Maurice de Vlaminck, poème sur la guerre 1914-1918

Maurice de Vlaminck, poème sur la guerre 1914-1918

« Et pas une ne criait :« assez  ! »

«  Les hommes partirent, les femmes pleurèrent,
Mirent les chaussettes dans la musette,
Le pain, le saucisson et le kilo de vin,
Mais ne dirent rien.
Elles écrivirent : "N'attrape pas froid  !
Ça durera trois mois."
Et l'infirmière attendait le blessé comme le boucher.
Et pas une ne criait "Assez  ! ".
Le poilu était le parent pauvre, donc de province
Un an après le vieux grand-père à la campagne
Elles envoyaient du chocolat ou encore du tabac.
Pas une ne disait" Assez  ! Reviens.  ".
Les uns avaient assassiné Jaurès,
Les autres avaient plus faim de curés.
On mangeait du boche dans le communiqué.
Jeanne, Alice et Marie flirtaient avec l'Anglais, les Américains.
Et pas une ne disait "Assez  ! Reviens.  "
Prisonnier, amputé, mort, ou peut-être encore disparu,
Patient, le poilu est revenu.
Mais les femmes ne l'attendaient plus.  »

Institut National de l'Audiovisuel