immédiat

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».

Philosophie Générale

Désigne ce qui est donné à l'expérience ou à la pensée sans intermédiaire.

Sont dites immédiates les données qui se présentent à la conscience sans médiation aucune, c'est-à-dire dans une vérité qui ne renvoie à rien d'autre qu'elle-même. Ces données sont dites immédiates en deux sens : d'une part, comme élément de l'évidence naturelle ininterrogée, dans laquelle la conscience adhère spontanément à ses contenus comme seuls vrais ; d'autre part, comme décision de la pensée qui examine ses propres contenus en omettant délibérément la double question de leur provenance métaphysique et de leur transformation par un appareil perceptif. Dans la première direction, l'immédiateté représente la naturalité naïve d'une conscience qui n'a pas encore atteint le stade de la réflexion sur ses propres contenus. Une des plus anciennes tâches que la philosophie s'est assignée consiste alors à désavouer l'immédiateté au profit du travail réfléchissant (ainsi chez Hegel l'immédiat qualifie l'évidence sensible qui n'est pas encore concept, qui n'est pas passée par la médiation du négatif pour devenir une véritable connaissance(1)). Dans la seconde direction, c'est au contraire dans l'effort même de la réflexion que la conscience découvre en elle une sphère d'immédiateté radicale qui résiste à la médiatisation. L'immédiat désigne alors un champ d'étude particulier, ouvert par Descartes : celui de la présence immanente de la conscience à ses propres pensées (« par le mot de penser, j'entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l'apercevons immédiatement par nous-mêmes »(2)).

Sébastien Bauer

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Hegel, G., Phénoménologie de l'Esprit, A, I, « La certitude sensible », tr. J.P. Lefebvre, Paris, Aubier, 1991.
  • 2 ↑ Descartes, R., Principes de la Philosophie, I, 9, édition Adam & Tannery, Paris, Vrin-CNRS, 1996, p. 28.
  • Voir aussi : Bergson, H., Essai sur les données immédiates de la conscience, éd. 1997, PUF, Paris.

→ connaissance, intuition, sensibilité