déchéance

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


En allemand : Verfallen.

Ontologie

Chez Heidegger, mode d'être du Dasein quotidien immergé dans le monde ambiant.

Cet existential caractérise l'être inauthentique du Dasein, sans avoir le sens péjoratif d'une chute, mais en désignant la situation habituelle d'identification au monde de la préoccupation.

La déchéance traduit l'hégémonie du On : le bavardage définit le mode quotidien du parler ; la curiosité, celui de la compréhension, et l'équivoque, celui de la disposition. Se constitue ainsi l'apparence selon laquelle l'ouverture du Dasein pourrait lui conférer sûreté et vérité. L'être-au-monde déchu est rassurant, poussant par là même à la frénésie de l'affairement, organisant l'illusion d'une compréhension universelle. Mais il est aussi aliénant, car le pouvoir-être propre du Dasein lui échappe. Loin d'être une face nocturne du Dasein, la déchéance le constitue dans sa quotidienneté. Elle est un concept ontologique du mouvement, mouvement par lequel le Dasein tourne le dos à lui-même pour s'immerger dans le monde. L'origine de cette immersion est la fuite du Dasein devant son pouvoir-être authentique. Or, celui-ci, ne faisant que fuir devant lui-même, reste confronté à soi, ouvrant la possibilité de l'angoisse comme contre-mouvement par rapport à la déchéance.

Jean-Marie Vaysse

Notes bibliographiques

  • Heidegger, M., Sein und Zeit (Être et Temps), § 38, Tübingen, 1967.

→ angoisse, authentique, Dasein, être-jeté, on