faucon pèlerin

Faucon
Faucon

Plus que tout autre rapace, le faucon pèlerin peut être considéré comme le prototype du chasseur d'oiseaux. Il allie à la perfection vitesse, puissance et élégance... Tout, dans sa morphologie, contribue à faire de lui un véritable maître des airs.

Introduction

Il est difficile de définir avec précision la filiation exacte du faucon pèlerin et le moment où est apparue la forme d'oiseau qui devait donner naissance à sa famille, les falconidés. Leurs plus anciens restes fossilisés, retrouvés en différents points du globe, remontent à la fin du tertiaire. Les paléornithologues estimant que toutes les familles autres que celles qui appartiennent à l'ordre des passereaux devaient déjà exister avant la fin de l'oligocène (au-delà de 23 millions d'années), il n'est pas impossible que des falconidés fossiles datant de cette période géologique soient découverts un jour prochain. Pour le moment, les plus anciens, trouvés en Amérique du Nord, sont issus du miocène (entre 23 et 5 millions d'années) ; en Europe et en Asie, les fossiles exhumés datent du pliocène, qui débuta voici 5 millions d'années.

Enfin, les traces de falconidés, tant en Nouvelle-Zélande qu'aux Antilles, témoignent d'une apparition plus récente de ces oiseaux dans ces régions, les fossiles datant du pléistocène, au début du quaternaire, entre – 1,9 million d'années et – 10 000 ans. Quoi qu'il en soit, la dispersion géographique de ces découvertes met clairement en évidence le caractère cosmopolite, encore applicable à l'heure actuelle, des falconidés.

Pour établir de quel ancêtre commun proviennent ces rapaces, une nouvelle théorie, développée dans les années 1990 et reposant sur l'examen du code génétique des espèces d'oiseaux, a établi une étonnante généalogie. Selon cette étude, menée sous la direction du chercheur américain Charles G. Sibley, tous les rapaces diurnes seraient en fait issus d'un tronc commun ayant donné une étonnante variété de familles d'oiseaux. Ainsi, des groupes aussi divers que les petits échassiers, les mouettes, les hérons, les cigognes, les rapaces diurnes et les manchots auraient une même origine et ont été ainsi classés dans l’ordre des ciconiiformes. La méthodologie mise en œuvre garantissait le sérieux de la théorie mais cette classification a été remise en cause récemment et les Falconiformes (qui ne rassemblent plus que les falconidés) sont désormais séparés non seulement des autres rapaces diurnes mais aussi des ciconiiformes réduits aux ciconiidés (Hackett Shannon J. et alii, « A Phylogenomic Study of Birds Reveals Their Evolutionary History » in Science, 27 juin 2008, vol. 320, n° 5884, pp. 1763 - 1768). De plus les falconidés formeraient un « groupe sœur » des passériformes et des psittaciformes.

Néanmoins, cela ne résout pas l'énigme relative à l'origine précise de ce rapace, qui occupe une vaste répartition géographique. Il se complaît en effet en tous milieux, que ce soit au bord de la mer, à la montagne, dans la toundra ou dans les villes. Prédateur sérieusement menacé tant par la pollution que par les trafics, le faucon pèlerin fait maintenant l'objet de véritables programmes de réinsertion et de protection.

La vie du faucon pèlerin

L'oiseau le plus rapide du monde

Peu d'oiseaux méritent autant le qualificatif de « maître des airs » que le faucon pèlerin. Qu'il s'agisse de performances dans le domaine de la vitesse ou dans celui des acrobaties, il ne craint personne, et le titre d'oiseau le plus rapide du monde ne peut lui être contesté. Toutefois, les évaluations sur sa vélocité varient : des chiffres impressionnants ont été avancés : 252 km/h en descente modérée, 324 km/h en piqué pratiquement vertical, selon l'Allemand H. Brüll. Le chiffre estimatif de 410 km/h (non scientifiquement contrôlé) en piqué a même été avancé par L.H. Brown, éminent spécialiste anglais des rapaces. Cependant, certains ornithologues estiment que cette vitesse de pointe n'excède pas 180 km/h, soit 50 mètres par seconde, ce qui reste encore une impressionnante performance pour un oiseau ne pesant en moyenne que un kilo !

Le faucon pèlerin adapte ses vols à ses besoins. La technique du vol en piqué n'est utilisée que lors de la chasse. Dans d'autres circonstances, le faucon pèlerin a recours au vol battu, entrecoupé de glissades planées. Les ailes sont alors un peu refermées, la pointe orientée vers l'arrière, et leurs battements sont rapides et de faible amplitude. Enfin, lorsqu'il s'élève au-dessus de son territoire, il pratique le vol à voile. Il étend alors les ailes et la queue (gardée serrée dans les autres types de vol) pour améliorer la portance, et plane sans effort jusqu'à plusieurs centaines de mètres d'altitude.

Un territoire peu délimité

Le faucon pèlerin possède un territoire dont les limites sont assez extensibles. La taille du domaine dépend surtout de l'abondance des proies ; elle peut ainsi varier de 50 ou 60 km2 dans d'excellentes conditions à 140 km2 dans les régions moins bien pourvues. L'espèce est, de plus, remarquable pour sa fidélité à son site de nidification, si aucune perturbation ne vient interférer.

