, en raison de leur dentition aberrante. Cependant, seuls les fourmiliers sont réellement dépourvus de dents.

Apparue très tôt dans l'histoire des mammifères, la branche évolutive des xénarthres a dû s'individualiser il y a environ 60 millions d'années, au début du tertiaire, première période du cénozoïque (surnommé l'« âge des mammifères »). Pendant quelques dizaines de millions d'années, les xénarthres prolifèrent et se diversifient sur leur terre d'origine, le continent sud-américain. Sur les centaines d'espèces qui voient le jour, il ne subsiste que quatre espèces de fourmiliers, cinq espèces de paresseux et une vingtaine d'espèces de tatous. Ils ont tous en commun une articulation supplémentaire, dite « xénarthrole », entre les vertèbres lombaires, d'où leur nom de xénarthres.

L'origine exacte des fourmiliers, groupés dans la famille des myrmécophagidés, est mal connue. Bien que le groupe soit probablement très ancien, Protamandua, identifié en Amérique du Sud, date seulement de quelque 20 millions d'années. L'animal ressemblait sans doute à un fourmilier de taille moyenne, mais il devait encore marcher sur la plante des pieds et non sur le côté des pattes, et avoir une bouche fendue et non cylindrique. Apparue en Amérique du Sud, la famille n'aurait colonisé l'Amérique centrale et le Mexique qu'à la fin du tertiaire ou au début du quaternaire.

Trois genres de fourmiliers subsistent aujourd'hui : Cyclopes, le fourmilier nain, ou myrmidon, Tamandua, les tamanduas, et Myrmecophaga, le grand fourmilier, ou tamanoir.

La vie du fourmilier

Un animal essentiellement solitaire

Le grand fourmilier est un animal essentiellement solitaire. Sa vie sociale semble réduite à sa plus simple expression : un bref accouplement et l'élevage du petit par la mère pendant deux ans. On ne sait pas si les animaux s'évitent volontairement ou s'ils s'ignorent, ni comment ils se rencontrent quand, malgré tout, ils cherchent un partenaire à l'époque des amours. On sait seulement que leur odorat très développé leur permet de reconnaître leur propre salive, d'où l'idée qu'ils peuvent repérer le passage de leurs congénères à l'odeur de leur salive ou d'autres sécrétions glandulaires laissées en chemin ou dans les fourmilières. On peut également signaler qu'il est possible d'élever plusieurs grands fourmiliers ensemble en captivité. L'absence d'agressivité entre animaux de cette même espèce laisse penser que leur vie solitaire n'est sans doute que la conséquence de leur type de recherche alimentaire.

Un vaste domaine, mais pas de territoire

Présent du Belize (péninsule du Yucatán, en Amérique centrale) au nord de l'Argentine, le fourmilier habite de préférence la forêt tropicale. Il fréquente également les forêts inondables, les zones marécageuses et les savanes sèches.

Chaque fourmilier parcourt un domaine vital dont la surface varie de quelques centaines à plusieurs milliers d'hectares. Sur l'île de Barro Colorado, au milieu du canal de Panamá, la surface habitée par un fourmilier peut être de 900 ha. Plus au sud, le domaine vital de l'animal atteint, en moyenne, 2 500 ha.

Une existence paisible

Le fourmilier est volontiers diurne, mais, quand les hommes et surtout les chiens sont nombreux dans les zones qu'il occupe, l'animal dort le jour et passe la nuit, entre 19 heures et 8 heures, à se déplacer à la recherche de sa nourriture. Il dort à même le sol, parfois dans une petite dépression qu'il a creusée, et il s'abrite sous sa queue touffue. Ne sachant pas grimper aux arbres, à la différence des autres fourmiliers, le grand fourmilier réussit néanmoins à escalader des barrières pour s'échapper de captivité. Exclusivement terrestre, le grand fourmilier est aussi un bon nageur, capable de traverser facilement et spontanément d'importantes zones inondées en fouettant l'eau avec ses pattes antérieures.

Lorsque le grand fourmilier se déplace sur son domaine, c'est généralement d'un pas régulier, à l'allure tranquille de 13,8 mètres à la minute, c'est-à-dire qu'il ne parcourt que 800 mètres par heure, d'une démarche calme. Il s'appuie sur ses poignets et sur l'extérieur de ses pattes antérieures, rabattant les doigts sur les côtés pour ne pas émousser ses longues griffes. Habituellement, le grand fourmilier va l'amble, nez au sol et silencieux, mais, en cas de besoin, il est capable de courir sur une courte distance presque aussi vite qu'un homme.

