corail

Corail
Corail

Avec les anémones de mer auxquelles ils sont apparentés, les coraux font partie des premiers animaux à avoir peuplé les mers. Parmi les centaines d'espèces aux formes multiples qui existent, beaucoup construisent des récifs. Ces petits animaux fragiles, qui ont peu évolué, sont aujourd'hui menacés dans de nombreuses régions du monde.

1. La vie des coraux

1.1. D'éternels bâtisseurs vivant sur leur squelette

Les coraux sont des organismes rudimentaires constitués d'un squelette calcaire, ou polypier, sur lequel pousse la partie vivante, ou polype.

Les coraux solitaires se rencontrent dans toutes les mers du globe et à toutes les profondeurs. Ils restent le plus souvent à l'endroit de leur premier développement, fixés sur un rocher ou sur un fond sableux. Quand ils se déplacent, ils le font très lentement, pour aller s'implanter sur un nouveau fond, plus favorable à leur croissance.

Les coraux coloniaux sont les plus nombreux. Ceux qui ne construisent pas de récifs peuvent vivre, comme les coraux solitaires, sous toutes les latitudes et à des profondeurs variables. En revanche, les coraux récifaux ont besoin, pour se développer, de luminosité et d'une eau pure, bien oxygénée et suffisamment salée, qui soit à température stable (entre 18 et 36 °C). Aussi ne les trouve-t-on que dans les régions tropicales et à faible profondeur (moins de 50 m), là où se fait encore sentir l'influence des marées qui remuent l'eau avec régularité. De façon générale, les coraux ne peuvent supporter l'émersion ; à marée basse, certains sécrètent un abondant mucus pour lutter contre la dessiccation.

À la recherche de la lumière

Le mode de vie des coraux semble rythmé par deux activités principales : se nourrir et construire leur squelette, ou participer à la construction du squelette commun à toute la colonie. Cette armature semble leur servir de moyen pour s'élever vers la surface, à la recherche de la lumière.

La plupart des espèces solitaires n'ont pas un squelette très important. En revanche, les coraux récifaux ont une armature qui s'élève très haut et s'étale largement, nécessitant de solides points d'ancrage tels les rochers.

Les récifs

Après avoir sécrété les premiers éléments de son squelette, chaque polype émet des bourgeons qui deviennent d'autres polypes. Par bourgeonnements successifs, la colonie grandit en hauteur et en largeur. L'accumulation de colonies serrées crée, dans certains cas, un biotope particulier, le récif corallien. On en distingue quatre types : le récif frangeant, qui borde la côte ; le récif-barrière, au large mais parallèle au rivage ; le récif plate-forme (ou banc récifal), entouré par des eaux de profondeur constante ; l'atoll, en anneau autour d'un lagon.

1.2. Des algues symbiotiques et du poison

Les coraux présentent deux modes de nutrition distincts, qui ne sont pas utilisés dans la même mesure par les coraux bâtisseurs de récifs et par les coraux solitaires ou coloniaux non récifaux de profondeur.

Les coraux récifaux renferment dans leurs tissus des algues vertes qui vivent en étroite relation (symbiose) avec eux. Ces algues, les zooxanthelles, ont besoin, comme tous les végétaux, de la lumière solaire pour transformer ce qu'elles absorbent (photosynthèse). Elles doivent donc toujours être proches de la surface, ce qui explique que les coraux récifaux vivent à moins de 50 m sous la surface. Au cours de la photosynthèse, les algues éliminent des éléments nutritifs, qui sont absorbés au fur et à mesure par les tissus environnants du corail. De son côté, celui-ci produit également des déchets qui sont utilisés par les algues. L'union entre les partenaires est si performante que le corail récifal peut se passer, la plupart du temps, de nourriture extérieure. Pourtant, il dispose également du même système d'alimentation que les coraux non récifaux.

Ceux-ci ne bénéficient généralement pas d'une luminosité suffisante pour entretenir dans leurs tissus des algues symbiotiques. Ils se nourrissent donc de petites proies : larves de crustacés, œufs de poissons… tous éléments du zooplancton. Pour les capturer, ils déploient leur couronne de tentacules. Ceux-ci sont tapissés de milliers de cellules venimeuses (les cnidoblastes), qui paralysent les minuscules proies lorsqu'elles entrent en contact avec elles. Les proies sont ensuite conduites vers l'orifice buccal, soit par repliement des tentacules, soit par l'ondulation d'une série de cils vibratiles situés sur les tentacules, qui se relaient de proche en proche pour faire en quelque sorte office de tapis transporteur. La digestion s'effectue dans la cavité gastrique de l'animal.

Les cellules urticantes

Les cellules urticantes



Les cnidoblastes (cellules urticantes) sont situés sur les tentacules. Chacun ne sert qu'une fois, mais son renouvellement est assuré. À sa surface, un cil (cnidocil) a pour fonction de détecter les proies. La cellule est pourvue d'une vésicule emplie de venin, dans laquelle baigne un filament creux enroulé en spirale, hérissé d'épines et supporté par une hampe elle aussi épineuse. Lorsque le cnidocil perçoit une proie, la vésicule se contracte. Sa paroi cède, libérant le filament à la manière d'un harpon. Les épines s'ancrent dans la proie et le venin, évacué par les pores du filament, la paralyse.