Des parades aériennes

Pendant l'hiver, autour du mois de février, les liens conjugaux, quelque peu distendus au cours de la mauvaise saison, se resserrent. Le mâle attire l'attention de la femelle – sa compagne habituelle – par des évolutions aériennes. En poussant force cris, souvent gutturaux, il indique l'emplacement précis du nid, dont le secteur est soigneusement contrôlé.

Le couple se livre durant cette période à de fréquentes et superbes démonstrations en vol. Il peut s'agir de vastes cercles calmement décrits en vol à voile ou de spectaculaires poursuites ponctuées de simulacres d'attaques comprenant les fameux piqués typiques du faucon pèlerin.

Un chasseur d'une extraordinaire habileté

Peu de rapaces soutiennent la comparaison avec le faucon pèlerin dans le domaine de la chasse aérienne. Il possède deux types de stratégie pour capturer les oiseaux en plein vol, les prises de proies au sol restant fort rares. Posté à l'affût sur une saillie rocheuse ou une branche, le faucon surveille les alentours. Sa vue perçante lui permet de repérer des proies distantes de près de un kilomètre et demi. Si la cible est trop proche, il la laisse s'éloigner afin de prendre son élan. Il n'intervient que lorsqu'elle est à environ 500 m de lui. Il effectue alors une descente selon un angle d'une trentaine de degrés sur 300 m environ, suivie d'un trajet horizontal à un niveau légèrement inférieur à celui de la proie. À l'aide de puissants coups d'ailes, le pèlerin se place juste au-dessus de sa victime. En une fraction de seconde, il projette ses serres sur le dos de la proie, dans lequel s'enfoncent les deux longs ongles (ou « avillons ») des pouces arqués et acérés ; puis les doigts antérieurs la « lient », selon un terme de fauconnerie. Lorsqu'il adopte cette tactique, on dit que le pèlerin « monte en selle », c'est-à-dire qu'il attaque ses proies en les chevauchant.

La deuxième manière de procéder est infiniment plus spectaculaire. Le faucon commence par prendre de l'altitude au point de devenir quasiment invisible. De son poste d'observation aérien, il surveille les oiseaux évoluant en contrebas. Lorsqu'il a repéré sa proie, il se laisse tomber en repliant partiellement les ailes, augmente sa vitesse de chute par quelques battements puis ferme tout à fait les ailes. C'est alors une véritable bombe qui percute la proie de ses ongles postérieurs. La victime tombe, parfois tuée sur le coup, voire décapitée. Il peut ensuite la récupérer au sol ou la saisir en plein vol à l'issue d'un piqué suivi d'un prompt redressement. Si l'oiseau n'est que blessé, le rapace l'achève, en général au sol, d'un coup de bec démettant les vertèbres cervicales. Puis il l'emporte sans plus attendre vers un lieu de dépeçage afin d'en consommer la cervelle, les muscles pectoraux et éventuellement les viscères.

D'une façon générale, la surprise est un élément déterminant de la réussite. Quand le prédateur est décelé à temps, la victime peut, par de stupéfiants et vertigineux décrochages, tenter une esquive. Emporté par sa vitesse, le faucon a alors peu de chances de pouvoir modifier efficacement sa trajectoire. Malgré leur aspect impressionnant, les attaques en piqué échouent plus souvent qu'elles ne réussissent : à 83 % pour les mâles, 78 % pour les femelles, selon l'ornithologue E. Hantge. Quant à G. Rudebeck, il a observé que 7,3 % de piqués étaient réussis sur 260 tentatives de capture. Devant ce faible taux de succès, il est permis de penser que les faucons pèlerins « piquent » davantage par jeu que dans le but de mener à bien une capture.

Un mangeur d'oiseaux

Les oiseaux constituent l'essentiel du régime alimentaire du pèlerin, la consommation de mammifères restant très exceptionnelle. Les espèces capturées varient selon la localisation géographique et l'époque de l'année, mais sont en priorité des oiseaux de taille moyenne, à forts effectifs et aux mœurs grégaires. En Europe, il s'agit surtout de pigeons, d'étourneaux, de corvidés (pies, choucas, corbeaux et aussi corneilles), de mouettes, de merles et de grives. Les proies pèsent environ 217 g en Europe centrale. Dans le Nord, elles sont plus lourdes – en moyenne de 365 à 398 g en Scandinavie – là où canards, lagopèdes et échassiers abondent.

Une cuvette sommaire pour tout nid

Le temps des parades achevé, en mars, plus tôt dans le Sud, en mai dans les régions du Nord, les accouplements ont lieu. Comme les autres faucons, le pèlerin ne construit pas de nid ; il se contente d'une simple corniche rocheuse d'au moins 45 cm de large, garnie de terre, de granulats ou de débris végétaux. La femelle se borne à y aménager, à l'aide de ses pattes, une cuvette sommaire qu'elle façonne par des pressions répétées de la poitrine. Le couple peut disposer de plusieurs emplacements de cette sorte, mais privilégie l'un d'eux. Là où les parois rocheuses font défaut, le faucon pèlerin s'installe dans le vieux nid d'une autre espèce, souvent celui d'un corvidé ou d'un autre rapace. Alourdie par les œufs qu'elle porte, la femelle du faucon pèlerin reste sur le site choisi pour le nid. Elle est ravitaillée par le mâle, ce qui lui permet de juger des talents de chasseur de son compagnon. Si celui-ci se révèle assez peu performant, il arrive qu'elle l'abandonne à ce stade pourtant avancé de la reproduction.