Des fourmis à tous les repas

Le grand fourmilier mange des fourmis à tous les repas. Plus encore que les tamanduas (petits fourmiliers), qui apprécient également beaucoup les termites, ou que le fourmilier nain (myrmidon), qui ne dédaigne pas d'autres insectes comme des coléoptères (coccinelles) ou des hyménoptères (guêpes). Même s'il lui arrive de goûter à des fruits bien mûrs, à des larves ou à quelques termites, le grand fourmilier se nourrit presque exclusivement de fourmis. Pas n'importe lesquelles, cependant : sur les centaines d'espèces qui peuvent exister dans une même région, il n'en consomme que quatre ou cinq, notamment les Camponotus. Ces choix ne sont pas le fruit du hasard. Ainsi, il dédaigne les espèces qui vivent en colonies trop petites et dont la consommation ne serait pas « rentable » pour un animal de sa taille et il évite celles qui, trop agressives, risquent de le mordre avec leurs mandibules ou qui, pour se défendre, sécrètent des substances chimiques comme l'acide formique. C'est ainsi qu'il laisse de côté les fourmis légionnaires (écitoninés) ou les fourmis coupeuses de feuilles (myrmicinés). Son odorat le guide, semble-t-il, pour reconnaître ses proies favorites et fuir les autres. Certaines expériences ont montré que le grand fourmilier est capable de distinguer une odeur diluée à 0,025 ‰.

Seulement une centaine de fourmis par fourmilière

Lors de ses sorties nocturnes, le grand fourmilier se déplace de fourmilière en fourmilière. Chaque fois qu'il en trouve une à sa convenance, il l'éventre à l'aide des puissantes griffes de ses pattes antérieures. Puis il enfonce son étroit museau dans l'ouverture et plonge profondément sa longue langue filiforme et visqueuse pour la ramener engluée de fourmis. Il a été calculé que le grand fourmilier ne passe pas plus d'une minute par fourmilière et que, sur la centaine de milliers d'individus que compte une colonie, il ne mange en moyenne que 138 fourmis. Ne repassant pas toutes les nuits aux mêmes endroits, il laisse aux colonies le temps de se reconstituer, d'autant qu'il ne détruit pas le nid à chaque fois, mais creuse une ouverture juste suffisante pour les quelques coups de langue prévus. Même en considérant que les fourmis ont, comme la plupart des insectes, une haute valeur nutritive, ce comportement explique que chaque animal doive parcourir un vaste domaine pour se nourrir, mais suppose aussi une grande abondance de fourmilières dans les espaces habités par le grand fourmilier.

Dans un excrément de grand fourmilier, on a compté 14 253 têtes de fourmis, dont 30 % appartenant à l'espèce Camponotus abdominalis. Il est probable que l'animal mange environ 30 000 fourmis par jour.

Le grand fourmilier tire l'essentiel de l'eau dont il a besoin des fourmis elles-mêmes, mais il lui arrive aussi de lécher les feuilles couvertes de rosée ou de gouttes de pluie, ainsi que de boire à même les points d'eau.

Des fourmis, mais pas n'importe lesquelles

Des fourmis, mais pas n'importe lesquelles



Des études faites par le chercheur américain Montgomery, sur sept grands fourmiliers différents, ont montré que le régime de cet animal est essentiellement constitué de fourmis de peu d'espèces différentes. Camponotus, Solenopsis et surtout Pheidole sont recherchées. Dans les résultats de cette étude, les termites ne constituent que 5 % de leur alimentation et appartiennent à 90 % au genre Nasutitermes.

Un corps adapté aux fourmilières

Manger des fourmis peut être très nutritif, mais réussir à avaler suffisamment de ces minuscules insectes pour satisfaire les besoins énergétiques d'un animal de la taille du grand fourmilier est beaucoup moins évident. Pour remplir sa fonction de myrmécophage (mangeur de fourmis), le grand fourmilier dispose donc d'un équipement hautement spécialisé, fruit de millions d'années d'adaptation.

Pour entrouvrir les fourmilières, souvent dures comme de la pierre, le grand fourmilier a deux atouts : ses griffes et ses vertèbres. Ses pattes antérieures, dotées de longues griffes acérées, sont si puissantes que l'animal pourrait tuer un homme. Mais le grand fourmilier est pacifique et il ne s'en sert que pour creuser à la recherche de sa nourriture ou pour se défendre contre ses prédateurs, jaguar ou puma, s'ils l'attaquent. Pour mieux « asseoir » son effort quand, prenant appui sur ses pattes postérieures et sur son bassin, il donne de violents coups de ses pattes antérieures sur le monticule qu'il cherche à défoncer, l'animal est doté d'articulations supplémentaires, ou xénarthroles, qui renforcent ses vertèbres lombaires.

