Michel Ocelot

Cinéaste français (Villefranche-sur-Mer 1943).

Un maître du court métrage

Né sur la Côte d’Azur, Michel Ocelot passe une partie de son enfance à Conakry en Guinée, où ses parents enseignants ont été nommés (1949-1955). De retour en France et après une adolescence à Angers, il étudie le dessin et l’histoire de l’art, d’abord à l’École des beaux-arts de Rouen puis à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, avant de partir à Los Angeles où il intègre le California Institute of the Arts. C’est au terme de ces études qu’il décide de s’orienter vers le cinéma d’animation.

En 1976, à destination des enfants, il tourne 60 épisodes de 5 min pour la télévision : les Aventures de Gédéon, d’après Benjamin Rabier. Il se spécialise dès lors dans le court métrage et réalise notamment les Trois Inventeurs (13 min, 1980), couronné en 1981 par un Bafta (récompense cinématographique britannique), les Filles de l’égalité (1 min, 1981), prix spécial du jury au festival d’Albi, la Légende du pauvre bossu (7 min, 1982), césar du meilleur court métrage d’animation en 1983, la Princesse insensible (1986), série de 13 épisodes de 4 min pour la télévision, les Quatre Vœux (5 min, 1987), Ciné Si (1989), cycle de 8 courts métrages de 12 min pour la télévision (la Princesse des diamants, le Garçon des figues, la Reine cruelle, la Sorcière, Prince et Princesse, Icare, On ne saurait penser à tout, le Manteau de la vieille dame) et les Contes de la nuit (1992), 3 contes de 26 min (la Belle Fille et le sorcier, Bergère qui danse, le Prince des joyaux).

Le chef de file de l'animation française

Primé dans de nombreux festivals internationaux (Annecy, Chicago, Ottawa) et reconnu dans la profession (il est président de l’Asifa, l’Association internationale du film d’animation, de 1994 à 2000), Michel Ocelot accède à la notoriété publique grâce à ses longs métrages. En 1998, s’inspirant des contes africains qu’il a lus dans son enfance, il signe Kirikou et la sorcière. Le film, qui célèbre à travers l’enfant Kirikou la victoire de l’intelligence sur les forces du mal, est un triomphe planétaire. Le graphisme riche et coloré, les horizons flamboyants et somptueux de l’Afrique, la musique de Youssou N’Dour contribuent à la magie du dessin animé.

Fort de ce succès, Ocelot réalise deux ans plus tard Princes et Princesses (qui reprend nombre des courts métrages de Ciné Si), animé selon le principe du théâtre d’ombres, les personnages étant des silhouettes découpées dans du papier noir avec un souci d’élégance, de beauté et de raffinement. Tout en accordant une large place à l’imaginaire et au merveilleux, le cinéaste prône de nouveau l’ouverture à l’autre et à sa culture puisqu’il entraîne le spectateur notamment au Japon et dans l’Égypte ancienne. Après Kirikou et les bêtes sauvages (en collaboration avec Bénédicte Galup, 2005), qui reprend le personnage de Kirikou réclamé par une grande partie du jeune public, il réalise en 3D Azur et Asmar (2006), fable située au Moyen Âge dans laquelle deux frères de lait – l’un Blanc et blond représentant l’Occident, Azur, et l’autre, Noir et brun, Asmar, représentant l’Orient et le monde arabe – s’entredéchirent pour mieux se retrouver dans l’éloge de la tolérance.

Michel Ocelot, de par la richesse de son univers poétique et la reconnaissance dont il jouit à l'étranger (Azur et Asmar est distribué au Japon par le prestigieux studio Ghibli de Hayao Miyazaki), est aujourd’hui considéré comme le chef de file de l’animation française. En 2007, renouvelant son inspiration, il a réalisé le clip de la chanson de Björk, Earth Intruders.