1.3. Naissances de nuit, par milliers

La reproduction sexuée existe chez tous les coraux. Sur un récif ou dans une colonie non récifale, une espèce de corail peut posséder des polypes mâles et des polypes femelles vivant côte à côte. Certaines espèces solitaires ou coloniales ont des polypes hermaphrodites. Les cellules sexuelles mâles et femelles sont alors mélangées ou séparées à l'intérieur de la cavité du corail. Enfin, chez d'autres formes de coraux (à sexes séparés), chaque polype est soit mâle, soit femelle. Ces coraux, moins nombreux, sont solitaires pour la plupart.

Seuls les coraux coloniaux, récifaux ou non, possèdent aussi une autre forme de reproduction, sans fécondation : la reproduction asexuée, très liée aux bonnes conditions de vie du corail. En bourgeonnant, les polypes font croître et se multiplier les coraux.

La planulation

Lorsque les cellules sexuelles sont « mûres », la fécondation se produit à l'intérieur de la cavité centrale de chaque polype. Si l'espèce vit en symbiose avec des algues, ces dernières pénètrent dans l'œuf aussitôt après la fécondation. L'embryon qui se développe devient une larve appelée planula.

On appelle planulation l'expulsion dans la mer des jeunes larves, par la bouche des polypes ou, plus rarement, par des pores provisoires situés à l'extrémité des tentacules. Sur les récifs coralliens, la planulation est fréquemment liée aux phases de la lune, bien que cela ne soit ni général ni systématique. La libération des planulas par presque tous les coraux d'un récif, au même moment, est un phénomène spectaculaire qu'il est difficile d'observer. Chez les coraux solitaires et les espèces coloniales non récifales, la planulation semble moins liée aux phases de la Lune.

Une fois libre, la planula flotte de quelques heures à un an, si elle est transportée en haute mer par les courants. Puis elle se fixe sur un support et commence son développement de corail.

La reproduction asexuée

La reproduction asexuée



Le jeune corail nouvellement fixé est appelé « oozoïte ». Il peut donner naissance à des individus qui vont se séparer de lui par scissiparité (très rare) ou bourgeonnement. Ces nouveaux polypes, qui restent attachés au corail, apparaissent à l'intérieur des tentacules du polype fondateur, ou à l'extérieur, sur son tissu externe. Le bourgeonnement apparaît au bout de 1 semaine à 4 mois.

En cas de bourgeonnement interne, il se produit un repli dans la cavité centrale du polype, et deux ou plusieurs « bouches » apparaissent, garnies de tentacules. En cas de bourgeonnement extra-tentaculaire, le tissu extérieur du polype mère développe un petit diverticule à partir duquel croît le nouveau polype.

1.4. Milieu naturel et écologie

Les coraux peuplent toutes les mers du globe : la limite extrême de leur répartition se situe au large des cercles polaires. L'aspect du corail n'est pas fixe, il se modifie selon les qualités du milieu où il vit et selon la profondeur, les coraux non constructeurs de récifs étant souvent moins dépendants de la lumière pour leur survie.

Tributaires de leurs algues

Les coraux récifaux vivent en colonies et participent à la construction de récifs parfois très anciens, puisque les nouveaux individus poussent à partir de leurs parents. Ces coraux « hermatypiques » recherchent la lumière à cause de la présence dans leurs tissus d'algues symbiotiques photosynthétiques, les zooxanthelles. Dans l'obscurité, la plupart des coraux perdent leurs algues et ne peuvent donc plus croître. Ils meurent si ces conditions persistent. En effet, le gaz carbonique issu du métabolisme des algues leur est nécessaire pour construire leur squelette composé de carbonate de calcium CaCO3.

Toutefois, certains genres s'adaptent à une baisse de luminosité sur le récif en modifiant la forme de leur polypier.

La variété des formes diminue et les coraux développent des aspects tabulaires, en feuilles ou encore en formes branchues à structure légère, pour offrir la plus grande surface possible à la lumière et la capter au maximum.

Il existe pourtant quelques genres de coraux récifaux qui recherchent les zones faiblement éclairées, ce sont ceux qui vivent sur les parties les plus profondes du récif.

Les mouvements de l'eau de mer sont un facteur important. Ils doivent être suffisants pour assurer l'apport de nourriture, l'oxygénation, l'élimination des déchets, mais ne pas être trop violents pour ne pas gêner la croissance de la colonie. Les formes à branches grêles ne peuvent vivre dans une eau trop battue. De plus, une exposition trop prolongée à l'air libre provoque la mort des coraux. Là encore, les formes massives semblent les plus résistantes.

Généralement, les coraux hermatypiques vivent près de la surface, entre 18 et 36 °C selon les espèces, et supportent mal les variations. Il existe de rares exceptions : en Caroline du Nord, sous 20 à 40 m d'eau, deux espèces supportent 10,6 °C pendant le mois le plus froid, et la population corallienne de certains petits récifs du golfe Persique, uniquement représentée par Porites, résiste à 40 °C. Certains coraux s'accommodent même d'une profondeur allant de 300 à 500 m, mais leur aspect s'en trouve modifié.