Des griffes pour éventrer les fourmilières

Des griffes pour éventrer les fourmilières



Le grand fourmilier dispose, sur ses pattes antérieures, de quatre griffes affûtées, dont la plus longue, sur le doigt médian, atteint 10 cm. La largeur de ce troisième doigt est au moins deux fois plus importante que celles des autres doigts. Le pouce, très fin, n'est pas préhensile. Il est probablement peu fonctionnel. La griffe du pouce est plus petite. Le cinquième doigt n'a pas de griffe et n'est pas apparent.

Une langue collante

Pour aller chercher les fourmis dans le trou qu'il a foré, le grand fourmilier dispose d'une tête parfaitement adapté. La longueur de son museau lui permet d'atteindre le sol, en position quadrupède normale, et de s'enfoncer dans l'ouverture sans même avoir à plier les pattes. Son orifice buccal, de petite taille et circulaire, laisse alors sortir un étonnant « ramasse-fourmis » : une langue vermiforme, de 10 à 15 mm de diamètre et pouvant atteindre 61 cm de long. Enduite d'une salive visqueuse dès que l'animal plonge son museau dans la fourmilière ouverte, la langue est couverte de petites aspérités orientées vers l'arrière, les papilles filiformes. De puissants muscles moteurs permettent à l'animal de l'étirer ou de la rétracter jusqu'à 150 fois par minute, et de remonter des dizaines de fourmis, collées à elle comme sur un bâton de glu. Dans la bouche, des papilles cornées et coupantes forment une sorte de râpe qui racle la langue pour la débarrasser des insectes, puis broie ceux-ci. Il ne reste qu'à les avaler.

Collé sur le dos de sa mère pendant un an

Les amours des grands fourmiliers sont mal connues dans la nature. Tous les ans ou tous les deux ans, après 190 jours de gestation environ, la femelle met au monde un petit unique, pesant de 1 à 2 kg.

À peine né, le jeune fourmilier grimpe, à l'aide de ses griffes s'accrochant aux poils maternels, sur le dos de sa mère, qui peut alors le lécher avec sa langue. Durant les premières semaines, elle le laisse à l'abri quand elle part à la recherche de sa nourriture et ne le prend que lorsqu'elle change de gîte. Ensuite, elle l'emmène partout avec elle pour lui apprendre à se nourrir. Capable, dès quatre semaines, de pousser un petit galop, le jeune animal se fait transporter sur le dos de sa mère jusqu'à l'âge de un an. Collé contre elle, il est parfaitement dissimulé, son pelage étant à peine plus gris que celui de l'adulte.

Pour allaiter son petit, la femelle dispose de deux paires de mamelles. Son lait, très peu sucré, est riche en matières grasses (20 %) et en protéines (11 %). Il comporte également, en faibles quantités, des glucides et des matières minérales. Il semblerait que le jeune tète avec la langue sortie de la bouche. Le sevrage a lieu entre deux et six mois. Le jeune reste avec sa mère jusqu'à la prochaine gestation, où, si celle-ci n'intervient pas dans cet intervalle de temps, jusqu'à ce qu'il ait 2 ans environ.

Pour tout savoir sur le fourmilier

Grand fourmilier (Myrmecophaga tridactyla)

Le cerveau du grand fourmilier est petit et dépourvu de circonvolutions. Ses lobes olfactifs sont très développés, aux dépens des parties frontales de l'encéphale. Il est aussi le seul mammifère à avoir non pas une, mais deux veines caves postérieures, qui, remontant en parallèle le long de la colonne vertébrale, drainent le sang veineux des viscères vers le cœur.

Il a développé une morphologie et une physiologie parfaitement adaptées à son régime alimentaire hautement spécialisé. Sa tête, ses pattes concourent à lui faciliter le travail. Les xénarthroles, articulations supplémentaires des vertèbres lombaires, vont de pair avec une modification des os du bassin et un renforcement des côtes, qui lui donnent puissance et stabilité quand il prend appui sur ses pattes postérieures. Le crâne et l'avant du corps sont particuliers. Les os du crâne sont extrêmement solides et résistants. Leur épaisseur est inhabituelle. Et, au lieu d'avoir sept vertèbres cervicales, comme c'est le cas chez tous les autres mammifères, le grand fourmilier en a un nombre variable, de six à neuf. Son estomac, de forme assez simple, est bien musclé, notamment au niveau du pylore (près de l'intestin), pour achever le broyage des fourmis déjà écrasées contre les papilles dures et cornées de l'intérieur des joues et du palais.

