unicité

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Formé sur l'adjectif « unique », du latin unicus, lui-même dérivé de unus, « un », et apparu chez Saint Simon (1730).

Logique, Philosophie de la Religion

Modalité particulière de l'unité, en un sens non seulement quantitatif mais aussi qualitatif, qui s'oppose non pas tant à la pluralité numérique qu'à la multiplicité ontologique.

H. Cohen montre qu'avec le monothéisme juif se constitue l'idée d'un Dieu chez qui l'unité se double d'unicité : « L'unité de Dieu ne peut être le sens le plus profond du monothéisme. Elle n'est jamais que son expression négative qui caractérise sa différence par rapport au polythéisme. [...] L'unicité a un sens positif. Elle aussi prend en charge les concepts d'être et de Dieu ; mais, désormais, c'est une stricte identité qui régit leurs rapports(1) ». C'est cette unicité qui commande la séparation radicale de Dieu et du cosmos ou de la nature, distinguant par là le monothéisme du panthéisme. L'unicité fonde également l'unité et l'universalité de la morale, par laquelle le monothéisme se distingue aussi bien du polythéisme que du panthéisme. En tant, en effet, qu'elle recouvre la séparation de Dieu et du monde, elle assure, par là même, la distinction de la morale et de la nature. En tant qu'elle s'oppose à la multiplicité, elle garantit enfin l'universalité des valeurs morales, contrairement au polythéisme, au sein duquel les dieux ne sauraient être unis dans leur règne.

Sophie Nordmann

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Cohen, H., Religion de la raison tirée des sources du judaïsme, chap. I, §§ 10-11, PUF, Paris, 1994.