Un mâle attentif

Un mâle attentif



Les parades se concluent par l'accouplement, cérémonie ritualisée au cours de laquelle la femelle adopte une attitude fréquente chez les faucons. Elle se penche en avant tandis que le mâle se maintient sur son dos en battant des ailes et en prenant grand soin de tenir les serres bien fermées pour éviter de blesser sa partenaire.

Une couvaison partagée

La femelle dépose ses trois ou quatre œufs – parfois cinq, rarement six – à 48 ou 72 heures d'intervalle. De forme presque ronde, ils ont une coquille pâle maculée de roux brunâtre, mais qui peut être uniformément roussâtre ou toute blanche. L'incubation dure environ un mois. La femelle couve, mais, dans la journée, son partenaire prend le relais, ce qui lui permet aussi de chasser. Selon les observations de l'ornithologue français A. Formon, le mâle prend en charge de 16 à 25 %, voire 33 %, de la couvaison diurne. Pendant cette période, la participation du mâle au ravitaillement de la femelle varie selon les individus.

Des poussins frileux

Comme l'incubation commence à des stades différents, tantôt avec l'avant-dernier œuf, tantôt lorsque la ponte est complète, les poussins peuvent voir le jour simultanément ou de façon décalée. À l'éclosion, les oisillons sont couverts d'un premier duvet blanc. Cette protection n'étant pas suffisante pour leur assurer un équilibre thermique, la mère les réchauffe en permanence durant les trois premiers jours. Quand ils ont 15 jours, elle ne les couvre plus que 60 % du temps, le premier duvet étant remplacé par un second, plus fourni. Au-delà de 17 jours, elle ne les réchauffe plus ; les tuyaux annonciateurs des plumes commencent alors à être visibles.

Un apprentissage long et sévère

À la fin de la troisième semaine, les poussins du faucon pèlerin franchissent une nouvelle étape de leur croissance : les rémiges – grandes plumes des ailes – apparaissent et se développent en deux semaines. Les fauconneaux ont un besoin plus important d'apport énergétique et sont alors nourris une dizaine de fois par jour.

Âgés d'environ cinq semaines, et après de multiples exercices de battements d'ailes, les jeunes faucons pèlerins abandonnent le nid. Leur premier vol s'effectue à proximité de celui-ci. Puis les deux adultes leur apprennent à se nourrir seuls. Dans un premier temps, les parents cessent de plumer les proies qu'ils apportent à leur nichée et les jeunes doivent les dépecer sans aide. Ensuite, la nourriture est déposée de plus en plus loin au sol afin d'obliger les petits à voler jusqu'à elle. Pour finir, les adultes lâchent les cadavres d'oiseaux de haut, en vol, afin d'inciter les jeunes faucons à les attraper en plein ciel. Forts de cet entraînement, ils s'attaquent bientôt à des proies vivantes. Vers deux mois ou deux mois et demi après le départ du nid, les fauconneaux sont des chasseurs autonomes.

Cette période d'émancipation demeure néanmoins délicate et les pertes sont sévères. Les études montrent que de 59 % (Allemagne, Finlande) à 70 % (Suède, Amérique du Nord) des faucons pèlerins meurent avant d'atteindre l'âge de un an. Il n'est pas rare qu'ils meurent d'inanition à la suite d'une trop longue période d'insuccès à la chasse. Il s'agit là d'un enchaînement fatal : si l'oiseau est affaibli par le jeûne, il est de moins en moins efficace dans la traque du gibier, perd peu à peu ses forces et périt.

Une période de longue errance

Complètement émancipés, les jeunes faucons pèlerins quittent leur région natale et entament une période de vagabondage correspondant à l'attente de leur maturité sexuelle.

Celle-ci intervient en moyenne au bout de deux ans. En règle générale, les oiseaux nordiques se livrent à des déplacements de plus grande ampleur que ceux des populations plus méridionales. Ainsi, de jeunes faucons pèlerins originaires de la toundra eurasienne peuvent descendre jusqu'en Afrique du Sud afin d'y passer leur premier hiver.

Pour tout savoir sur le faucon pèlerin

Faucon pèlerin (Falco peregrinus)

Le faucon pèlerin porte comme caractéristique sur la tête une sorte de chaperon sombre comprenant la calotte, la nuque et une large « moustache », qui descend sous l'œil et se détache nettement sur la joue blanche de l'oiseau. Le menton et la gorge sont blanchâtres, ponctués de taches noires. Mâles et femelles ont un plumage à peu près semblable : gris ardoisé ou gris bleuâtre sur le dessus du dos et des ailes, gris pâle barré de noir au-dessous et sur la partie ventrale. La femelle est cependant plus sombre et présente des barres ventrales plus larges.