Couverte de longs poils qui lui donnent un aspect touffu, la queue peut atteindre de 60 à 90 cm de long. Ouverte en éventail, elle recouvre largement son corps et l'abrite quand il se couche sur le côté pour dormir, les pattes avant repliées sur la tête. Appuyée sur le sol, sa queue lui sert aussi de « canne » quand il se redresse sur ses pattes postérieures pour défoncer les fourmilières, pour surveiller les alentours ou pour se défendre. C'est également dans cette position, légèrement accroupie, que la femelle met son petit au monde au-dessus du gîte où elle se repose habituellement. Enfin, l'animal peut encore se servir de sa queue pour frapper quand on l'agresse.

Comme tous les autres xénarthres, le grand fourmilier a un métabolisme de base assez peu élevé, ce qui lui vaut une température corporelle de 32 à 34 °C, plus basse que celle des autres mammifères. La concentration des globules rouges sanguins de l'animal n'est pas très élevée : de 2 à 3 millions par millimètre cube, mais leur grande taille, par rapport à celle des globules rouges des autres mammifères, compense ce petit nombre.

Peu différents de taille, les animaux des deux sexes sont d'autant plus difficiles à distinguer que leur appareil génital et leur appareil urinaire ont, chez l'un et l'autre, un seul et même orifice. Mâle et femelle ont, en fait, une sorte de cloaque dans lequel se trouve le pénis ou le clitoris, relativement développé. Les testicules du mâle restent intra-abdominaux, fait rare chez les mammifères. L'utérus de la femelle est simple, ses mamelles sont pectorales et abdominales.

Les sécrétions odorantes des glandes anales, nasales et, sans doute, préputiales, chez les mâles, jouent certainement un rôle important, mais encore mal connu, dans les relations au sein de l'espèce.

Trois sous-espèces géographiques de grands fourmiliers ont été définies, du nord au sud :

Myrmecophaga tridactyla centralis, en Amérique centrale, a peut-être disparu aujourd'hui ;

Myrmecophaga tridactyla artata, qui vit dans le nord-ouest de l'Amérique du Sud ;

Myrmecophaga tridactyla tridactyla, présent sur tout le reste de l'aire de répartition.

          

GRAND FOURMILIER ou TAMANOIR

Nom (genre, espèce) :

Myrmecophaga tridactyla

Famille :

Myrmécophagidés

Ordre :

Piloses

Classe :

Mammifères

Identification :

Long museau ; petites oreilles ; pelage touffu, tout particulièrement au niveau de la queue. Coloration gris-brun avec une marque noire allongée bordée de blanc sur l'avant du corps

Taille :

De 1 à 1,90 m (tête et corps) ; queue de 0,65 à 0,90 m

Poids :

De 18 à 39 kg ; le mâle peut être plus lourd

Répartition :

Amérique centrale et du Sud, du Belize à l'Argentine

Habitat :

Des savanes aux forêts tropicales humides

Régime alimentaire :

Essentiellement des fourmis (myrmécophage)

Structure sociale :

Solitaire et non territorial

Maturité sexuelle :

Inconnue

Saison de reproduction :

Mal connue, semble peu marquée

Durée de gestation :

190 jours

Nombre de jeunes par portée :

1

Poids à la naissance :

De 1 à 2 kg

Longévité :

15 ans en moyenne

Effectifs, tendances :

Les effectifs diminuent sur l'ensemble de l'aire de répartition. Espèce disparue d'une grande partie de l'Amérique centrale

Statut :

Espèce considérée comme quasi-menacée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (U.I.C.N.) ; inscrit en Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction (Cites)

 

 

 

Signes particuliers

Nez, yeux, oreilles

Le long nez du fourmilier est capable de beaucoup de discernement olfactif. L'odorat est, de loin, le sens le plus développé de l'animal : il lui sert à reconnaître les espèces de fourmis les moins agressives et sans doute à repérer ses congénères. L'ouïe du fourmilier n'est pas mauvaise à courte distance. Son œil, en revanche, ne semble pas capable de grandes performances, ce qui rend l'animal relativement facile à approcher.

Pattes et griffes

Malgré son nom de « tridactyle », le fourmilier a 5 doigts à chaque patte. Sur les pattes antérieures, 4 seulement sont apparents et munis de griffes. Celle du pouce est courte, mais celle du 3e doigt, extrêmement développée, peut atteindre 10 cm de long. Ces griffes constituent, à l'occasion, des armes redoutables. Quand il se repose, le fourmilier protège sa tête avec ses deux mains. Les pattes postérieures sont moins spécifiques : les 5 doigts sont apparents et les griffes de taille normale. Le grand fourmilier marche non sur les doigts, mais sur les poignets.

