coati roux

Coati
Coati

Ce petit animal agile à la longue queue annelée habite l'Amérique du Sud. Bon grimpeur, il appartient, comme son cousin le raton laveur, à la famille des procyonidés.

Introduction

On retrouve des traces des premiers mammifères carnivores au tout début de l'ère tertiaire. Au paléocène, il y a 60 millions d'années, apparaît la famille des miacidés. Ce groupe donne, avant de s'éteindre il y a environ 40 millions d'années, trois grandes familles de carnivores, à l'origine de celles qui existent actuellement. Animaux forestiers de petite taille, probablement arboricoles, ils se distinguent par leurs quatre dents carnassières, aptes à déchiqueter la viande, et sont répandus en Eurasie et en Amérique du Nord, qui, à l'époque, formaient un bloc.

Au début de l'oligocène, il y a environ 35 millions d'années, une branche des carnivores se divise pour donner d'une part les ursidés (ours) et les canidés (chiens, loups) actuels, et d'autre part les procyonidés, auxquels appartiennent les coatis. Les plus anciens fossiles de procyonidés connus datent du début du miocène, il y a environ 20 millions d'années. Ils ont été trouvés en Amérique du Nord. L'un d'eux, Bassariscus, qui ressemble un peu à un chat sauvage, existe encore aujourd'hui. Sa dentition est intermédiaire entre celle des canidés et celle des procyonidés typiques, ce qui souligne l'origine commune aux deux familles.

Un autre procyonidé fossile d'Amérique du Nord, Phlaocyon, présente lui aussi, dans la morphologie du crâne, des caractères communs aux canidés et aux procyonidés. C'est probablement l'ancêtre des ratons laveurs. Des restes d'animaux de cette famille, comme Cyonasua, proche du coati, ont également été trouvés en Amérique du Sud. Un peu plus récents, ils datent d'environ 10 millions d'années. Or, à cette époque, l'Amérique du Sud était une île, puisque l'Amérique centrale était encore sous les eaux. Les ancêtres sud-américains du coati, naufragés involontaires, arrivèrent donc sans doute sur des radeaux naturels.

Les procyonidés regroupent environ 18 espèces actuelles, dont l'aire de répartition s'étend sur la quasi-totalité du Nouveau Monde, du sud du Canada au nord de l'Argentine. Trois sont des coatis : le coati roux et le coati brun, très semblables si ce n'est par la couleur de leur pelage, et le coati de montagne.

La vie du coati roux

Un emploi du temps bien programmé

Diurne, le coati roux est actif du lever du jour à la tombée de la nuit. Il se retire le soir dans des gîtes situés dans des arbres. Ainsi, des coatis observés dans l'île de Barro Colorado, une réserve naturelle au Panamá, avaient des horaires très réguliers : ils sortaient de leur retraite nocturne une demi-heure environ avant le lever du soleil pour n'y retourner qu'à la nuit, une demi-heure après le coucher du soleil. Toutefois, les heures du début du repos nocturne varient plus que celles du réveil. Par exemple, lorsque les coatis trouvent une nourriture très appétissante,  ils en profitent le plus longtemps possible.

Le matin, le coati passe une quinzaine de minutes à sa toilette et à ses besoins naturels. Ensuite, sa journée se partage entre la recherche de nourriture et les siestes. Celles-ci ont lieu le plus souvent à la mi-journée, pendant les heures chaudes. La durée de la sieste varie, selon les ressources, de 10 min par jour quand la nourriture se fait rare, à 3 heures quand elle existe à profusion.

Une espèce très communicative

Le coati a une structure sociale complexe, unique chez les procyonidés. Les femelles et les jeunes – mâles et femelles – vivent en groupes ; les mâles adultes sont solitaires et ne rejoignent les femelles que pendant la période de la reproduction.