Les jeunes ont un plumage brun là où les faucons pèlerins adultes l'ont gris. Leur ventre est bien différent : blanc lavé de jaunâtre ou de beige-roux et tacheté de macules irrégulières, plus grandes sur les flancs.

L'aile du pèlerin est typique de la famille des faucons : plutôt étroite et pointue, très effilée à l'extrémité, assez large dans la partie qui se trouve près du corps, ce qui lui confère une silhouette triangulaire lorsqu'elle est étalée.

La queue est assez courte pour un falconidé. Le corps est robuste, avec une large poitrine bombée. Les longues pattes du faucon pèlerin – jaune vif chez l'adulte, gris bleuté puis jaune verdâtre chez le jeune – sont couvertes jusqu'au talon de grandes plumes appelées « culottes » qui les masquent en vol, améliorant ainsi la pénétration dans l'air. La tête de ce rapace est plutôt petite. Le regard sévère des grands yeux sombres est renforcé par la saillie de l'arcade sourcilière. Le faucon pèlerin a une vue perçante. Comme beaucoup d'oiseaux, son ouïe ne présente pas de caractéristique particulière et il ne possède pas d'odorat.

Enfin, la « cire », cette sorte d'étui d'épaisse peau nue coiffant la base du bec des rapaces, est gris bleuté chez le fauconneau et jaune vif chez l'oiseau mature.

Si le mâle et la femelle du faucon pèlerin ont une apparence à peine différente, il existe en revanche un dimorphisme sexuel prononcé pour ce qui concerne la taille. Cependant, malgré le nom de « tiercelet » qui lui a été donné en fauconnerie, le mâle n'est pas d'un tiers plus petit que sa partenaire. Néanmoins, toutes données confondues, la femelle est de 15 à 20 % plus grande : l'aile fermée du mâle mesure en moyenne 309 mm contre 356 mm chez la femelle. Cette dernière pèse 1 112 g en moyenne, le mâle se contentant de 666 g. Ce dimorphisme se remarque déjà chez les jeunes faucons pèlerins.

Plusieurs sous-espèces

On distingue plusieurs sous-espèces (15 à plus de 20 selon les auteurs) de Falco peregrinus réparties à travers le monde et qui diffèrent par leur taille et par les nuances de leur plumage. Parmi celles-ci, certaines sont toutefois considérées comme des variétés ou des hybrides et seules 7 d'entre elles sont retenues par le S.I.T.I. (Système d'information taxonomique intégré) :

Falco peregrinus anatum : Amérique du Nord ;

Falco peregrinus calidus : Afrique, Europe, Asie du Nord (à l'exclusion de la Chine), Asie du Sud ;  

Falco peregrinus cassini : Amérique du Sud ;

Falco peregrinus japonensis : Asie du Nord (à l'exclusion de la Chine), Asie du Sud ;

Falco peregrinus pealei : Amérique du Nord (Alaska, Canada) ;  

Falco peregrinus peregrinus : Europe, Asie du Nord (à l'exclusion de la Chine), Asie du Sud ;

Falco peregrinus tundrius : Amérique du Nord et du Sud.

Signes particuliers

Bec

Le bec des faucons du genre Falco n'est pas très développé. Il est pourvu d'une mandibule supérieure très arquée. L'extrémité en est aiguë et les bords coupants. Un peu en arrière du bout pointu, chacun des bords présente une excroissance triangulaire appelée « dent ». Cette dent tranchante fait office de lame lorsque le faucon disjoint les vertèbres cervicales de ses proies, au moment de les achever. La base du bec est couverte d'une zone de peau dépourvue de plumes et sensible, la cire, dans laquelle s'ouvrent les narines. La cire est l'un des points permettant de signaler l'âge de l'oiseau grâce à sa teinte.

Œil

Le pèlerin possède une vue excellente qui lui permet de repérer ses proies à plusieurs centaines de mètres. Son grand œil sombre est entouré d'un anneau de peau nue, le cercle orbitaire, jaune citron chez l'adulte, gris bleuté chez l'immature. L'œil est protégé par une arcade sourcilière développée, qui contribue à donner au faucon une expression à la fois farouche et fière. Cette arcade, sans être propre aux faucons (elle existe aussi chez les aigles, par exemple), est un de leurs signes morphologiques distinctifs.

Muscles

Lors du mouvement ascendant, les muscles alaires se contractent, forçant l'humérus, donc l'aile, à remonter. Lors du battement vers le bas, les muscles alaires se contractent à leur tour, entraînant l'humérus vers le bas.

Pattes

Les pattes du pèlerin possèdent quatre doigts. Le doigt postérieur porte un ongle bien développé, nettement arqué, robuste et acéré, appelé avillon, et jouant un rôle primordial dans la capture des proies. En pleine vitesse, il heurte le dos des proies en le lardant à la manière d'une lame de poignard.

