Pocahontas

Amérindienne de la confédération Powhatan (Werowocomoco [aujourd'hui en Virginie] vers 1596-Gravesend, Angleterre, 1617).

Également connue sous le nom de Matoaka, Pocahontas naquit à Werowocomoco, résidence principale de son père Powhatan. Ce dernier régnait alors sur une confédération de tribus algonquiennes vivant sur les côtes de la Virginie, où, en 1607, les Anglais fondèrent la colonie de Jamestown. Bien que les premiers colons eussent désespérément besoin de la nourriture que leur fournissaient les tribus indiennes, les incidents se multiplièrent rapidement entre les deux populations. Au cours des premiers mois d'existence de la colonie, la jeune Pocahontas se rendit à Jamestown, et devint rapidement une intermédiaire importante entre les colons et Powhatan.

En décembre 1607, les partisans de Powhatan firent prisonnier le président de Jamestown, le capitaine John Smith, et l'emmenèrent à Werowocomoco. Dans son Histoire générale (1624), Smith a par la suite assuré qu'à cette occasion Pocahontas l'avait sauvé d'un meurtre rituel. On pense aujourd'hui que cette cérémonie n'était que symbolique, et qu'elle signifiait que Powhatan acceptait de considérer Smith comme un « chef » subalterne. Cet incident, qui eut cependant pour résultat la conclusion d'une trêve fragile entre les Indiens et les colons, permit également à Pocahontas de se rendre désormais encore plus fréquemment à Jamestown.

En dépit de la trêve, des hostilités se poursuivirent cependant par intermittence, et lorsque Sir Thomas Dale fut nommé gouverneur de la colonie, en 1611, il entama une politique agressive. Powhatan fut obligé de se replier davantage à l'intérieur des terres. En 1613, le capitaine Samuel Argall captura Pocahontas par ruse. Une fois entre les mains des autorités de Jamestown, elle devint un pion dans les discussions entre Anglais et Indiens. Pocahontas apprit l'anglais et fut initiée au christianisme. Baptisée en 1614, elle reçut le nom de Rebecca. Entre-temps, elle avait fait la connaissance d'un colon anglais, John Rolfe. Ce dernier, après avoir longtemps résisté à son désir d'entretenir une relation avec elle, finit par la demander en mariage ; celui-ci eut lieu en avril 1614, après que Rolfe se fut convaincu lui-même que ses motivations n'étaient pas purement charnelles, et que la colonie pourrait tirer avantage de cette union.

Dale entama immédiatement avec Powhatan des négociations, qui débouchèrent sur une période de paix qui dura jusqu'en 1622.

Même si le mariage fut l'occasion de ce changement de politique, l'instauration de la paix a été probablement davantage due à la modification des rapports de force : Dale avait en effet su insuffler une discipline à la colonie et sa politique militaire agressive avait fait beaucoup de victimes parmi les guerriers powhatans.

De plus, grâce aux efforts de Rolfe, les colons s'étaient lancés dans une activité agricole rentable, avec la culture du tabac. En 1614, la colonie de Virginie imposait donc davantage le respect, ce qui fut bien compris par Powhatan.

En 1615, Pocahontas donna naissance à un fils, qui reçut le prénom de Thomas. L'année suivante, toute la famille Rolfe, accompagnée de 10 ou 12 Indiens, s'embarqua pour l'Angleterre. Pocahontas, sous le nom de Lady Rebecca, fut présentée à la Cour, où elle fut magnifiquement reçue. La compagnie de Virginie, dirigée par John Smith, profita de cette occasion pour promouvoir la poursuite de la colonisation. En mars 1617, après un séjour de sept mois, la famille Rolfe était sur le point de repartir pour l'Amérique, lorsque Pocahontas tomba malade et mourut. Elle fut enterrée dans le chœur de l'église Saint George.

L'importance de Pocahontas réside autant dans ce qu'elle représente pour la culture américaine que dans le rôle qu'elle joua dans l'histoire des débuts de la Virginie. Elle demeure, dans l'imaginaire américain populaire, une représentation de l'innocence supposée de la « vie de nature » sur le Nouveau Continent et, par son mariage et sa conversion au christianisme, le fantasme d'une paix idyllique entre les Européens et les Indiens.