Pour maintenir la cohésion sociale, les coatis possèdent un répertoire de communication à la fois auditif, visuel et olfactif. Ainsi, les jeunes et la mère échangent entre eux des séries de petits cris aigus. Quand les membres du groupe se trouvent éloignés les uns des autres, ils ne cessent de grogner pour maintenir le contact. Leurs grognements deviennent plus forts, plus perçants et plus rapides lorsqu'ils manifestent leur inquiétude face à une situation insolite, ou qu'ils se sentent menacés ; ils fouettent alors l'air de leur queue, qu'ils balancent de droite à gauche.

Des affrontements brefs et rares

Il arrive que les coatis se montrent menaçants à l'égard d'un mâle solitaire qui essaie d'approcher une femelle de leur groupe, mais ces attitudes agressives alternent souvent, et sans transition, avec des postures de soumission. L'animal s'accroupit alors et pointe le museau vers le sol, la tête entre les pattes de devant : il indique qu'il répugne à entamer le combat. Puis le coati dresse sa queue ou il la pointe vers son congénère en signe d'apaisement ou pour l'inviter à un épouillage cordial. Les conflits finissent rarement par une bataille en règle.

Un acrobate hors pair dans les arbres

C'est dans les arbres que les coatis se réfugient pour dormir, faire la sieste ou s'accoupler. Pour dormir, l'animal s'allonge sur une grosse branche, la tête posée sur les pattes de devant, ou bien se blottit en rond sur une fourche ou une plate-forme naturelle formée par un amas de lianes et de branchages, le museau enfoui dans la queue. Les arbres choisis pour le sommeil ou les siestes sont en général assez grands et touffus. Les coatis y accèdent facilement grâce à des lianes ou à des arbustes.

D'une grande agilité dans les arbres, le coati, au signal d'un danger, court se cacher au sol. Il descend le long des troncs, la tête en bas, en plantant ses griffes dans l'écorce. Ses pattes postérieures sont des outils extraordinaires pour le freiner lors de sa descente : en effet, non seulement elles peuvent se retourner à 180°, mais elles possèdent aussi des griffes plus pointues et plus incurvées que celles des pattes antérieures. La queue, non préhensile, n'en est pas moins utile : maintenue dans le prolongement du corps, elle sert de balancier et permet à l'animal de conserver son équilibre.

En dépit de son poids, ce fin grimpeur progresse également avec aisance sur de tout petits rameaux. Pour passer d'un arbre à l'autre, il peut choisir de sauter ou d'assurer une prise en agrippant avec ses pattes antérieures l'une des branches de l'arbre voisin avant de lâcher son point d'appui.

Lorsqu'il adopte une attitude agressive, le coati relève le museau, découvre les dents en poussant de forts grognements, couche les oreilles en arrière et tend la queue. Bien que d'un naturel plutôt pacifique, il se querelle parfois avec des animaux de son groupe ou de groupes voisins pour de la nourriture, par exemple. Les mâles solitaires peuvent également être pris à partie, voire mordus s'ils essaient de courtiser une femelle du groupe.

Persévérant, il manque rarement sa proie

L'alimentation du coati, omnivore, est des plus éclectiques. Selon l'abondance de la nourriture, ses longues randonnées journalières varient de 1,5 à 7 km. Le coati passe son temps à explorer la litière sous les arbres, à la recherche de petits animaux, s'arrêtant de temps à autre, pour happer ici un mille-pattes ou amorcer là un petit galop pour attraper une sauterelle qui s'envole. Il renifle à droite et à gauche, fouine dans les feuilles, gratte la terre de ses griffes puissantes, retourne les cailloux et les branches mortes, enfonce son museau dans les trous et les agrandit en creusant à l'aide de ses pattes, comme le font les chiens.

Toutes les petites proies lui sont bonnes : insectes, araignées, vers, crabes, grenouilles, lézards, rongeurs, y compris sous forme de charogne pour ces derniers. Son odorat lui est plus utile que sa vue pour détecter ses proies, qu'il devine sans coup férir jusqu'à 30 cm et plus dans le sol. C'est un animal persévérant qui attrape sa proie presque à coup sûr, dût-il passer une demi-heure à s'ensevelir dans le sol, jusqu'à y disparaître complètement.

