référentiel

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


La physique classique définit des systèmes de coordonnées spatiales (Galilée) que la relativité (Einstein) généralise en référentiels spatio-temporels ; des analogies de méthode sont proposées en sciences humaines (Gonseth).

Épistémologie

Système de coordonnées auquel se rapporte l'évaluation d'événements ou de trajectoires.

La controverse autour de l'héliocentrisme de Copernic mit en lumière l'importance du référentiel (le mouvement « apparent » du soleil est relatif au référentiel terrestre) et le critère de la simplicité calculatoire pour choisir le mieux adapté aux phénomènes. Galilée détermine les transformations de coordonnées linéaires entre référentiels en relation de translation rectiligne uniforme (référentiels galiléens). À la suite des aberrations de l'expérience de Michelson et Morley, Lorentz propose de nouvelles transformations, et Poincaré suppute la relativité de l'espace et du temps. La relativité restreinte (1905) intègre la quatrième dimension : le référentiel est un événement dont la perspective contemporaine (cône de lumière) est limitée par l'effet d'horizon de la constante c. La relativité générale adopte une métrique non euclidienne (espace-temps riemannien) et un référentiel curviligne. Un système de référence adapté permet à chaque échelle la connaissance « objective » des phénomènes(1).

Le référentiel désigne par analogie une perspective dans un horizon de réalité : « Un système intégré de référence ayant le pouvoir d'orienter et d'infléchir l'ensemble presque intégral des jugements, des décisions et des activités du sujet. »(2). Pour Gonseth, le référentiel n'est toutefois pas propre à l'individu, il est transindividuel et perfectible : « Une mutation de référentiel peut s'accompagner d'un progrès dans l'objectivité du jugement et dans la justesse des comportements. »(3). Le « temps historique » impose, selon Panofsky, d'associer à tout référentiel objectif une échelle d'observation(4). En physique théorique, la relativité d'échelle propose d'intégrer la résolution au référentiel en tant que dimension d'échelle(5).

Vincent Bontems

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Tonnelat, M. A., Histoire du principe de relativité, Flammarion, Paris, 1971.
  • 2 ↑ Gonseth, F., le Référentiel univers obligé de médiatisation, L'Âge d'homme, Lausanne, 1975, p. 146.
  • 3 ↑ Ibid.
  • 4 ↑ Panofsky, E., la Perspective comme forme symbolique, Minuit, Paris, 1975, pp. 223 à 233.
  • 5 ↑ Nottale, L., la Relativité dans tous ses états, Hachette, Paris, 1998.

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