Tête et langue

Le long profil de la tête du fourmilier est unique chez les mammifères et ne se retrouve en fait que chez d'autres mangeurs de fourmis, comme l'échidné australien, un rare monotrème (mammifère ovipare). La finesse de son museau permet à l'animal de l'introduire dans le moindre orifice existant sur un nid de fourmis. Une gaine musculeuse cylindrique, rattachée à la base du sternum, permet à l'immense langue de coulisser à toute vitesse pour aller chercher et ramener les fourmis jusqu'à 150 fois par minute. Les glandes salivaires, très développées (chacune d'elles est aussi volumineuse que la tête), descendent jusqu'à la poitrine de l'animal. Elles ne fonctionnent que lorsqu'il se nourrit et leurs canaux excréteurs sont dotés de muscles qui envoient la salive dans la bouche. Les deux mâchoires n'ont pas de dents, la mandibule n'étant qu'une simple baguette osseuse. Des papilles dures et cornées recouvrent l'intérieur des joues et le palais : elles raclent les fourmis et les écrasent.

Les autres fourmiliers

Il existe trois autres espèces de fourmiliers : les deux espèces de tamanduas (genre Tamandua), qui appartiennent, comme le grand fourmilier, à la famille des myrmécophagidés, et le fourmilier nain, ou myrmidon (genre Cyclopes), qui est l'unique représentant de la famille des cyclopédidés. Ces animaux sont les seuls représentants contemporains d'un sous-ordre qui fut infiniment plus abondant, celui des vermilingua, c'est-à-dire dont la longue langue est en forme de ver. Tous habitent l'Amérique du Sud et trois espèces sur quatre vivent aussi en Amérique centrale.

La coexistence des trois genres de fourmiliers est une parfaite illustration de la manière dont des animaux ayant un régime alimentaire similaire arrivent à se partager l'espace grâce à leurs différences de taille, d'habitat et d'équilibre dans le choix des espèces qu'ils consomment. Si le grand fourmilier est terrestre et mangeur de fourmis, les deux espèces de tamanduas sont plus petites, semi-terrestres et consomment plutôt des termites, tandis que le fourmilier nain est un mangeur de fourmis quasi exclusif, entièrement arboricole et de toute petite taille.

Tamandua mexicain et tamandua d'Amérique du Sud (Tamandua mexicana ; tamandua tetradactyla)

Famille des myrmécophagidés.

Les deux espèces de tamanduas ressemblent à des grands fourmiliers en miniature : leur corps mesure de 55 à 88 cm, leur queue de 40 à 50 cm pour un poids de 3,6 à 8,4 kg. L'espèce d'Amérique du Sud est plutôt plus grande que celle du Nord.

Identification : la queue longue et préhensile est nue à son extrémité. Les pattes antérieures ont 4 doigts visibles, tous armés de fortes griffes. Les pattes postérieures ont 5 doigts apparents, dotés de griffes normales. Le pelage a un aspect laineux. Sa coloration varie selon l'espèce, mais surtout selon la répartition géographique des individus.

Répartition :Tamandua mexicana se rencontre depuis le Mexique, au nord, jusqu'à la côte pacifique de la Colombie, vers le sud. Tamandua tetradactyla succède à l'espèce du Nord vers l'est et le sud, en arrière de la chaîne andine colombienne. Tamandua mexicana est de couleur claire, avec une tache noire en forme de veste sur le dos, qui remonte en avant des épaules comme des bretelles et descend en pointe sur la base de la queue. Dans la zone de contact entre les deux espèces, le long de la côte atlantique, Tamandua tetradactyla a un pelage clair, uni, sans la veste foncée sur le dos. Mais il la retrouve au Brésil, plusieurs centaines de kilomètres plus loin. Il existe aussi une large zone où se rencontrent côte à côte les deux types de coloration au sein de cette même espèce. Mais il semble que, lorsqu'ils sont en contact avec les tamanduas mexicains, les tamanduas d'Amérique du Sud ont toujours un pelage clair et uni.

Habitat : selon la zone qu'ils habitent, les tamanduas sont plus ou moins arboricoles. Dans les zones de savanes du Venezuela, ils passent 13 % de leur temps dans les arbres contre 56 % sur l'île de Barro Colorado, couverte de forêts tropicales. Leurs domaines vitaux varient de 350 à 400 ha en savane à seulement 50 à 80 ha en forêt tropicale, où la densité peut atteindre 3 animaux au kilomètre carré.

Alimentation : se nourrissant parfois le jour, mais surtout la nuit, entre 19 heures et 7 heures, les tamanduas consomment nettement plus de termites que les tamanoirs. Ils mangent également des fourmis et même des abeilles. Ils repèrent les insectes grâce à leur odorat et les capturent avec leur langue visqueuse, qui peut mesurer 40 cm hors de leur bouche. Ils savent également éviter les espèces de fourmis ou de termites trop agressives. On a observé qu'en captivité le temps passé sur un nid de termites Nasutitermes, qui disposent de moyens de défense chimiques (substances toxiques irritantes), n'est, en moyenne, que de 2,1 minutes, contre 5,7 minutes sur le nid de n'importe quelle autre espèce de termites. Les tamanduas savent également « cueillir » les ouvrières de certaines espèces de fourmis sans toucher aux soldats, équipés de mandibules trop puissantes.

