statistique

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin status, « état », aussi bien au sens d'un État que de l'état d'un système.

Épistémologie, Mathématiques

Suite de données numériques concernant un ensemble d'êtres, d'objets ou de faits ayant un ou plusieurs caractères communs.

On doit distinguer la statistique descriptive de la statistique inductive. La première semble présenter moins de difficultés conceptuelles, dans la mesure où elle exprime des connaissances empiriquement rassemblées et ne s'avise pas, en principe, d'amplifier les connaissances dont on dispose a priori, même si elles étaient cachées et implicites. Historiquement, il s'est agi, d'abord, de comptabiliser des populations et certains événements qui leur adviennent (naissance, mariage, éducation, etc.) ; le vocabulaire de la statistique reste tributaire de cette origine (on parle d'une population de particules...). Le but de cette statistique descriptive est une description synthétique de données nombreuses, à l'aide de représentations adaptées (histogrammes, courbes, etc.) et d'outils mathématiques pertinents (moyenne, mode, variance, écart type, corrélation, etc.). On ne doit pas sous-estimer la richesse des mathématiques mobilisées dans les méthodes statistiques, comme, par exemple, la théorie des espaces vectoriels, qui permet d'associer des combinaisons linéaires de variables en fonction de leur corrélation. L'usage des ordinateurs a décuplé la puissance des méthodes statistiques.

La découverte des régularités statistiques, comme la distribution des sexes à la naissance, a suggéré des interprétations finalistes, puisqu'il semblait qu'on pouvait découvrir des déterminations cachées à l'œuvre dans la nature.

La statistique inductive, ou l'« art de conjecturer », comme disait Jean Bernoulli (1713), est l'autre versant de ces méthodes : allant de l'échantillon à la population entière, elle constitue l'archétype de la procédure inductive. À partir d'une statistique descriptive sur quelques individus, elle infère le comportement ou les propriétés d'un ensemble plus vaste, qui présente des caractéristiques communes avec l'échantillon de départ. Les polémiques sur la validité de cette ampliation relèvent des débats généraux liés au problème de l'induction. Quoi qu'il en soit, on admet que cette statistique inductive permet de « s'instruire par l'expérience », selon l'expression de Jeffrays (1939)(1). Les méthodes statistiques inductives se sont installées au cœur des méthodes inductives dans les sciences de la nature en validant la logique du probable, laquelle devant permettre de canaliser et de contrôler la tendance spontanée à la généralisation.

Vincent Jullien

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Fagot, A., « Statistiques », in Encyclopédie philosophique universelle, « Les notions », PUF, 1990, vol. 2, p. 2455 b.