En dehors de ces petits animaux, le coati se nourrit aussi de fruits, de préférence mous. Dans la forêt de Barro Colorado, au Panamá, ont été recensées 32 espèces de plantes dont les fruits sont comestibles pour le coati, mais il y en existe sans doute davantage. Certains de ces fruits, comme les figues, sont disponibles toute l'année. Les coatis apprécient aussi les fruits des palmiers, dont ils extraient la pulpe en cassant la coque dure.

Une insatiable gourmandise

Tantôt les fruits sont ramassés au sol, tantôt ils sont cueillis directement dans l'arbre. Souvent, dans une même bande, certains coatis restent à terre tandis que leurs compagnons grimpent dans les branches. Les jeunes, en particulier, préfèrent profiter des fruits que les adultes font tomber en se déplaçant dans un arbre. Quand les rameaux sont trop fins pour supporter son poids, le coati les tire à lui et les maintient avec les mains, tandis qu'il saisit le fruit avec sa gueule. Il peut aussi se dresser sur ses pattes arrière pour l'attraper au-dessus de sa tête ! En fait, peu de fruits lui échappent. Pour manger, le coati maintient le fruit avec les mains contre une branche pendant qu'il déchiquette la pulpe avec ses griffes et ses dents. Les plus petits fruits sont avalés directement, la graine pouvant, selon sa taille, être recrachée ou avalée avec la pulpe.

Un omnivore opportuniste

Un omnivore opportuniste



Le coati se nourrit de ce qu'il trouve. Dans la réserve de Barro Colorado, au Panamá, ce sont les fruits qui constituent l'essentiel de son régime entre février et août, au début de la saison des pluies. Durant cette période où la cueillette est fructueuse, les coatis passent plus de temps à s'alimenter dans les arbres qu'au sol. Ils ont aussi davantage de temps pour le repos. Le reste de l'année, les fruits sont plus rares, et le coati devient surtout insectivore, passant presque toute sa journée au sol.

Quand le mâle cherche un harem

La complexité de la structure sociale de l'espèce se retrouve dans la reproduction. Le coati a une saison de reproduction par an, et la période des accouplements dure d'un à deux mois. Au Panamá, elle s'étend de la mi-janvier à la mi-mars, au début de la saison sèche. En Arizona, elle coïncide avec le début du printemps, en avril.

Pendant cette période, les femelles, d'ordinaire agressives envers les mâles adultes, s'amadouent quelque peu. De leur côté, les mâles, solitaires le reste de l'année, rejoignent les groupes et restent associés à eux pendant toute la saison. Un groupe est rejoint par un seul mâle pour toute la durée de la période de reproduction, et s'accouple avec toutes les femelles reproductrices. Mais, s'il est trop jeune ou trop vieux, il ne pourra pas se reproduire.

Les mâles restés solitaires, d'abord chassés par les femelles adultes et le mâle en place quand ils s'approchent des bandes, ont aussi des conflits entre eux ; certains, d'ailleurs, portent de sérieuses blessures. À l'intérieur des groupes, en revanche, les échanges amicaux (épouillages mutuels, simulacres de combats ou même tentatives d'accouplements entre mâles presque adultes) s'intensifient.

Des femelles dominantes et actives

Le mâle reproducteur est totalement sous le joug des femelles adultes : en cas de dispute, il a toujours le dessous. Il les épouille et dort avec elles dans les arbres. C'est également dans les arbres, le plus souvent pendant la nuit, qu'ont lieu les accouplements. Ceux-ci ne sont précédés d'aucun préliminaire, sinon une brève séance d'épouillage.