Une eau propre et suffisamment salée

Les coraux hermatypiques supportent des taux de salinité variant généralement entre 28 et 40 ‰, la plupart acceptant un taux de 34 à 36 ‰. En Floride, ce taux diffère selon les espèces ; ainsi, Porites accepte 33 ‰ et Siderastraea, 21 ‰. Le long des côtes d'Arabie et dans le golfe d'Aqaba, deux espèces vivent avec une salinité de 48 ‰. Au-dessous de 17 ‰ et au-dessus de 54 ‰, aucune espèce ne résiste plus de 24 heures.

Le taux de sédiments en suspension dans l'eau est un facteur limitant la vie du corail. Ainsi, dans les mers tropicales, certaines régions, où l'eau est trop trouble, sont dépourvues de récifs, comme la côte indienne et la côte de Panamá. Une faible quantité de sédiments peut être repoussée par l'action des cils vibratiles de chaque polype. Mais des bouleversements trop importants, comme un apport boueux dû à un cyclone ou à un dragage, causent de graves préjudices à une communauté récifale et entraînent la mort de nombreuses espèces. Quelques genres résistent à la turbidité de l'eau, tels Porites et Fungia, mais d'autres, comme Acropora, sont au contraire très vulnérables.

Les coraux plus indépendants

Les coraux qui ne construisent pas de récifs (ahermatypiques) s'adaptent généralement à tous les milieux marins, encore qu'ils semblent, pour la plupart, ne pas supporter de températures trop basses, non plus que de trop grandes variations au cours de l'année. Certains, beaucoup plus résistants, vivent à toutes les profondeurs. Ainsi, Fungia cyathus peut vivre entre 60 et 6 000 m et supporte des températures allant de 0,5 °C à 26,5 °C, et Desmophyllum cristagalli vit entre 20 et 2 500 mètres.

Très répandus dans les eaux tropicales, les coraux coloniaux non constructeurs de récifs sont plus rares au fur et à mesure qu'on se rapproche des pôles, et la profondeur qu'ils supportent diminue. Mais la taille de leurs colonies croît jusqu'à former des bancs, compensant ainsi la raréfaction des espèces.

Dans les eaux tropicales, deux types de coraux non constructeurs de récifs peuvent cohabiter : certains côtoient à faible profondeur des espèces constructrices (hermatypiques) dans des récifs existants, comme Fungia, Oculina, Dendrophyllia, et d'autres, plus largement répandus, prospèrent en eau plus profonde.

La plupart des coraux ahermatypiques fuient la lumière. Dans les zones trop éclairées, ils se réfugient au plafond des grottes et sur les surplombs. Seules certaines espèces méditerranéennes vivent aussi bien à la lumière que dans l'obscurité. La forme des colonies peut varier, les mouvements de l'eau et la nature du fond marin contrôlant en partie le développement et la morphologie du polypier.

La compétition pour l'espace

Certains crabes, algues et bivalves s'associent avec les coraux, forant des loges dans leurs hôtes sans les léser. Mais, le plus souvent, les coraux sont attaqués par toutes sortes d'animaux qui vivent sur les récifs : mollusques, oursins, mais aussi éponges ou bien encore, dans les Caraïbes, des anémones de mer qui s'approchent du corail et, avec leurs tentacules, détruisent leur partie vivante pour occuper la place.

Les poissons-perroquets qui broient le squelette du corail et les poissons-coffres qui l'arrachent avec leurs dents sont ses pires ennemis, avec l'étoile de mer Acanthaster planci qui, vorace, se nourrit de polypes, détruisant les récifs. Elles font l'objet d'une prédation par les tritons, de gros gastéropodes, mais ceux-ci sont en train de disparaître, parce que trop récoltés par l'homme.

Des organismes vivant dans le récif limitent le développement des coraux, allant jusqu'à les détruire en modifiant leur milieu : ainsi les balanes, qui se fixent sur eux, d'autres gastéropodes, des vers annélides et de petits crustacés, qui les perforent.

Les autres espèces de corail vivant sur le récif ne sont pas les seuls concurrents pour l'occupation de l'espace. Certaines algues, les algues calcaires rouges, ont besoin pour vivre des mêmes conditions que les coraux, et elles les supplantent en zones de fortes turbulences, en particulier sur la crête des récifs exposés à la houle.

Les coraux sont également sujets à de nombreuses maladies, dues à de nombreux micro-organismes (bactéries, virus, protozoaires, etc), auxquelles les coraux sont d'autant plus sensibles que les conditions du milieu sont altérées. Dans ce cas, toutes les espèces de corail vivant sur le récif peuvent être atteintes et des portions entières mourir. Un récif malade montre des bandes de diverses couleurs : blanches (c'est la maladie dite des bandes blanches), noires (maladie des bandes noires), jaunes (maladie des bandes jaunes), etc.

2. Zoom sur... les acropores

2.1. Acropores (Acropora)

Les formes ancestrales des coraux du genre Acropora sont apparues à l'éocène il y a environ 54 millions d'années. On estime à environ 140 le nombre d'espèces d'Acropora qui existent ; elles vivent en colonies sur presque tous les récifs coralliens, peuplant parfois des champs sous-marins immenses. Comme tous les coraux, Acropora est composé d'un squelette calcaire, le polypier, sur lequel repose la partie vivante, le polype. À la jointure avec le squelette externe, le polype sécrète en permanence du carbonate de calcium qui constitue son squelette ; c'est ainsi qu'il croît en hauteur.

