animalisation

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».

Biologie

Processus par lequel ce qui n'est pas de l'ordre de l'animalité le devient : (1) par transformation, dans le passage de l'inerte au vivant ; (2) par réduction d'une partie de soi-même, pour une vie humaine qui ne consisterait plus qu'en vie organique.

Dans le premier cas, il s'agit d'acquérir une âme (souffle de vie). Dans le second, il s'agit de la perte de l'âme, considérée comme attribut humain, et / ou de la privation d'une disposition à l'humanité (devenir brutus).

La première perspective (Essais et observations de médecine, 1742, où apparaît « animaliser ») est pensée comme un processus d'assimilation : de la poudre de marbre transformée en humus, puis en plante et finalement en chair(1)... Sachant que c'est par la sensation et le désir qu'Aristote déterminait l'animalité de l'être pourvu d'une âme (De Anima II, 2-3), animaliser c'est actualiser de la matière sensible. Ce peut être aussi, littéralement, revenir à l'état animal par diminution des aptitudes du corps humain qui, simultanément, infirme la vie véritablement « humaine », celle de l'esprit. Lorsque par la terreur et la superstition le tyran isole ses sujets tout en les soumettant à une discipline qui exclut toute résistance, il transforme la société en « troupeau » et réduit l'humain aux seules fonctions animales(2).

La seconde perspective exprime, au sein de la politique, une limite et / ou une tendance à son extinction, corrélative de celle de l'homme lui-même. À partir de la Phénoménologie de l'esprit (et de l'identité homme-négativité), Kojève posait l'enjeu de la fin de l'histoire : déification ou animalisation ? En 1948, il écrit que le retour de l'homme à l'animalité (dans un monde pacifié sans négativité ni manque, sans liberté ni individualité) est une « certitude déjà présente »(3).

Laurent Bove

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Diderot, D., Entretien entre d'Alembert et Diderot, Garnier-Flammarion, Paris, 1973, p. 39.
  • 2 ↑ Spinoza, B., Traité politique, V, 4-5, 1677, trad. É. Saisset, révisée par L. Bove, Le livre de poche, « Classiques de la philosophie », Paris, 2002.
  • 3 ↑ Kojève, A., Introduction à la lecture de Hegel (1947), Gallimard, « Tel », Paris, 1979, pp. 436-437 et 492, note 1.