Comportement : la reproduction des tamanduas n'est pas bien connue. La durée de gestation est de 150 à 160 jours, au bout desquels la femelle met au monde un petit unique, qu'elle porte sur son dos comme le tamanoir. Le jeune pousse des cris assez aigus, alors que les adultes sont plutôt silencieux. Il est, cependant, assez facile de les repérer au bruit qu'ils font quand ils ouvrent des nids de termites ou de fourmis arboricoles et qu'une pluie de débris tombe de l'arbre où ils se trouvent.

Les quelques ennemis des tamanduas sont l'harpie féroce, le puma, mais aussi l'homme, qui en écrase souvent sur les routes ou les chasse pour leur cuir. Menacé, le tamandua se dresse sur ses pattes postérieures et prend appui sur sa queue. Il écarte alors les pattes antérieures, prêt à donner des coups de griffe. Cette posture d'attente, debout, les bras en croix, qui rappelle celle d'un prêtre qui officie, lui a valu le surnom de « Dominus vobiscum ». Quand il est dans un arbre, il fait face à l'ennemi en se tenant par la queue le long du tronc, tête en bas et bras écartés, face au danger.

Effectifs : les deux espèces sont communes et ne sont pas considérées comme menacées (mais la destruction de leur habitat pourrait, à terme, les affecter). En revanche, certaines populations ou sous-espèces ne bénéficient pas d'une situation favorable. Ainsi, la rareté de la sous-espèce Tamandua tetradactyla chapadensis, qui habite le sud-ouest du Brésil, l'a fait classer en Annexe II de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction) ; la population du Guatemala de Tamandua mexicana a été inscrite en Annexe III.

Fourmilier nain ou myrmidon (Cyclopes didactylus)

Famille des cyclopédidés.

Très élégant d'aspect, Cyclopes didactylus, appelé fourmilier nain ou myrmidon, est encore plus petit que le tamandua. Il mesure seulement de 15 à 18 cm (tête et corps), avec une queue longue de 20 cm. Adulte, il pèse environ 400 grammes.

Identification : la queue est préhensile, le pelage soyeux, souvent gris doré à reflets argentés. Comme son nom scientifique l'indique, il ne possède que deux griffes aux pattes antérieures, l'une étant nettement plus grande que l'autre, et quatre aux pattes postérieures. Un des coussinets de ses pattes antérieures est opposable aux deux doigts et il s'en sert comme d'une pince pour s'accrocher aux fins rameaux des arbres. Ses pattes postérieures sont également capables de pincer. L'animal se déplace lentement dans les lianes et les touffes de végétation, toujours au-dessus du sol.

Répartition : du Mexique au Brésil.

Habitat : exclusivement arboricole.

Alimentation : il se nourrit essentiellement de fourmis arboricoles, qu'il va chercher avec sa longue langue gluante.

Comme ses grands cousins, il attaque les nids à l'aide de ses griffes antérieures, en prenant appui sur les massifs de lianes avec sa longue queue préhensile et sur ses pieds en forme de pince. Il consomme rarement des termites, mais parfois certains coléoptères, comme les coccinelles. Au Suriname, il semble apprécier surtout les guêpes, adultes ou larves, qu'il prend dans les nids.

Comportement : pendant la journée, il dort roulé en petite boule serrée au milieu des branches et des lianes. La distance qu'il parcourt en moyenne entre deux sites de repos diurne serait de 43 m. Se déplaçant uniquement la nuit, petit et discret, l'animal est peut-être plus répandu qu'on le pense.

Les données sur la reproduction sont rares, on ignore même la durée de gestation. Mais on sait que la femelle met au monde un petit unique et que ses deux parents peuvent l'élever, le mâle étant même capable de régurgiter de la nourriture pour lui et de le porter, à l'occasion. Le plus souvent, cependant, c'est la mère qui l'élève seule, le laissant caché dans les lianes pendant ses déplacements alimentaires nocturnes et l'allaitant jusqu'à ce qu'il sache capturer lui-même des fourmis.

Les mâles auraient des domaines vitaux englobant ceux de plusieurs femelles, et les femelles des domaines exclusifs entre elles.

Menacé, le fourmilier nain se protège en cachant sa tête derrière les griffes de ses pattes antérieures, après s'être solidement amarré par la queue et les pattes postérieures à des branches où aux lianes. Son cri serait un sifflement très doux.