En sectionnant le squelette au niveau d'une ouverture, ou calice, de l'un des individus de la colonie, on trouve à la périphérie l'enveloppe externe, ou muraille, qui entoure une cavité générale divisée en chambres creuses, séparées les unes des autres par des éléments calcaires, les septes. Ces septes, toujours multiples de 6, se rejoignent généralement au centre, tels les rayons d'une bicyclette, pour former la columelle, qui peut être absente. Pour consolider cette structure radiaire composée de compartiments creux, de minces lames transversales, les dissépiments, ou planchers, cloisonnent les chambres, créant en quelque sorte des étages.

La partie vivante du corail, le polype, se compose d'une cavité buccale cylindrique qui ouvre sur l'extérieur par une bouche, entourée et protégée par des tentacules. Ceux-ci portent les cellules urticantes (cnidoblastes) nécessaires à l'animal pour chasser ses proies et des cils servant à son nettoyage.

Les appareils digestif, respiratoire et génital ne sont pas bien différenciés. Tout se passe dans la cavité bucale. Les acropores branchus ont des polypes apicaux qui assurent la croissance en hauteur et des polypes radiaux qui construisent les branches en épaisseur. Sur le récif, les coraux Acropora se développent beaucoup plus vite que leurs voisins d'autres espèces.

La reproduction asexuée, qui consiste en la formation de nouveaux polypes par bourgeonnement extratentaculaire du polype apical, est très répandue chez les acropores.

Ces derniers se nourrissent surtout des produits issus de la photosynthèse des algues symbiotiques (zooxanthelles) qui vivent dans leurs tissus. Ils sont photoautotrophes. Lorsqu'ils absorbent le microzooplancton (les plus petits organismes vivants qui existent dans le zooplancton), abondant sur les récifs la nuit, mais qui migre le jour vers les profondeurs, leurs minuscules polypes de 1 à 2 mm de diamètre sont tous épanouis.

Les coraux Acropora sont hermaphrodites ou ont des sexes séparés. Sur la Grande Barrière de corail australienne, le rejet massif des gamètes des deux sexes dans le milieu marin a lieu une seule fois par an, autour de la cinquième nuit suivant la dernière pleine lune de printemps (un phénomène qui n'a été découvert qu'en 1982).

          

ACROPORA

Nom (genre) :

Acropora

Famille :

Acroporidés

Ordre :

Scléractiniaires

Classe :

Anthozoaires

Identification :

Souvent à branches ramifiées ou arborescentes, buissonnantes ou tabulaires, rarement encroûtantes ou submassives ; gradient de densité le long des branches

Taille :

De quelques centimètres à 2 ou 3 m de haut

Habitat :

Sur presque tous les récifs coralliens du globe

Répartition :

Mer Rouge, océan indo-pacifique jusqu'aux îles Hawaii et aux îles Marquises à l'est ; aux Antilles et sur les côtes de Floride (États-Unis)

Régime alimentaire :

Surtout des produits de la photosynthèse de ses algues, les zooxanthelles (photoautotrophes) ; microzooplancton

Structure sociale :

En colonies, sur récifs

Reproduction :

Sexuée par rejet massif des gamètes dans l'eau et asexuée par régénération des branches cassées et par bourgeonnement

Maturité sexuelle :

Variable en fonction des facteurs du milieu

Saison de reproduction :

Sexuée, par une nuit de pleine lune, 1 à 2 fois par an ; asexuée, toute l'année ; croissance : de 2 à 10 cm par an

Nombre de larves :

Des milliers, appelées planulas

Longévité :

Non déterminée ; larve : de quelques heures à quelques mois

Effectifs, tendances :

Genre de corail fragile et particulièrement sensible à la pollution ; parfois localement décimé

Statut, protection :

Non protégé en dehors des parcs et réserves

Remarque :

Acropora cervicornis peut croître de 26 cm par an à la Jamaïque (record)

 

2.2. Signes particuliers

Polype et polypier

Les tentacules et la cavité buccale (ou cavité gastrique), constituent l'essentiel du polype, ou partie vivante du corail. À l'intérieur de la couronne de tentacules, l'ectoderme est couvert de cils. Sur la partie du polype en contact avec le squelette, ou polypier, une sécrétion alimente ce dernier en calcaire. Le squelette comporte généralement une muraille à la périphérie. Six (ou un multiple de 6) septes rayonnent, formant partiellement des cloisons verticales. Horizontalement, les planchers, ou dissépiments, consolident la structure.

Polypes radiaux

Ils se situent autour de la branche dont ils assurent la croissance en épaisseur. Comme chez les polypes apicaux, seule leur ouverture est visible de l'extérieur. Chacun d'eux peut se transformer en polype apical si nécessaire.

