Stéphane Grappelli

Violoniste et pianiste de jazz français (Paris 1908-Paris 1997).

Il crée en 1934 avec Django Reinhardt le quintette de cordes du Hot Club de France, forme un groupe en Angleterre avec le pianiste G. Shearing (1939-1946) puis revient en France où il joue avec Django avant de commencer une carrière de soliste international (1950). Pendant plus de 50 ans, il fut le principal ambassadeur du jazz français. Parmi ses enregistrements, citons : Dinah (avec Django Reinhardt, 1934), Minor Swing (1937), Willow weep for me (1965), Tea for Two (1970), Improvisations (avec Martial Solal, 1980), Anniversary Concert (1983), Live (1992).

Depuis son premier engagement professionnel en 1918 jusqu'aux concerts célébrant son quatre-vingtième anniversaire, Stéphane Grappelli aura promené son violon magique dans le monde entier, soulevant auprès de publics divers un enthousiasme perdurant. Avec cette soif de vivre et de créer inextinguible, ce jeu lyrique et romantique, ce sens du swing et de l'improvisation qui ne le quitte jamais, il est depuis plus de cinquante ans le plus populaire des violonistes de jazz, celui qui le premier, en compagnie de Django Reinhardt, contribua à l'émergence d'un jazz français, européen, avec le Quintette du Hot-Club de France. Adaptant plus le violon au jazz que le jazz au violon, il aura su préserver la spécificité classique de l'instrument, brodant (comme il le disait) sur des thèmes de gracieux motifs fleuris (à l'image de ses chemises), sans complaisance ni routine, donnant un air de fête à tout ce qu'il joue.

Dans sa jeunesse, il joue dans les rues et les cours d'immeubles, fait son apprentissage dans des orchestres de cinéma, remplaçant parfois le pianiste, et débute en 1927 dans l'orchestre de Grégor et ses Grégoriens. Il retrouve Django Reinhardt, qu'il avait déjà rencontré, dans l'orchestre de Louis Vola à l'hôtel Claridge et avec lui formera, en 1934, le célèbre Quintette. Durant la guerre, Stéphane, resté à Londres, jouera avec le pianiste George Shearing et, à l'occasion, avec Fats Waller et Duke Ellington. Le 31 janvier 1946, dans un studio londonien, Django et lui marqueront leurs retrouvailles en faisant swinguer une Marseillaise qu'ils intituleront Echoes of France. Le Quintette est reconstitué, mais, en 1947, Grappelli entreprend une carrière de soliste. À la tête de petites formations, il se produit de concerts en festivals : Newport (1969), Montreux (1973), plusieurs fois à Antibes, le public du Carnegie Hall de New York lui réservant un triomphe en 1974. Fidèle à ses accompagnateurs comme le guitariste Marc Fosset (« le partenaire idéal ») et les contrebassistes Jack Sewing et Patrice Caratini, il aura comme partenaires occasionnels les pianistes Oscar Peterson et Martial Solal (avec qui il enregistre pour la première fois en 1980) et les guitaristes Philip Catherine et Larry Coryell. Aimant croiser l'archet avec ses confrères, Stéphane enregistra avec Eddie South- une version swing du premier mouvement du Concerto en ré mineur de J.-S. Bach-, Joe Venuti, Stuff Smith, Jean-Luc Ponty, Didier Lockwood et un Yehudi Menuhin médusé par cet improvisateur hors du commun.

Moins connus sont ses incontestables talents de pianiste qui reflètent son goût pour la musique de Ravel et de Debussy.

Django Reinhardt, Liebestraum n° 3, 1937
Django Reinhardt, Liebestraum n° 3, 1937
Stéphane Grappelli, le 20 janvier 1984, interview
Stéphane Grappelli, le 20 janvier 1984, interview