Effectifs : ses effectifs sont inconnus ; toutefois, les fourmiliers nains sont répandus dans le bassin de l'Amazone, en dépit de la déforestation intensive qui sévit dans cette région. L'espèce n'est pas considérée comme menacée.

Milieu naturel et écologie

Le grand fourmilier ne se rencontre qu'en Amérique centrale et du Sud. Les limites de son aire de répartition sont la presqu'île du Yucatán (Mexique), au nord, l'Uruguay et le nord-ouest de l'Argentine, au sud, la cordillère des Andes, à l'ouest. À l'intérieur de ces divers pays, il s'adapte à toutes sortes de milieux : prairies plates et arides (llanos) du Venezuela ou du sud-est du Brésil, forêts tropicales au climat chaud et humide, mais aussi savanes, broussailles épineuses, forêts sèches ou zones marécageuses ; partout, en fait, où il peut trouver des fourmilières.

L'écologie du fourmilier est, pour l'essentiel, liée à son alimentation. Fourmis et termites constituent des proies de haute valeur nutritive et d'un rapport masse-qualité élevé. Aussi les myrmécophages sont-ils nombreux. Les fourmis sont les premières à manger leurs congénères. Parmi les mammifères, plus de 200 espèces, se recrutant dans une quarantaine de familles issues de plus de 10 ordres différents, ont également un régime à base de fourmis et de termites. Mais réussir à absorber suffisamment de ces insectes pour satisfaire les besoins énergétiques d'animaux relativement volumineux suppose chez ceux-ci des adaptations spécifiques. On note ainsi un phénomène de convergence morphologique entre les fourmiliers sud-américains et d'autres myrmécophages, comme l'échidné australien ou néoguinéen, qui est un monotrème (mammifère qui pond des œufs), le fourmilier marsupial australien, doté d'une poche ventrale pour ses petits, l'oryctérope, ou cochon de terre africain, et les pangolins de l'Ancien Monde. Si les fourmiliers sud-américain et australien portent un pelage « classique », le pangolin est couvert d'écaillés, l'échidné de poils et de gros piquants, tandis que l'oryctérope a la peau presque nue. Mais tous ont un nez allongé et probablement un bon odorat, alors que leurs yeux et leur vue sont relativement réduits, tous ont une longue langue effilée, des pattes antérieures munies de fortes griffes pour éventrer fourmilières ou termitières, et une absence totale ou partielle de dents.

1 million de tonnes de fourmis sur la terre

Les termites, d'une part, et l'ensemble fourmis-abeilles-guêpes (hyménoptères), d'autre part, représentent une biomasse phénoménale et sont, sans doute, les plus nombreux de tous les insectes, voire des êtres vivants. Près de 12 000 espèces de fourmis ont été décrites (environ 1 % de l'ensemble des espèces animales connues), mais il en existe sans doute quelque 20 000 espèces. En certains endroits, elles représentent entre 10 et 25 % de la quantité d'espèces vivantes en poids (biomasse). À chaque instant, on estime qu'il y a quelque 1015 (10 000 000 000 000 000) fourmis sur terre, soit une biomasse totale de 1 million de tonnes. Chez certaines espèces, les colonies peuvent héberger jusqu'à 20 millions d'individus. Présentes de l'équateur aux zones froides, les fourmis constituent une fabuleuse source alimentaire. Mais les termites sont limités aux zones intertropicales et compteraient environ 2 200 espèces. L'ensemble termites-fourmis représente une ressource de nourriture considérable pour de nombreux vertébrés, comme les mammifères, mais également pour des invertébrés.

Dans les forêts néotropicales de l'Amérique du Sud, les fourmis sont particulièrement nombreuses, ce qui explique la présence des fourmiliers. La densité des proies conditionne celle des prédateurs.

Bien que les fourmilières soient nombreuses, les fourmiliers se doivent d'entretenir leurs ressources alimentaires. On a ainsi calculé que, si un grand fourmilier passe en moyenne une minute par nid de fourmis et y prélève de l'ordre de 140 insectes, il ne satisfait à chaque fois que 0,5 à 1 % de ses besoins énergétiques quotidiens. Il lui faut donc un vaste territoire pour y trouver suffisamment de fourmilières. Quand le domaine vital est très grand, de larges portions sont parfois partagées entre plusieurs individus. Seules les femelles du fourmilier nain arboricole ont un comportement territorial intrasexuel : elles défendent leur espace contre l'intrusion d'autres femelles.

