prohairesis

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Mot grec signifiant « choix préférentiel » ou « choix préalable », de hairesis, « choix », et pro, « de préférence » ou « avant ».

Philosophie Antique

1. Chez Aristote, « désir délibératif des choses qui dépendent de nous »(1). – 2. Chez Épictète, faculté de choisir entre le bien et le mal, le vrai et le faux(2). – 3. De façon générale, « la prohairesis est le fait de choisir et de sélectionner une chose au lieu d'une autre, quand deux sont proposées »(3).

En raison de ses deux étymologies possibles, les interprètes ne s'accordent pas sur le sens du terme. La notion de « choix préférentiel » semble toutefois plus conforme aux analyses d'Aristote. La prohairesis résulte de la délibération ; elle concerne comme celle-ci les moyens de l'action(4) et c'est à elle que l'on juge de la qualité morale de quelqu'un(5).

Contrairement à Aristote, qui distingue le choix de l'opinion(6), Épictète en fait une faculté qui régit l'ensemble des facultés psychiques, désir, impulsion et assentiment, de sorte que même l'opinion relève de cette faculté de choix. Seule la prohairesis est en notre pouvoir, contrairement au corps et aux biens extérieurs. Elle est le moi(7).

La prohairesis est une des formes antiques de la notion de volonté.

Jean-Baptiste Gourinat

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Aristote, Éthique à Nicomaque, III, 5, 1113 a 9-11 ; Éthique à Eudème, II, 10, 1226 b 16-17.
  • 2 ↑ Épictète, Entretiens, I, 17, 21-24.
  • 3 ↑ Souda, art. « prohairesis ».
  • 4 ↑ Aristote, Éthique à Nicomaque, III, 4.
  • 5 ↑ Aristote, Éthique à Eudème, II, 11, 1228 a 2-4.
  • 6 ↑ Aristote, Éthique à Nicomaque, III, 4, 1111 b 30-1112 a 13.
  • 7 ↑ Épictète, op. cit., III, 1, 40.
  • Voir aussi : Aubenque, P., la Prudence chez Aristote, ch. III, § 2, Vrin, Paris, 1963.

→ libre arbitre, volonté