Morphoses

Les transformations de la forme des coraux au cours de leur croissance, ou morphoses, sont dues surtout à la nécessité que ces animaux ont de s'adapter aux modifications du milieu. Les coraux du genre Acropora sont parmi ceux qui adoptent les formes les plus variées, la forme initiale étant branchue. Les morphoses les plus courantes sont : tabulaires (attachées au sol ou à la roche par un côté et ayant un pied central) ; arborescentes (branches verticales) ; en corymbe (petites branches courtes, verticales, issues de branches horizontales entrecroisées) ; buissonnantes (branches qui se réunissent selon des angles variés) ; digitées ; massives ; en goupillon (les polypes radiaux prennent l'aspect de petites branches courtes partant dans toutes les directions) ; encroûtantes (adhérant à une surface solide).

Polype apical

Un par branche. Il intervient dans l'élongation des branches et produit, par bourgeonnement, des polypes latéraux disposés de façon radiale. Les polypes apicaux des branches sans algues symbiotiques (zooxanthelles, blanches ou bleues) croissent plus vite.

3. Les autres espèces de coraux

Les coraux fréquentent tous les océans, des zones peu profondes aux grands fonds. Cependant, la plupart habitent les eaux chaudes des océans Indien et Pacifique.

La classe des anthozoaires – étymologiquement, « animaux-fleurs » – comporte deux sous-classes : les octocoralliaires et les hexacoralliaires. Les premiers ont 8 septes (ou un multiple de 8) plus ou moins développés ; on trouve dans ce groupe, entre autres, les « coraux mous », les gorgones et les « faux coraux » comme les coraux de feu ou le corail rouge. Les hexacoralliaires, à symétrie bilatérale, ont des polypes dont la cavité centrale est divisée en 6 loges (ou en un multiple de 6). Dans bien des cas, le nombre des loges correspond à celui des tentacules, qui en sont le prolongement. Les séparations, ou septes, sont plus ou moins nettes selon les espèces. Les hexacoralliaires regroupent les anémones de mer et les scléractiniaires, appelés aussi coraux vrais ou coraux durs.

Les coraux vrais, ou durs (ordre des scléractiniaires, 25 familles et environ 800 espèces) se divisent, en fonction de la structure du squelette (peu ou très perforé, compact, poreux), en 5 sous-ordres. Le bord des septes, plus ou moins lisse, est aussi un moyen d'identification.

Les 5 sous-ordres sont les suivants :

3.1. Astrocoeniina

3 familles.

Ce sont ceux qui ressemblent le plus aux formes de l'ère primaire.

Identification : coraux coloniaux ; squelette peu développé ; éléments radiaires souvent rudimentaires.

La plus importante famille constructrice de récifs, les acroporidés (genre type : Acropora), fait partie de ce sous-ordre.

Principaux représentants : Acropora, Montipora, Astraepora.

3.2. Fungiina

7 familles au total.

Identification : coraux solitaires ou coloniaux, à squelette poreux, et dont les calices sont souvent liés les uns aux autres par leurs septes.

Principaux représentants : la famille des poritidés représente la seconde famille par ordre d'importance pour la construction récifale avec Porites, Goniopora, Alveopora. La famille des fungiidés regroupe des formes solitaires aplaties, inféodées aux milieux récifaux avec Fungia et Cycloseris.

3.3. Faviina

9 familles.

Corail type de récif, bien que certaines formes soient solitaires. C'est le plus abondant en individus, bien qu'aucun des genres ne construise de récifs à lui seul.

Identification : formes le plus souvent récifales ; squelette compact bien développé.

Principaux représentants : parmi les formes récifales, Favia, Favites, Diploria, Leptoria, Manicina, Platygyra, Oulophyllia (famille des faviidés), Meandrina et Dendrogyra (famille des méandrinidés), très fréquents sur les récifs de la mer des Caraïbes ; parmi les genres non récifaux, Oculina (famille des oculinidés) est fréquent dans l'Atlantique est et ouest.

3.4. Caryophylliina

5 familles.

Identification : formes solitaires pour la plupart, certaines coloniales. Une seule sous-famille récifale. Coraux souvent très petits, à squelette entièrement compact.

Habitat : dans tous les milieux et à toutes les profondeurs. Seules formes que l'on puisse rencontrer sur les côtes françaises.

Principaux représentants : Caryophyllia (famille des caryophylliidés) et Flabellum (famille des flabellidés).

3.5. Dendrophylliina

1 famille.

Identification : squelette souvent très poreux.

Les dendrophylliidés sont solitaires comme Balanophyllia, Leptopsammia ou coloniaux comme Dendrophyllia. Les éléments radiaires de ces derniers ne sont pas disposés en rayons de roue de bicyclette comme chez les autres coraux, mais souvent par bouquets de 3, s'écartant les uns des autres depuis la muraille vers le centre de la cavité. Entre chaque bouquet, d'autres septes s'intercalent. Partant eux aussi de la muraille vers le centre, ils s'incurvent pour fusionner par leur autre extrémité avec les septes en bouquet de 3. On appelle cette disposition « plan de Pourtalès », du nom du naturaliste (Louis François de Pourtalès, 1824-1880) qui fut le premier à l'avoir décrite en 1860.

4. Les faux coraux

L'embranchement des cnidaires (ou cœlentérés) comprend, outre les coraux vrais ou durs, de nombreuses formes appelées également coraux dans le langage courant. Ces faux coraux se différencient notamment des coraux vrais par le nombre de leurs septes (8 ou multiples de 8 – ce sont des octocoralliaires –, alors que les coraux vrais en ont 6 – hexacoralliaires).