Après une gestation de sept à huit semaines en moyenne, la mère met au monde de trois à cinq petits. Une dizaine de jours avant la mise-bas, la femelle quitte le groupe pour rester pendant quelque temps solitaire. Elle construit plusieurs nids parmi lesquels elle en choisit finalement un pour mettre au monde les petits, qui sont accueillis sur une couche moelleuse de rameaux feuillus. Ils y passeront six semaines, jusqu'à ce qu'ils soient assez forts pour suivre la bande dans ses déplacements. Durant cette période, la mère ne tolère aucun intrus à proximité, pas même ses jeunes de l'année précédente. D'après des observations effectuées sur des animaux en captivité, les petits à la naissance mesurent de 25 à 35 cm, dont 10 à 11 cm pour la queue, et pèsent de 100 à 180 g. Leurs yeux sont fermés et ne s'ouvrent qu'au bout de 10 jours. L'appareil auditif commence à fonctionner à 14 jours. Le coati naît sans dents.

Bientôt les nouveau-nés se déplacent autour du nid, d'abord maladroitement puis avec de plus en plus d'assurance, lançant des séries de cris aigus quand ils sont dérangés. Pendant toute cette période, la mère partage son temps entre le nid où elle allaite et toilette sa progéniture et les environs immédiats.

Dans la nature, c'est vers six semaines que les petits sont prêts à rejoindre le groupe. Les bandes, éclatées après le départ des femelles en gestation, se reforment. Comme la période des accouplements est brève, les portées quittent le nid presque en même temps. Après quelques jours de rencontres mi-amicales mi-agressives, les femelles se rassemblent de nouveau.

Pour tout savoir sur le coati

Coati roux (Nasua nasua)

De la taille d'un renard, le coati commun, ou coati roux, se reconnaît aisément à son long nez mobile et à sa queue annelée qu'il tient souvent dressée à la verticale. La fourrure est épaisse et soyeuse, et sa coloration est fréquemment brun-roux sur le dos, mais peut aussi être brune, grise ou noire. Le coati peut changer de coloration entre deux mues, sans que cela dépende ni de l'âge ni du sexe. On peut ainsi trouver dans une même troupe des coatis de couleurs différentes.

Pendant longtemps, on a pensé que le coati brun et le coati roux étaient deux sous-espèces de la même espèce. On distingue aujourd'hui deux espèces : le coati brun (Nasua narica), gris-brun avec le bout du museau blanc, qui se rencontre dans le sud des États-Unis (Arizona), au Mexique, en Amérique centrale et dans le nord de l'Amérique du Sud, et le coati commun ou coari roux (Nasua nasua), habituellement de couleur fauve et au museau noir, dont l'aire de répartition occupe une grande partie de l'Amérique du Sud. À l'inverse, le coati de Cozumel (qui vit sur l'île de Cozumel, située près de la péninsule du Yucatán, au Mexique), longtemps considéré comme une espèce à part entière (Nasua nelsoni), est désormais plutôt inclus dans l'espèce Nasua narica, le coati brun.

Le coati a de bonnes facultés de thermorégulation ; il supporte des températures pouvant varier de plus de 30 °C à environ 0 °C. Son métabolisme basal (l'énergie consommée au repos) est particulièrement bas pour une espèce de cette taille, et, quand la température baisse, il est en mesure d'augmenter son isolation thermique, réduisant ainsi sa consommation d'énergie.

Omnivore, le coati a un système digestif simple, non spécialisé. La dentition n'est pas aussi tranchante que chez les carnivores stricts comme les félins, mais plutôt apte à broyer la nourriture : les dents sont nombreuses (40, contre 30 chez les félidés) ; les carnassières ne sont pas particulièrement aiguisées et ressemblent aux autres molaires, larges et aplaties.

L'absence de spécialisation de cet animal, à la fois marcheur et grimpeur, se retrouve dans la morphologie des pattes. Comme les ours ou comme l'homme, le coati est plantigrade, c'est-à-dire qu'il pose la paume des mains et la plante des pieds à plat sur le sol lorsqu'il se déplace. Les doigts, au nombre de cinq par patte, sont de longueur sensiblement égale et portent tous de fortes griffes typiques de l'espèce, allongées, presque droites à l'avant, incurvées à l'arrière. Pour marcher ou trotter, le coati déplace alternativement chacune des quatre pattes, en diagonale. Quand il court, en revanche, il avance simultanément les deux pattes avant puis les deux pattes arrière, en arquant le dos. Rapide et endurant, il peut atteindre des pointes de 30 km/h et courir pendant trois heures s'il est poursuivi par des chiens.