Les autres faucons

Selon les plus récentes recherches (2008), l’ordre des falconiformes ne rassemble plus que les falconidés.Ces derniers peuplent le Nouveau Monde, du sud des États-Unis à l'extrémité méridionale de l'Amérique du Sud. Cette famille réunit 11 genres, dont les caracaras (10 espèces, dont 2 du genre Caracara), le faucon rieur (Herpetotheres cachinnans), les faucons forestiers du genre Micrastur (7 espèces), les fauconnets (6 espèces), les faucons-pygmées du genre Polihierax (2 espèces) et les faucons proprement dits du genre Falco (38 espèces).

Les caracaras

Entre 35 et 60 cm de long pour une envergure voisine de 1,30 m, ce sont les plus atypiques des falconidés. En raison de leur régime alimentaire surtout charognard, ils se montrent plus terrestres que l'ensemble de leurs cousins. 5 genres : Caracara (2 espèces) Daptrius (1 espèce), Phalcoboenus (4 espèces), Ibycter (1 espèce) et Milvago (2 espèces).

Caracara à gorge jaune (ou c. noir) (Daptrius ater)

Identification : brun fuligineux ; peau faciale jaune étendue en arrière de l'œil ; base de la queue blanche.

Répartition et effectifs : savanes et mangroves, lisières forestières ; nord de l'Amérique du Sud, à l'est des Andes. 10 000 – 100 000 individus.

Caracara austral ou funèbre (Phalcoboenus australis)

Identification : brun sombre ; dessous des ailes roux ; « culottes » rousses.

Répartition et effectifs : prairies à touffes de graminées, corniches rocheuses ; îles et îlots de la Terre de Feu, îles Falkland. 500-650 couples dans les îles Falkland. Espèce classée dans la catégorie « quasi menacée » par l'U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature) en 2004.

Caracara commun (Caracara plancus)

Identification : corps gris-brun sombre ; haut de la poitrine, bout des ailes et queue rayés ; cou blanc, calotte noirâtre, peau faciale rouge et pattes jaunes.

Répartition et effectifs : semi-déserts, savanes et prairies ; Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Paraguay, Pérou, Uruguay. 100 000 - 1 000 000 d'individus.  

Caracara à tête jaune (Milvago chimachima)

Identification : chamois clair ; ailes brun noirâtre, sourcil sombre se prolongeant en arrière de l'œil.

Répartition et effectifs : savane, brousse, campagne cultivée ; Amérique centrale et du Sud sur 11 000 000 km2. 1 000 000 - 10 000 000 d'individus.

Le faucon rieur

Une seule espèce, Herpetotheres cachinnans

Identification : 43-51 cm ; crème clair ; ailes brun foncé, queue barrée de noirâtre et de gris, bandeau noir sur l'œil.

Répartition et effectifs : forêts pluviales ; zone tropicale de l'Amérique du Sud sur 13 000 000 km2. 100 000 - 1 000 000 d'individus.

Les faucons forestiers

Ils se distinguent par de puissantes émissions vocales semblables à des chants, qui retentissent surtout à l'aube. Leurs ailes sont assez courtes et arrondies, et leur queue, allongée. Un genre, Micrastur (7 espèces).

Faucon forestier rayé (Micrastur ruficollis)

Identification : 31-38 cm ; haut du corps brun-roux, calotte brun-gris, dessous blanc finement barré de sombre, ailes brun-gris, queue noirâtre avec 3 ou 4 lignes blanches transversales, peau faciale jaune.

Répartition et effectifs : Amérique centrale et Amérique du Sud. 1 000 000 d'individus.

Les fauconnets (ou falconelles) et faucons pygmées

Principalement asiatiques, ce sont les plus petits des falconidés. Le fauconnet des Philippines, Microhierax erythrogonys, détient le record de petitesse : 14 cm (la taille d'un moineau). 3 genres : Polihierax (2 espèces), Microhierax (5 espèces) et Spiziapteryx (1 espèce).

Faucon pygmée d'Afrique (Polihierax semitorquatus)

Identification : 19-24 cm ; dessus gris, dessous blanc, queue noire avec taches blanches alignées, pattes orangées.

Répartition et effectifs : savane parsemée d'acacias, semi-désert ; nord-est et sud de l'Afrique. Seul fauconnet africain. 100 000  d'1 000 000 individus.

Fauconnet à pattes noires (Microhierax fringillarius)

Identification : 15 cm ; dessus noirâtre, dessous blanc rosé avec plumes de la base des pattes sombres, queue rayée.

Répartition et effectifs : lisières forestières, forêt secondaire, boisements clairs ; Birmanie, Brunei, Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande.  10 000 - 100 000 individus.

Fauconnet à ailes tachetées (ou américain) [Spiziapteryx circumcincta]

Identification : 28 cm ; tête et poitrine pâles avec stries sombres ; dos et queue sombres ; croupion blanc.

Répartition et effectifs : savane, brousse et semi-désert ; Argentine, Bolivie, Paraguay, Uruguay. 10 000 - 100 000 individus.

Les faucons proprement dits

Silhouette typique avec de longues ailes pointues, longue queue et petit bec acéré. Un seul genre : Falco (38 espèces).

Faucon crécerelle (Falco tinnunculus)

Identification : 31-35 cm ; tête grise, queue grise terminée d'une barre noire, dessus brun-roux ponctué de noir, dessous crème tacheté de noir. Plusieurs millions d'oiseaux.

