Olivier Rolin

Écrivain français (Boulogne-Billancourt 1947).

Un militant d’extrême gauche

Après une enfance au Sénégal, Olivier Rolin fait de brillantes études à Paris, au lycée Louis-le-Grand puis à l’École normale supérieure. Diplômé en lettres et en philosophie, il prend ensuite activement part aux événements de mai 1968 : membre de l’organisation maoïste la Gauche prolétarienne (GP), il en dirige la branche armée clandestine, la Nouvelle Résistance Populaire (NRP). De la lutte violente de partisans, un texte qu’il fait paraître anonymement dans les Cahiers de l’organisation en mai 1970, témoigne de cet engagement et de la stratégie mise en place pour lancer le plan d’action de la violence révolutionnaire.

La Gauche prolétarienne, qui prônait des interventions symboliques (enlèvements, embuscades) et désirait entraîner la classe ouvrière française dans la guerre civile de manière durable, s’auto-dissoudra en 1973 devant la répression policière, la pression bourgeoise et populaire (mouvement antimilitaire du Larzac). En 1972, l’assassinat des athlètes israéliens par un commando palestinien lors des jeux Olympiques de Munich avait déjà conduit la GP à prendre ses distances avec le terrorisme. Dans Objections contre une prise d’armes, qu’il publiera sous le pseudonyme d’Antoine Liniers dans l’ouvrage collectif Terrorisme et Démocratie (sous la direction de François Furet, 1985), Olivier Rolin reviendra sur cet épisode de l’histoire et exposera sa vision, celle d’un militant qui ne cautionne pas une idéologie révolutionnaire susceptible d’antisémitisme.

De la littérature comme distanciation

Après ces années de fureur animées par le souffle de l’utopie romantique, Olivier Rolin connaît un profond désenchantement. La lecture de Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline éveille sa conscience littéraire.

Éditeur au Seuil (1978), il se tourne progressivement vers l’écriture pour démêler son passé d’activiste et comprendre son passage de la radicalité politique à l’inquiétude créatrice. Vivant la littérature comme « une école de scepticisme », il découvre la nuance et l’ambiguïté, alors étrangères à son ancienne conception manichéenne du monde. Cette réflexion sur l’histoire, le temps et l’action donne naissance à un premier roman, Phénomène futur (1983).

Depuis, parallèlement à une activité de journaliste pour Libération et le Nouvel Observateur, Olivier Rolin poursuit une œuvre cosmopolite qui allie la méditation mélancolique et l’autodérision ironique, aussi bien à travers des romans (Bar des flots noirs, 1987 ; l’Invention du monde, 1993) que des essais empruntant la forme du carnet de voyage (En Russie, 1987 ; Sept Villes, 1988 ; Mon galurin gris, 1997 ; Paysages originels, 1999) et même un dialogue (la Langue, suivi de Mal placé, déplacé, 2000).

C’est en 1994, avec Port-Soudan, que le romancier accède à la notoriété publique. Le livre, couronné par le prix Femina, entraîne son lecteur sur les traces d’un ancien révolutionnaire en exil à Port-Soudan sur la mer Rouge, un homme pris entre un passé épique et baroque et une époque contemporaine qu’il juge vulgaire, coupée de ses racines historiques et gangrenée par la société marchande. Ce thème, pratiquement obsessionnel, sera repris avec des variantes dans Méroé (1998) et Tigre en papier (2002). Après Suite à l’hôtel Crystal (2004), dont les différentes histoires ont pour décor des chambres d’hôtel du monde entier, Olivier Rolin publie Un chasseur de lions (2008, d’après le tableau d’Édouard Manet daté de 1881), un roman d’aventures qui fait revivre la figure médiocre de l’aventurier Eugène Pertuiset.