tempérance

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin temperantia.

Philosophie Antique, Philosophie Médiévale

Une des quatre vertus cardinales qui consiste en la modération des désirs.

L'éloge de la tempérance et la défiance à l'égard de la démesure (hybris) caractérisent déjà la pensée présocratique. Platon définit la tempérance (sophrosunè) comme « une sorte d'ordre (cosmos) et d'empire (enkrateia) sur les plaisirs »(1). Cette définition présuppose un dualisme intrapsychique, source possible de conflits internes. Cette vertu morale est aussi politique, puisque l'homme individuel est semblable à une petite cité. Elle désigne dans les deux cas l'harmonie d'un tout dont les parties s'accordent pour que la meilleure commande.

Aristote opère une triple réduction de la notion par rapport à Platon : il la cantonne dans un usage exclusivement moral ; il n'y voit qu'un contrôle des plaisirs « que l'homme possède en commun avec les animaux »(2) ; il la dissocie de la maîtrise de soi (enkrateia) en laquelle il ne voit pas une vertu(3).

Saint Thomas d'Aquin, considérant – après Aristote – que la tempérance ne concerne que l'homme individuel, l'estime inférieure aux autres vertus cardinales(4), mais rejoint la thèse platonicienne selon laquelle la présence d'une vertu appelle celle de toutes les autres.

Sylvie Solère-Queval

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Platon, République, IV, 430 e ; Gorgias, 491 d.
  • 2 ↑ Aristote, Éthique à Nicomaque, III, 13.
  • 3 ↑ Ibid., VII, 1.
  • 4 ↑ Thomas d'Aquin (saint), Somme théologique, II, 2, q ; 141, a ; 8.

→ justice, vertu