La queue n'est pas préhensile, mais sert de balancier quand l'animal progresse dans les branches. Les coatis peuvent aussi faire des bonds de plusieurs mètres pour passer d'un arbre à un autre. Dans l'eau, ils nagent tels des chiens, redressant leur museau comme un périscope miniature. Ils ne s'y jettent cependant jamais spontanément.

Comme beaucoup de mammifères, le coati a une vue moyenne. Il se fie surtout à son ouïe et à son odorat. Il possède au-dessus de l'anus une zone glandulaire sécrétant des substances odorantes. Associées à d'autres substances odorantes telles que celles contenues dans l'urine, elles constituent la carte d'identité du coati.

          

COATI ROUX ou COATI COMMUN

Nom (genre, espèce) :

Nasua nasua

Classe :

Mammifères

Ordre :

Carnivores

Famille :

Procyonidés

Identification :

Museau allongé, mobile ; queue longue avec des anneaux plus ou moins visibles ; corps généralement roux, pouvant aller du gris au brun foncé ; museau noir ; menton blanc, un anneau blanc autour des yeux ; tache blanche sur les joues ; griffes fortes et allongées

Taille :

Tête et corps de 45 à 70 cm, queue de 40 à 60 cm ; mâles plus grands que les femelles

Poids :

De 3 à 7 kg ; mâles plus lourds que les femelles

Répartition :

Amérique du Sud, du Venezuela et de la Colombie au nord de l'Argentine et de l'Uruguay ; de 0 à 2 500 m d'altitude

Habitat :

Forêt tropicale humide

Régime alimentaire :

Invertébrés, fruits, petits vertébrés

Structure sociale :

Groupes matriarcaux, mâles adultes solitaires

Maturité sexuelle :

À 3 ans chez les mâles, à 2 ans chez les femelles

Saison de reproduction :

Au printemps en région tempérée, en saison sèche en région tropicale

Durée de gestation :

De 7 à 8 semaines

Nombre de jeunes par portée :

De 3 à 5 petits de 25 à 35 cm, pesant de 100 à 180 g

Longévité :

14 ans dans la nature, plus de 17 ans en captivité

Statut :

Non menacé (préoccupation mineure), mais effectifs en baisse

 

Signes particuliers

Nez

Son nez pointu est allongé en une petite trompe. Le nez levé exprime une menace.

Griffes

Les doigts des quatre pattes sont munis de griffes puissantes. Celles des pattes avant, allongées, servent au coati à gratter le sol ou à retourner pierres et bois mort. Celles des pattes arrière, recourbées, fournissent un point d'appui solide quand le coati descend le long des troncs d'arbres, la tête la première.

Queue

Aussi longue que le corps, la queue est ornée d'anneaux clairs, quelquefois pratiquement invisibles. Souvent dressée en un véritable panache, elle permet aux coatis de se repérer les uns les autres au sol quand le groupe se disperse. Elle sert également de balancier quand le coati se déplace dans les arbres. L'animal balance sa queue de droite et de gauche quand il est inquiet.

Crâne et dents

Le coati a des dents d'omnivore, nombreuses (40) et peu spécialisées. À la différence des carnivores typiques comme les félins, les dents carnassières, c'est-à-dire les dernières prémolaires supérieures et les premières molaires inférieures, ressemblent beaucoup aux autres molaires. Leur surface est bosselée, permettant de broyer des petites proies. Les canines, longues et en lame de couteau, peuvent être utilisées pour couper les racines quand l'animal fouille le sol. La musculature des mâchoires n'est pas très puissante, comme le révèle la morphologie du crâne, qui est fin et allongé.

Glandes anales

Au-dessus de l'anus, la zone glandulaire est constituée d'un ensemble de petites poches qui s'ouvrent à l'extrémité de l'intestin. Chez tous les autres procyonidés, à l'exception du kinkajou, ce sont de vrais sacs glandulaires, moins nombreux mais plus développés. Les substances odorantes sécrétées par les glandes anales contiennent des informations qui permettent aux coatis, en se flairant, de se reconnaître entre eux.