Répartition et effectifs : grande variété de milieux ouverts ou peu boisés ; Afrique, Asie, Europe, sur environ 10 000 000 km2. 5 000 000 d'individus.

Faucon d'Éléonore (Falco eleonorae)

Identification : 36-40 cm ; noir et gris ardoisé sombre (forme sombre), dessous de la tête clair avec moustaches noires, dessous chamois rayé de brun, queue barrée (forme claire).

Répartition et effectifs : falaises des côtes, îles et îlots ; bassin méditerranéen, Afrique : Algérie, Comores, Érythrée, Kenya, Malawi, Maroc, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tunisie. 12 000 individus en Europe.

Faucon aplomado (Falco femoralis)

Identification : 37-45 cm ; tête et dos gris ; joues, gorge et poitrine blanchâtres ; bandeau blanchâtre en arrière de l'œil (atteignant la nuque), moustache noire, ventre et bas du corps roux, flancs noirs avec fins chevrons blancs, queue grise barrée de blanc.

Répartition et effectifs : milieux ouverts ; du Mexique au sud de l'Amérique du Sud. 50 000 – 500 000 individus.

Faucon gerfaut (Falco rusticolus)

Identification : envergure de 1,60 m. Forme blanche : traces de noir sur le dessus. Forme sombre : gris dessus et blanchâtre dessous.

Répartition : circumboréale ; toundra, taïga peu dense, côtes rocheuses. Chine, Japon, États-Unis et Mexique.  10 000 – 100 000 individus.

Faucon crécerellette (Falco naumanni)

Identification : 26-33 cm ; tête et queue gris bleuté, dessus du corps brun-roux, dessous crème, faiblement tacheté.

Répartition et effectifs : steppes, déserts, régions cultivées d'Europe méridionale, d'Afrique (Maghreb, Afrique centrale et de l'Ouest, Afrique méridionale) et d'Asie (centrale, du Nord et du Sud). Lieux de reproduction : Maghreb, Portugal, Espagne, Grèce, Gibraltar, Balkans, républiques d'Asie centrale et du Caucase, Chine et Mongolie. Lieux d'hivernage : Espagne et Turquie méridionales, Afrique, en particulier Afrique du Sud. Population européenne et nord-africaine estimée à 17 000- 21 000 couples dont 8 000 en Espagne. Éteint en République tchèque et en Slovaquie. Effectifs en baisse. Espèce classée dans la catégorie « vulnérable » par l'U.I.C.N.   

Milieu naturel et écologie

Comme l'a justement écrit l'ornithologue suisse P. Géroudet, le faucon pèlerin, espèce répandue dans le monde entier, n'a pas réellement de biotope particulier sinon l'espace aérien.

De fait, sur l'ensemble de l'année et sur la totalité de sa vaste répartition géographique, les milieux exploités sont extrêmement variés : toundra arctique, vastes étendues marécageuses, régions cultivées, larges estuaires, côtes rocheuses, moyenne montagne de zone semi-désertique, milieux tropicaux ou même secteurs urbanisés.

Toutefois, il faut savoir que les exigences écologiques ne sont pas les mêmes durant la saison de nidification et en dehors de celle-ci. Lorsqu'il n'est pas retenu par les nécessités de la reproduction, le faucon pèlerin peut pratiquement se contenter de tout type d'habitat ouvert, plat ou non. Par « ouvert », il faut entendre dépourvu d'arbres ou faiblement boisé. Ce rapace peut même s'installer pour quelques mois dans de grandes plaines céréalières. Ces milieux attirant d'importants rassemblements d'espèces grégaires (étourneaux, corvidés, mouettes, etc.), il y trouve du gibier en abondance. Les estuaires et certaines portions de côtes comportant des vasières ou des marais littoraux sont également appréciés pour les mêmes raisons : on y trouve de nombreuses espèces à effectifs très élevés.

Lorsque vient l'époque de la reproduction, les exigences du faucon pèlerin se font plus précises. Il a besoin d'un escarpement rocheux, le plus souvent doté d'une corniche adéquate. Toutefois, à côté de cette règle générale existent quelques variantes dictées par l'absence de parois rocheuses. Le faucon pèlerin peut ainsi nicher dans les arbres.

Dans les régions arctiques, à l'instar des sous-espèces de l'endroit, il lui arrive de s'installer à même le sol de la toundra. Par ailleurs, tant en Amérique du Nord qu'en Europe, les faucons pèlerins, ainsi que d'autres espèces de la même famille comme les faucons crécerelle, crécerellette ou émerillon, ont appris à s'accommoder de l'existence de ces falaises artificielles que constituent les grands édifices : cathédrales ou immeubles de plusieurs dizaines d'étages.

Les études de nombreux ornithologues ont montré que la possibilité de disposer d'un site de nid convenable était moins déterminante, toutes proportions gardées, que le facteur alimentaire pour s'installer dans une aire.

Quelle que soit l'époque de l'année, ce qui décide de la présence de l'espèce dans un espace géographique donné est l'existence de nourriture – en l'occurrence d'oiseaux-proies – en quantité suffisante. Le faucon pèlerin, comme la majorité des prédateurs naturels, ne chasse pas sans discernement.