Ainsi les coraux de feu, comme Millepora, nommés de la sorte parce qu'ils provoquent des brûlures lorsqu'on les touche, qui vivent sur les récifs de l'océan indo-pacifique et de la mer des Antilles, ne ressemblent aux vrais coraux que par leur aspect extérieur. Ils possèdent des polypes spécialisés chacun dans une fonction particulière (alimentation, reproduction...).

Le « corail » rouge (Corallium rubrum) est le premier à avoir été découvert et baptisé corail. Seule espèce du genre Corallium, il se rencontre dans toutes les mers. Comme le « corail » bleu (Heliopora) qui a une répartition exclusivement tropicale, son nom vient de la couleur de son squelette. Le corail noir (ordre des antipathaires, genre type Antipathes), au squelette noir, compte de nombreuses espèces qui vivent surtout dans les récifs. C'est le faux corail le plus proche des coraux vrais et des anémones de mer.

Le groupe des « coraux mous » (ordre des alcyonaires) ne présente pas de squelette rigide, d'où leur nom de mous ; leur structure est maintenue par de simples spicules (petits bâtonnets) calcaires. Leurs couleurs comme leurs formes sont très diversifiées : en forme de champignon (Sarcophyton ou corail cuir), de coupe, de cerveau… Les Alcyon forment des colonies soyeuses appelées « mains de mer » ou « doigts de mort » en raison de leur aspect digitiforme.

Les gorgones (ordre des gorgonaires), qui sont aussi des octocoralliaires, ne ressemblent pas aux coraux. Ce sont des masses arborescentes charnues aux polypes nombreux, dont le squelette est en corne souple et non en calcaire, mais qui contient des particules calcaires.

5. Origine et évolution des coraux

Il y a environ 800 millions d'années apparaît le règne animal dans l'océan. Dans un milieu favorable, par suite de l'épanouissement des végétaux, la vie animale, 230 millions d'années plus tard, à la fin du précambrien, se diversifie de façon considérable (avant d'exploser littéralement au début du cambrien, il y a environ 545 millions d'années). Les mers, plus chaudes alors, sont peuplées de vers annélides, d'êtres ressemblant à des larves de mollusques, d'arthropodes et surtout de cnidaires (ou cœlentérés), ces animaux qui piquent leurs proies pour les paralyser, tels que les méduses, les hydres ou les coraux. Les fossiles retrouvés dans les terrains calcaires du paléozoïque (ère primaire) attestent l'existence de récifs coralliens à cette époque, en Amérique du Nord, en Russie, en Scandinavie et en Angleterre, notamment.

D'origine fort ancienne, les coraux ont peu évolué au cours des âges. Leurs organes sont disposés symétriquement par rapport à un axe ou à un plan central autour duquel leur corps est lui-même constitué. Fixés par leur squelette au rocher ou posés sur le fond marin, ils sont généralement incapables de se déplacer par leurs propres moyens et déploient autour d'eux leur frange de tentacules.

À l'origine, les coraux primitifs sont le plus souvent solitaires. Très tôt cependant, au cours de l'ère primaire (il y a entre 670 et 250 millions d'années), ils sont de plus en plus nombreux à former des colonies et à construire des récifs. On distingue alors les tabulés, aujourd'hui disparus, des tétracoralliaires. Les coraux durs actuels, qui forment l'ordre des scléractiniaires, apparaissent dès le début de l'ère secondaire. Il est très difficile d'établir le lien entre les coraux du primaire et les scléractiniaires du secondaire (de - 250 à - 65 millions d'années), car les rares vestiges de terrains marins de cette époque charnière de la fin du primaire ont été décapés par l'érosion ou broyés par des mouvements tectoniques.

Au moins 400 genres et 4 000 espèces de coraux peuplaient les mers du tertiaire, mais les glaciations du début du quaternaire et la dégradation générale du climat ont entraîné de nombreuses disparitions. On estime qu'il existe actuellement dans le monde 800 espèces de coraux et environ 200 genres.

6. Les coraux et l'homme

Par sa méconnaissance de la fragilité de l'équilibre écologique des récifs coralliens, l'homme a provoqué, depuis le xixe siècle, la dégradation, puis la disparition de nombreux récifs.

6.1. La pêche sur les récifs en Océanie

Une foule d'espèces végétales et animales utilisent l'environnement créé par les coraux ; l'homme n'étant que le dernier maillon d'une longue chaîne alimentaire qui commence avec le zooplancton, nourriture des coraux.

L'un des groupes d'animaux récifaux les plus abondants et les plus importants économiquement sont les poissons, nombreux, variés, souvent comestibles. Ils ont donné lieu à l'invention de techniques de pêche spécialisées. Ainsi, les Alifuriens, population de pêcheurs des îles Maldives, emploient les restes de la pêche précédente pour attraper des crabes qu'ils écrasent. Avec cette bouillie, ils appâtent des carrelets, ces grands filets carrés, dans lesquels ils capturent des poissons de petite taille, conservés vivants dans le fond des barques. Ces poissons jetés par poignées sur le banc corallien attirent les bonites que les hommes pèchent avec une ligne munie d'un simple crochet galvanisé.