Les autres procyonidés

La famille des procyonidés, dont fait partie le coati roux, regroupe 18 espèces réparties en sept genres. Les procyonidés ont un corps effilé, d'assez petite taille, une longue queue et un museau allongé, à l'exception du kinkajou. Ils sont plantigrades ou semi-plantigrades, selon les espèces. Les coatis mis à part, tous sont nocturnes et solitaires. Ils peuvent vivre de 10 à 15 ans en captivité, parfois jusqu'à 20 ans ou plus, comme c'est le cas du kinkajou (dans la nature, leur longévité dépasse rarement 7 ans). La plupart de ces espèces sont florissantes, mais certaines sont très menacées.

Les coatis

Il existe trois espèces de coatis, dont le coati roux, Nasua nasua.

Coati brun (Nasua narica)

Identification : ressemble au coati roux, mais avec une fourrure gris-brun.

Répartition : sud des États-Unis (Arizona, Nouveau-Mexique), Mexique et Amérique centrale, extrême nord de l'Amérique du Sud (dans le nord-ouest des Andes).

Statut : espèce non menacée, mais ses effectifs sont en diminution.

Coati de montagne (Nasuella olivacea)

Identification : analogue au coati roux, mais taille plus petite. Longueur totale de 60 à 70 cm, dont 20 à 25 cm pour la queue. Poids de 1 à 1,5 kg. Corps gris-brun, anneaux de la queue brun sombre sur un fond jaunâtre, bien visibles.

Répartition : Andes de l'Ouest, du Venezuela à l'Équateur. Espèce montagnarde habitant les forêts et les savanes broussailleuses, froides et relativement sèches, à une altitude de 2 000 à 4 000 m.

Comportement : plus terrestre que le coati roux. En particulier, il semble qu'il niche au sol et non dans les arbres.

Statut : effectifs inconnus, données insuffisantes.

Les olingos

Le genre Bassaricyon comporte 5 espèces : Bassaricyon gabbii (Colombie, Costa Rica, Équateur, Nicaragua, Panama), Bassaricyon pauli (Panamá), Bassaricyon lasius (Costa Rica),  Bassaricyon beddardi (Guyana et frontière Venezuela-Brésil) et Bassaricyon alleni (Équateur, Pérou, Venezuela).

Olingo de Gabbi (Bassaricyon gabbii)

Identification : taille de 75 à 90 cm de longueur, dont 40 à 50 cm pour la queue. Poids de 1 à 1,5 kg. Fourrure épaisse et soyeuse. Corps gris-brun sur le dessus, jaunâtre en dessous. Queue plus foncée à l'extrémité avec des anneaux.

Répartition : forêts tropicales, du niveau de la mer à 2 000 m ; Amérique centrale et nord-ouest de l'Amérique du Sud, du Nicaragua au Venezuela et à l'Équateur.

Comportement : arboricole, excellent grimpeur, peut faire des bonds de 3 m d'un arbre à un autre.

Alimentation : fruits, insectes et petits vertébrés.

Statut : préoccupation mineure.

Le kinkajou

Unique représentant du genre Potos, le kinkajou ressemble beaucoup aux olingos.

Kinkajou (Potos flavus)

Identification : de 90 à 110 cm de longueur, dont la moitié pour la queue. Poids de 1,5 à 3 kg. Museau court et queue préhensile et sans anneaux.

Répartition : forêts de basse altitude, du sud du Mexique au nord de l'Argentine, où il est commun.

Comportement : on a longtemps pensé que les kinkajous, arboricoles, étaient des animaux solitaires, mais plusieurs études menées à partir des années 2000 ont montré qu'il n'en est rien. La structure sociale de base typique est constituée par une femelle et deux mâles (dont un dominant), et par leur progéniture – les observations ont montré que la femelle s'accouple généralement avec le mâle dominant (qui copule également hors du groupe), mais parfois aussi avec l'autre mâle. Contrairement aux autres procyonidés, le kinkajou n'a pas de « sacs à odeurs » autour de l'anus, mais des plaques glandulaires sur le menton, la poitrine et le ventre : il frotte ces parties du corps sur les objets pour déposer son odeur. Les marquages odorants servent de points de repère au cours des déplacements nocturnes et comme stimulation pour l'accouplement.