Le fait que les grands fourmiliers ne restent, en moyenne, pas plus d'une minute par nid est sans doute lié à la réaction de défense des fourmis elles-mêmes, qui les forcent à changer de lieu. Une minute serait le temps de réaction des soldats de la fourmilière à l'attaque des griffes et de la langue du fourmilier. Avec leurs mandibules et les substances chimiques, comme l'acide formique, qu'ils peuvent dégager, les individus agressifs seraient ainsi capables de faire reculer leurs prédateurs. C'est également ce qui se passe avec les tamanduas, qui restent nettement plus longtemps sur un nid de termites peu agressifs que sur un nid de termites Nasutitermes qui, pour se défendre, projettent, à distance, une substance chimique sur leur agresseur.

Le fourmilier et l'homme

Des noms multiples pour des animaux discrets

Les fourmiliers ont vécu des millions d'années avant de rencontrer les hommes. Discrets et pacifiques, ils souffrent néanmoins de la chasse et des voitures qui écrasent souvent les plus petits d'entre eux. Mais le plus grand danger qui les menace est la déforestation intense de leur contrée d'adoption, l'Amérique du Sud.

Des noms et des surnoms

Tamanoir provient de tamanoa, mot de la langue des Amérindiens caribes de la Guyane, et tamandua est un mot de la langue des Tupi du Brésil. Dans ce pays, le tamanoir est parfois appelé « tamandua éventail », allusion à sa large queue touffue qui lui sert à se protéger. Pour les Guaranis, cet animal pacifique a le nom de yurumi (« petite bouche »).

Le tamandua, qui a la réputation d'aimer les abeilles et le miel, est, dans certaines régions, surnommé « gardien des abeilles », ou « marchand de miel ». Au Brésil, sa coloration lui vaut le nom de « tamandua-veste ». Mais on l'appelle aussi caguaré, ce qui veut dire « puant de la forêt », à cause de la forte odeur qu'il dégage quand il est excité. Et ceux de culture chrétienne l'ont baptisé « dominus vobiscum », car il ouvre les bras en croix face au danger.

Le fourmilier nain doit à son beau pelage et à ses allures discrètes les doux surnoms de angelito, de serafin (« petit ange ») ou encore de « fleur de balsa ». Au Suriname, il a hérité du nom de likanoe ou likan, qui proviendrait de lick hand, « se lécher les mains ». En effet, les petits fourmiliers se lèchent abondamment les mains avant d'ouvrir un nid de fourmis ou de guêpes et récupèrent les insectes non seulement avec leur langue mais plus encore en se léchant les pattes antérieures. En Guyane française, d'ailleurs, il est surnommé « lèche-main ».

Chasse, captures et déforestation

Malgré l'absence d'interférence entre les fourmiliers et les activités humaines, ces animaux pacifiques sont souvent tués par l'homme. Les porteurs de fusil qui croisent un tamanoir au hasard de leurs déplacements tirent fréquemment sur lui. Certains chasseurs de trophée recherchent les tamanoirs pour les faire empailler, et nombreux sont les animaux qui sont capturés vivants pour des parcs zoologiques ou comme animal familier pour des particuliers. C'est ainsi que le grand fourmilier, déjà plus rare dans la forêt tropicale que dans les zones mixtes avec des savanes riches en fourmilières, est devenu totalement nocturne par endroits et a disparu de nombreuses régions. Il lui arrive aussi d'être victime du trafic routier. Enfin, le grand fourmilier souffre également de l'intense déforestation que l'homme a entreprise dans les pays où il habite. C'est même la menace la plus grave qui pèse sur cet étonnant mammifère, en particulier en Amérique centrale. Considéré comme quasi-menacé par l'U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature), il est inscrit à l'Annexe II de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction). L'Union européenne a suspendu l'introduction de représentants de l'espèce dans la Communauté.

Les tamanduas, plus petits, font l'objet d'un commerce spécifique pour leur cuir, très résistant. Comme les grands fourmiliers, les tamanduas sont également abattus par des chasseurs. Le prétexte est parfois avancé que les tamanduas s'en prennent aux chiens, mais cela est difficile à croire. À cela s'ajoute, comme pour le grand fourmilier, la mortalité sur les routes. Bien qu'elles soient encore communes, on peut supposer un impact futur de la déforestation sur les deux espèces. Par ailleurs, la sous-espèce Tamandua tetradactyla chapadensis est devenue très rare, tandis que le Guatemala a demandé à ce que la population de Tamandua mexicana de son territoire soit inscrite à l'Annexe III de la Cites pour contrôler son exploitation.

Quant au fourmilier nain ou myrmidon, arboricole, nocturne et discret, son aspect de peluche soyeuse et dorée a entraîné une forte demande pour le commerce des animaux de compagnie exotiques, et le Pérou en a exporté de grandes quantités. Le fourmilier nain, comme les tamanduas, reste cependant une espèce assez commune sur son aire de répartition.