Sur les bancs de coraux, d'autres pratiquent la pêche avec des harpons de bois, l'eau limpide leur offrant une parfaite visibilité. Dans de nombreuses îles, comme à Wallis-et-Futuna, au nord-est des Fidji, sans les récifs, les populations de pêcheurs seraient privées de ressources alimentaires et leur survie deviendrait impossible.

6.2. Diverses utilisations du corail

Le corail fait partie intégrante de la vie quotidienne et spirituelle des populations vivant près des récifs et a donné naissance à de nombreux rites. Ainsi, aux îles Samoa, dans la maison du chef, le sol est souvent en corail pilé. On le recouvre ensuite de petits cailloux et de nattes. En Océanie, lors des rites d'initiation, dans les îles de la Société, il faut marcher pieds nus sur des squelettes de corail rougis au feu.

Les pêcheurs plongent et récoltent des colonies de coraux qui sont ensuite vendues brutes ou travaillées en bijoux.

L'arrivée des Occidentaux dans ces régions a transformé l'activité artisanale locale en activité industrielle. Rien n'est négligé pour exploiter à fond les récifs coralliens. Ils sont brisés, à coups d'explosifs notamment, pour alimenter un commerce fort lucratif.

Un débouché beaucoup plus intéressant réside dans l'utilisation chirurgicale du squelette de corail réduit en poudre. Il a en effet été démontré que cette poudre est tout à fait compatible avec les os humains et peut ressouder des os fracturés sans qu'il y ait rejet.

6.3. Fluorescence des récifs

Dans la mer Rouge, l'océan Indien et le Pacifique tropical, les récifs couvrent encore aujourd'hui des surfaces considérables.

Émettant en permanence certaines radiations, les coraux de récifs sont visibles dans l'obscurité. Dans les zones les plus superficielles du récif, le corail bloque ainsi les radiations ultraviolettes transformant leur longueur d'onde pour les rendre utilisables par leurs algues symbiotiques. Dans les zones peu éclairées, la fluorescence change les radiations bleues, les seules à subsister en profondeur, en radiations rouges, là aussi pour la photosynthèse.

6.4. La grande barrière de corail australienne

La Grande Barrière, qui s'étire sur plus de 2 000 km au large de la côte nord-est de l'Australie, est le plus long complexe corallien du monde et l'une des merveilles naturelles du monde. Elle ne forme pas une muraille continue, mais consiste en une collection de récifs-barrières, de récifs frangeants et d'atolls. Ce paradis tropical, habité par des milliers d'espèces, aurait environ 500 000 ans d'âge. Il est malheureusement menacé aujourd'hui dans son existence même par toutes sortes de pollutions et par l'exploitation touristique intense dont il est l'objet.

6.5. Des recherches scientifiques et économiques intensives

Jusqu'au xviiie siècle, les coraux solitaires étaient inconnus et les coraux récifaux connus des seuls navigateurs à cause des dangers qu'ils représentaient. Il semble bien que le capitaine James Cook (1728-1779)  soit l'un des premiers Occidentaux à avoir découvert les récifs de l'océan indo-pacifique, qu'il décrit avec minutie dans son journal de bord. Ce n'est qu'à la fin du xviiie siècle que ces organismes commencent à intéresser les naturalistes.

En 1801, Lamarck publie son Système des animaux sans vertèbres, dans lequel il traite des coraux fossiles et actuels. Mais les études écologiques sur les récifs ne commencent qu'au xxe siècle. En 1928, sous la direction de Charles Maurice Yonge, a lieu la première expédition pluridisciplinaire sur la Grande Barrière d'Australie. Et, en 1969, sont organisés les premiers symposiums internationaux sur les récifs coralliens. La mer Rouge et l'océan Indien ont été notamment explorés par le commandant Jacques-Yves Cousteau, à bord de la Calypso, les récifs de Madagascar par les chercheurs français de la station marine d'Endoume (Marseille), qui ont créé la station marine de Tuléar. L'O.R.S.T.O.M. (Office de la recherche scientifique outre-mer ; devenu en 1998 l'IRD, Institut de recherche pour le développement) développe son laboratoire de Nossi-Bé, au nord-ouest de Madagascar. La Nouvelle-Calédonie et les îles Loyauté sont explorées grâce au financement de la Fondation Singer-Polignac, puis dans le cadre d'une convention O.R.S.T.O.M.-C.N.R.S. La Polynésie française est étudiée par l'École pratique des hautes études et le Muséum national d'histoire naturelle.

Aujourd'hui, la recherche se poursuit dans toutes les régions du monde abritant des récifs coralliens. L'ensemble de la communauté internationale a pris conscience de la richesse des récifs coralliens, et des nombreuses menaces qui pèsent sur elles.

Dans un autre domaine, des recherches sont actuellement en cours pour déterminer ce qui compose le sous-sol des récifs coralliens fossiles. Ceux-ci affleurent parfois la surface, comme ceux existant au large de l'Inde. Ils sont riches en matières organiques et pourraient recéler du pétrole.