Alimentation : surtout frugivore. Mais, avec sa langue très longue, il lèche le nectar des fleurs et peut-être le miel.

Statut : préoccupation mineure, mais effectifs en baisse.

Les bassaris

Il existe deux espèces de bassaris, du genre Bassariscus. Très semblables morphologiquement, elles diffèrent surtout par leur aire de répartition.

Bassarus rusé (Bassariscus astutus)

Animal de compagnie agréable, apprécié des anciens pionniers de l'Ouest : il chassait les souris dans les maisons et accompagnait parfois les mineurs à leur travail. De là son surnom de « chat des mineurs » (miner's cat).

Identification : taille totale inférieure à celle du coati commun, de 60 à 80 cm, dont la moitié pour la queue. Poids de 0,8 à 1,3 kg. Pelage uniformément gris-brun, avec un anneau blanc autour des yeux. Queue épaisse, annelée de brun et de blanc. Oreilles pointues et griffes semi-rétractiles.

Répartition : sud-ouest des États-Unis et Mexique en général, avec une préférence pour les habitats rocheux et secs. Depuis le début du siècle, l'espèce semble étendre son aire vers le sud-est et le centre des États-Unis.

Comportement : terrestre et arboricole. Excellent grimpeur ; comme le coati, il peut retourner son pied à 180°.

Statut : préoccupation mineure.

Cacomistle (Bassariscus sumichrasti)

Identification : semblable au bassaris rusé, mais un peu plus grand : la taille est de 80 à 100 cm. Oreilles arrondies et griffes non rétractiles.

Répartition : forêts sèches d'Amérique centrale, depuis le sud du Mexique jusqu'au Panamá.

Comportement : plus arboricole que le précédent.

Statut : préoccupation mineure.

Milieu naturel et écologie

Espèces originaires des tropiques humides et exclusivement américaines, les coatis voient probablement leur aire de répartition limitée à la fois par le froid et par la sécheresse. Le coati roux se rencontre essentiellement dans les forêts tropicales humides, primaires (quand elles existent encore) ou secondaires (dégradées par l'homme), en plaine ou en montagne (jusqu'à 2 500 m). Le coati brun vit dans des habitats plus variés : outre les forêts tropicales, on le trouve dans les forêts tempérées de feuillus et de conifères, plus sèches et plus froides, ou encore dans les savanes à boisement clairsemé et jusqu'aux steppes buissonnantes, à la limite du désert. Tous les milieux lui sont bons pourvu qu'ils comportent un minimum de végétation boisée.

Les populations du coati brun

En Arizona, d'après l'Américain Dirk Lanning, les coatis bruns ne dépassent pas un ou deux individus pour 100 ha. Daniel Janzen avance la même estimation pour les forêts tropicales sèches de l'Amérique centrale. Dans l'île de Barro Colorado, au Panamá, en revanche, John Kaufmann a compté entre 25 et 40 coatis sur la même superficie. Peut-être parce que l'île est petite et que les animaux peuvent difficilement s'échapper. Dans les grandes forêts, les bandes sont généralement plus importantes, mais avec des domaines vitaux plus étendus.

Le coati brun est arrivé aux États-Unis à la fin du xixe siècle.

De rares ennemis

En dehors de l'homme, les coatis (brun et roux) ont peu de prédateurs. Ses principaux ennemis sont les rapaces, les félins et les serpents de grande taille. Philip Welles a trouvé un coati brun mort, attaqué par un aigle, en Arizona. Des restes de coatis roux ont été décelés dans des crottes d'ocelots et de jaguars analysées par Louise Emmons, au Pérou. I. Sanderson, lui, a repéré des poils de coatis dans l'estomac d'un boa.