Des relevés précis ont démontré que de 16 % à 47 % des victimes sont jeunes, donc inexpérimentées, ou âgées, donc moins alertes, blessées, tarées ou épuisées. En participant à la suppression de ces oiseaux diminués, ce faucon joue un indiscutable rôle sélectif et sanitaire.

Une assez faible concurrence

Les compétitions alimentaires opposent le faucon pèlerin à d'autres rapaces chasseurs d'oiseaux. En Amérique du Nord et en Europe, l'autour des palombes est son principal concurrent, mais ce prédateur exploite surtout les milieux boisés et leurs abords immédiats, et il ne chasse jamais en plein ciel. En Afrique du Nord, c'est avec le faucon lanier que le faucon pèlerin doit également compter.

Des prédateurs redoutables

Les ennemis naturels du faucon pèlerin ne sont guère nombreux. Le grand corbeau, amateur d'œufs et de poussins, est redouté. Sa vue provoque chez le pèlerin de vives démonstrations d'agressivité qui suffisent la plupart du temps à dissuader le corvidé.

Un danger plus réel vient du hibou grand duc, énorme rapace nocturne qui apparaît comme le principal régulateur des effectifs de faucons pèlerins.

Le faucon pèlerin et l'homme

Le sauvetage d'un chasseur exceptionnel

Les Égyptiens en ont fait un dieu. Et, depuis plus de 4 000 ans, il chasse avec l'homme. Menacé par la pollution chimique et les trafiquants sans scrupule, il commençait à disparaître peu à peu. Heureusement, sa sauvegarde semble aujourd'hui assurée.

Un indicateur biologique précieux

Le faucon pèlerin est l'une de ces espèces animales qui détiennent le triste privilège d'être des indicateurs biologiques. En d'autres termes, certains êtres vivants réagissent plus vite et parfois de façon plus spectaculaire que d'autres à des changements de l'environnement, à des perturbations – souvent induites par l'activité humaine. Occupant le sommet des pyramides alimentaires, ils souffrent de l'accumulation progressive des substances toxiques assimilées par les proies tout au long de la chaîne.

C'est ce qui s'est produit avec les pesticides organochlorés, dont le D.D.T. Mais il a fallu attendre la seconde moitié du xxe siècle pour que l'on soupçonne leur nocivité en constatant que les effectifs des faucons pèlerins chutaient de plus en plus sévèrement. Contaminées par le D.D.T. présent dans les tissus graisseux de leurs proies, les femelles pondaient fréquemment des œufs à la coquille trop mince pour supporter leur poids lorsqu'elles couvaient. Plus le D.D.T. était utilisé massivement, plus le pourcentage d'œufs à la coquille défectueuse était élevé. En Indonésie ou en Alaska, les taux étaient de 0 % et 0,5 %, mais ils passaient à 5 % en Afrique du Sud et à 19 % en Grande-Bretagne pour atteindre 22 % en Californie (avec la pulvérisation à grande échelle des vergers), 24 % dans le nord-est des États-Unis ou le sud-est de l'Australie (avec le traitement intensif des céréales) et 25 % dans l'ex-Rhodésie (en raison de l'intense lutte contre les insectes vecteurs de maladies).

Depuis l'interdiction de ces produits au début des années 1970, la situation s'est nettement améliorée. Mais les effets seront longs à se dissiper totalement, d'autant que certains pays du tiers-monde continuent à avoir recours aux pesticides organochlorés.

Sauver les faucons : les plans de survie

L'effondrement des populations de faucons pèlerins dans certaines parties du globe, et surtout dans les pays industrialisés par suite de la pollution chimique due aux produits phytosanitaires organochlorés, a amené les organismes de protection de la nature et les spécialistes des rapaces à se mobiliser pour chercher des solutions à ce problème.

Dès les années 1970, des programmes ambitieux ont été mis sur pied. Leur objectif était double : renforcer les populations subsistantes, mais en voie de régression, et réimplanter l'espèce dans les zones d'où elle avait été éradiquée. Plusieurs procédés ont été mis en œuvre, avec les tâtonnements inhérents à toute nouvelle expérience.

En Amérique du Nord, le Peregrine Fund (Fonds pour la sauvegarde du faucon pèlerin), qui dépend du Centre mondial des rapaces, ou, en France, le Fonds d'intervention pour les rapaces (F.I.R.) – désormais « Mission Rapaces » de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (L.P.O.) - ont ainsi commencé par prélever des œufs dans des aires où la densité de ces oiseaux était la plus forte. Si ce prélèvement a lieu suffisamment tôt, la femelle dépose une nouvelle ponte, ce qui n'affecte donc pas la population sollicitée, tout en permettant de disposer d'œufs surnuméraires.

Ces œufs sont alors placés en incubateur artificiel. Après l'éclosion, les jeunes peuvent être répartis dans différents nids naturels, où ils seront adoptés, ou bien élevés par l'homme (sans contact direct avec celui-ci pour éviter toute imprégnation) afin d'être relâchés dans des zones déficitaires. Enfin, certains de ces oiseaux peuvent aussi être conservés en captivité pour devenir des reproducteurs.

