falsifiabilité

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin falsum, « faux ».

Épistémologie, Philosophie des Sciences

Propriété d'une théorie ou d'une thèse de pouvoir être réfutées par l'expérience.

Dans la philosophie des sciences de K. Popper, le critère de falsifiabilité permet de distinguer les disciplines scientifiques comme la théorie de la relativité, qui n'énoncent que des thèses falsifiables, des pseudo-sciences comme la psychanalyse ou le matérialisme historique, dont les thèses ne sont pas falsifiables(1). Popper accepte la critique humienne de l'induction et soutient que le caractère scientifique d'une hypothèse ou d'une théorie ne peut jamais provenir de confirmations empiriques. Il insiste sur la dissymétrie logique entre confirmation et réfutation. Alors que l'observation de faits impliqués par une hypothèse ne permet pas de la justifier, l'observation de faits incompatibles avec elle la réfute logiquement. La méthode scientifique doit donc consister non à multiplier les confirmations, mais à formuler des hypothèses risquées, capables d'être réfutées par l'observation ou l'expérimentation. Les hypothèses ayant résisté à la réfutation lors de tests expérimentaux sont nommées « corroborées » par Popper. S'il est rationnel selon lui de préférer ces hypothèses à celles qui ne le sont pas, ce n'est pas en raison d'un raisonnement inductif, et surtout pas parce qu'elles seraient plus probables que les hypothèses rejetées.

La philosophie contemporaine des sciences a remis en question la dissymétrie entre confirmation et réfutation sur laquelle repose le critère de falsifiabilité. P. Duhem(2), suivi en ceci par Quine(3), a insisté sur le fait qu'on ne pouvait jamais tester empiriquement une hypothèse théorique isolée : c'est toujours une hypothèse théorique accompagnée d'hypothèses auxiliaires, donc d'un « morceau de théorie », qu'on teste. Si ces auteurs ont raison cependant, l'observation de faits incompatibles avec les prédictions d'une hypothèse ne permet pas de la réfuter, mais de réfuter la conjonction de l'hypothèse et des hypothèses auxiliaires. On peut toujours réagir à la découverte d'une réfutation en modifiant les hypothèses auxiliaires plutôt que l'hypothèse théorique testée. Du point de vue logique, il y a donc symétrie et non dissymétrie entre confirmation et réfutation.

Pascal Ludwig

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Popper, K. R., la Logique de la découverte scientifique, Payot, Paris, 1973.
  • 2 ↑ Duhem, P., la Théorie physique, son objet, sa structure, Vrin, Paris, (rééd.), 1981.
  • 3 ↑ Quine, W. V. O., « Les deux dogmes de l'empirisme », in P. Jacod (dir.), De Vienne à Cambridge, Gallimard, Paris, 1980.

→ confirmation (théorie de la), faillibilisme, faux, hypothèse, réfutabilité