Au Costa Rica, le chercheur Daniel Janzen a assisté à la mise à mort d'un coati par un prédateur. Alerté par les cris aussi soudains qu'aigus d'une troupe de coatis, il a vu un boa en train d'enrouler ses anneaux autour d'un coati, tandis que les compagnons de ce dernier harcelaient le prédateur avec force coups de patte et de dents. Ces secours n'ont pas empêché l'infortunée victime de finir étouffée en une dizaine de minutes.

Nourriture et reproduction

La quantité de nourriture disponible influe sur la quantité de jeunes au sein d'une population, l'espèce régulant sa reproduction d'une année sur l'autre selon l'abondance de nourriture. James Russell a suivi pendant cinq ans la population de coatis de l'île de Barro Colorado, au Panamá. Il a constaté que, lors des plus mauvaises années du point de vue alimentaire, plus de la moitié des femelles sexuellement matures ne se reproduisent pas.

Le coati et l'homme

Un animal agile et intelligent

Occupant des milieux très variés, les coatis sont chassés et souffrent de la disparition de leur habitat. Ils ne sont, aujourd'hui encore, pas menacés, mais ils se raréfient.

Pris comme animal de compagnie

Explorant l'Amazone au début du xxe siècle, le naturaliste anglais R. Bates constatait que les coatis figuraient, à côté des singes et des perroquets, parmi les animaux capturés jeunes et transportés dans les bateaux sur ce fleuve. Les jeunes ne sont nullement agressifs (ce qui n'est pas toujours le cas pour les adultes qui, eux, se rebellent lorsque, par exemple, on les dérange pendant leur repas). Comme ils mangent de tout, ils sont aussi faciles à nourrir. Intelligents, ils peuvent apprendre certains tours : un coati avait été dressé à faire le mort quand son maître imitait le bruit d'un coup de fusil...

Le coati se reproduit facilement en captivité, raison pour laquelle on peut le trouver dans de nombreux parcs zoologiques à travers le monde.

Pas encore menacés, mais pas en sécurité pour autant

Le coati brun et le coati roux sont chassés, dans certaines régions, pour leur viande et/ou pour leur peau. S'il est acculé, l'animal se défend avec une rare efficacité. D'après Pierre Grenand, ethnologue français qui a séjourné dans les années 1970 chez les Wayãpi en Guyane, le coati roux est le seul carnivore que ce peuple accepte de consommer. Aux États-Unis, les coatis sont aussi victimes de pièges posés pour d'autres espèces, ainsi que des empoisonnements destinés à des ravageurs ou des prédateurs persécutés, comme le coyote.

À côté de la chasse que leur fait l'homme, les coatis – bien qu'ils soient capables de se maintenir dans des forêts assez dégradées – souffrent de la disparition de leur habitat (déforestation, expansion urbaine, etc.). Ils jouent un rôle écologique capital dans le contrôle des populations d'insectes.

Rayé ou solitaire

Coati, l'un des deux noms brésiliens de l'animal, vient de l'appellation indienne kwasi, devenu couachi en créole guyanais. Selon R. Bates, ce mot signifierait « rayé » et ferait référence aux anneaux de la queue de cet animal. Au Costa Rica, l'espèce s'appelle pizote ; en Arizona, chulo.

L'autre appellation utilisée au Brésil est coatimundi (« coati solitaire » en langue guarani). Ce deuxième nom s'explique par le fait que les premiers biologistes, abusés par la différence de mode de vie des mâles solitaires et des femelles vivant en groupes, ont cru qu'ils avaient affaire à deux espèces différentes.

En 1766, le zoologiste suédois Linné donne, dans son Systema naturae, un nom scientifique à l'espèce. Mais, à l'époque, ce savant rangeait les coatis avec les civettes ; il distinguait deux espèces, l'une à queue de couleur uniforme, Viverra narica, l'autre, Viverra nasua, à queue annelée. Un peu plus tard, en 1780, le coati a été classé par Storr, un autre zoologiste, dans un genre à part, le genre Nasua.