6.6. Le corail rouge

C'est au corail rouge (Corallium rubrum), qui n'est pas un corail vrai, que les coraux doivent leur nom, car il est le premier à avoir été découvert. Dans l'Antiquité, les Anciens le regardent comme une pierre précieuse et lui attribuent de merveilleuses vertus. Les Romains le portent en amulettes. Cet ornement réputé agréable aux dieux est attaché en collier au cou des nouveau-nés pour les préserver des maladies contagieuses. Le corail rouge entre dans la composition de diverses préparations destinées à conjurer le malheur. Pour les Gaulois, qui en décorent leurs casques et boucliers, le corail rouge broyé et mélangé à de l'eau ou du vin est un remède miracle.

Le corail provient actuellement des côtes occidentales de la Méditerranée, du golfe de Biscaye, des Canaries, de Malaisie, du Japon, d'Australie et des îles Hawaï. Le grand centre européen de diffusion se trouve en Italie, à Torre del Greco, dans la région de Naples. Le corail est travaillé à la scie, au couteau, à la lime, au foret. Aujourd'hui, il est rarement facetté comme autrefois, mais taillé en cabochon et sculpté en objets d'art. Mais sa rareté a fait monter les prix à des hauteurs vertigineuses. C'est pourquoi il est de plus en plus souvent remplacé par du plastique rouge, du verre coloré, de la corne, du corozo (noix d'un palmier d'Amérique tropicale), du gypse, du marbre pulvérisé coloré par du cinabre ou du rouge de plomb, et aggloméré par de la colle de poisson. Souvent, il est réduit en poudre qu'on lie ensuite avec de la résine.

En France, le corail rouge est récolté en plongée autonome. Les autres techniques, qui consistent à racler les fonds à l'aide de barres ou de poutres attachées à des bateaux (comme la technique dite de la croix de Saint-André), provoquant des dégâts considérables sur les écosystèmes, sont interdites (de même que dans de nombreux autres pays).

Le corail rouge est fertile à petite taille (2 à 3 cm à peine), mais sa croissance est très lente. Pour cette raison, la surpêche entrave son renouvellement ; sur certains sites trop exploités, il a totalement disparu. Cependant, le corail rouge n'est pas une espèce menacée, mais ses stocks doivent être gérés.

6.7. Coraux en aquarium

Les coraux sont des organismes difficiles à maintenir en milieu artificiel. Pour survivre, il leur faut des conditions, notamment de salinité et de luminosité, très précises. Pendant longtemps, il était impossible de les élever. Ce n'est que dans les années 1980, à la faculté des Sciences de l'université de Nice, qu'un Français, M. Jaubert, découvre le premier procédé permettant de faire vivre et croître les coraux en aquarium ; en 1989, il recrée le premier massif corallien grandeur nature (qui prospère encore aujourd'hui), dans un aquarium de 40 000 litres au Musée océanographique de Monaco.

D'autres techniques ont depuis été mises au point et, aujourd'hui, plus de 150 espèces de coraux durs (scléractiniaires) peuvent être maintenues en aquarium. Il est aussi possible de reproduire les colonies de façon asexuée. Des chercheurs sont également parvenus à reproduire certaines espèces de façon sexuée.

L'amélioration des techniques devrait permettre, dans un futur proche, la reproduction de nombreux coraux en aquarium, ce qui permettra de limiter les prélèvements dans la nature.

6.8. Les coraux en danger

Certains coraux croissent en hauteur de 30 à 50 mm par an et d'autres de 10 à 30 mm seulement, lorsqu'ils vivent dans de bonnes conditions. Avec l'augmentation du tourisme, ces animaux, très sensibles à la pollution, sont, depuis quelques années, menacés.

L'accroissement des littoraux (routes, remblais…), la construction de complexes hôteliers polluants, la présence de plongeurs et de touristes non informés qui piétinent et détruisent les coraux par inadvertance s'ajoutent à l'exploitation industrielle des récifs pour menacer leur survie. Les marées noires sont également fatales au corail si le pétrole se dépose sur ses polypes. La déforestation constitue elle aussi, de façon indirecte, une menace : laissant les sols à nus, elle provoque une érosion qui entraîne le dépôt de sédiments sur les récifs, rendant les eaux troubles et diminuant la luminosité.

Autre danger, et non des moindres : le réchauffement climatique. En effet, l'augmentation de la température globale des eaux affecte de nombreuses espèces de coraux récifaux, qui ne peuvent vivre que dans des fourchettes de température très précises. Des eaux de température légèrement trop élevées provoquent la mort des algues symbiotiques des coraux (les zooxanthelles), entraînant un phénomène connu sous le nom de blanchiment corallien. Si la situation se poursuit, la portion de récif touchée finit par mourir. Selon le P.N.U.E. (Programme des Nations unies pour l'environnement), un tiers des coraux auraient déjà disparu à cause du réchauffement des eaux tropicales.

Il est difficile de prévoir avec précision l'avenir des récifs coralliens, mais quelque 10 % des récifs mondiaux pourraient d'ores et déjà être condamnés, et 30 % menacés de façon sérieuse. Les conséquences écologiques globales de la disparition complète de la surface du globe des récifs coralliens, qui comptent parmi les écosystèmes les plus riches de la planète, sont inconnues, mais pourraient être dramatiques.