En Franche-Comté, l'ornithologue R.-J. Monneret, l'un des grands spécialistes européens de l'espèce, a également mis au point une technique d'insémination artificielle du faucon pèlerin qui a donné d'excellents résultats. La principale difficulté qu'il a rencontrée était d'obtenir que la femelle se place en position d'accouplement, condition indispensable à la réalisation de l'insémination.

Pour arriver à ses fins, il a fait donc appel à des enregistrements de cris nuptiaux et à l'utilisation de leurres. Caché derrière l'aire artificielle reproduisant une paroi rocheuse, R.-J. Monneret intervenait au moment opportun, par une ouverture discrètement ménagée dans le décor.

La chasse au faucon, une très longue tradition

La fauconnerie, ou chasse à l'aide d'oiseaux de proie spécialement dressés, est une forme très ancienne de relation entre l'homme et l'animal. On considère que cet art a dû trouver son origine en Extrême-Orient, voici environ 4 000 ans pour les uns, 2 000 ans selon les autres. Toutefois, le plus ancien indice tangible est un bas-relief assyrien datant du viiie siècle avant J.-C., alors que la plus ancienne trace écrite ne remonte qu'à la première moitié du iiie siècle de notre ère et figure dans un manuscrit japonais.

La fauconnerie se répandit en Europe à la faveur des invasions asiatiques et connut un vif succès jusque vers le début du xviie siècle. Selon un texte médiéval : « L'aigle (est) pour l'empereur, le gerfaut pour le roi, le pèlerin pour le duc, l'émerillon pour la dame, l'autour pour le tenancier, l'épervier pour le prêtre, la crécerelle pour le marguillier. »

Les pays islamiques du Proche- et du Moyen-Orient ont également une tradition fort ancienne, et toujours vivace, en ce domaine.

De nos jours, la fauconnerie – qui a perdu ce caractère élitiste – se maintient et serait même assez florissante. Néanmoins, une différence fondamentale existe entre les effets de cette chasse sur les populations de faucons et ce que les progrès techniques ont rendu possible. Auparavant, tous les oiseaux, sans exception, utilisés par les fauconniers étaient dénichés. À présent, la reproduction en captivité permet d'obtenir des rapaces qui ne sont plus prélevés dans la nature.

Au début des années 1980, soit une dizaine d'années seulement après les premiers succès en matière d'élevage, plus de la moitié des faucons (appartenant à de grandes espèces) détenus par les fauconniers américains étaient nés en captivité.

Faucon-dieu, roi des hommes

Par sa force et sa beauté, par son vol très haut dans le ciel, le faucon symbolisait pour les Égyptiens le dieu du Ciel : Horus. Ses deux yeux figuraient le soleil et la lune. Nombreux durent être les adorateurs de cet oiseau, que l'on voit représenté dès les temps les plus anciens et dont l'image devait éloigner les ennemis impurs des édifices sacrés. Au cours des temps, le rôle du faucon-dieu se diversifia. L'un des mythes fait de Horus le fils d'Isis et d'Osiris. Vainqueur de Seth, il monta sur le trône du dieu Geb et s'imposa comme roi des hommes.

De nouvelles espèces génétiques ?

Devant les succès rencontrés par la reproduction des rapaces en captivité, certains fauconniers ont tenté des hybridations. Dans la nature, le croisement de deux espèces est théoriquement impossible du fait que la femelle et le mâle de chaque espèce réagissent à un ensemble de stimulations (parades, offrandes de nourriture...) nettement codifiées qui empêchent les croisements. Mais, grâce à l'insémination artificielle, on a pu obtenir, par exemple, des hybrides de faucon gerfaut (pour la taille) et de faucon pèlerin (pour la vitesse).

Trafic de faucons pèlerins et autres fauconneaux

En dépit des facilités nouvelles offertes par la maîtrise de la reproduction en captivité de certains rapaces, dont notamment le faucon pèlerin, un trafic illégal actif de ces oiseaux de proie existe encore. Après avoir repéré les aires des pèlerins, les trafiquants dénichent les jeunes fauconneaux qui ont dépassé la période délicate des deux premières semaines. Puis ils leur font passer les frontières en fraude. Il ne leur reste plus qu'à les vendre à des acheteurs agissant souvent pour le compte de clients du Moyen-Orient particulièrement férus de chasse au faucon.

Les trafiquants sont bien organisés. Ils repèrent les sites de nidification au début de l'hiver, puis ils jalonnent les falaises à l'aide de pitons, de façon à n'avoir plus qu'à se laisser descendre rapidement le moment venu, avec des cordes.

En France, à partir de la fin des années 1970, afin de lutter contre ces agissements, le Fonds d'intervention pour les rapaces a mis au point un programme de surveillance des aires de faucons. Cela était d'autant plus indispensable que les effectifs étaient alors au plus bas en raison de la pollution chimique. Toutes les aires connues furent ainsi gardées jour et nuit par des volontaires, à bonne distance, depuis la ponte jusqu'à l'envol des jeunes.