Martin Walser

Écrivain allemand (Wasserburg, Wurtemberg, 1927).

Revenu s'établir dans le pays de son enfance, après ses années d'apprentissage, il vit et travaille depuis 1957 sur les rives du lac de Constance qui est omniprésent dans son œuvre. Influencé dans ses premiers textes par Kafka, Martin Walser trouve rapidement sa manière avec Quadrille à Philippsbourg (1957) et surtout avec Halbzeit (Mi-temps), gros roman paru en 1960 et qui forme avec Das Einhorn (la Licorne, 1966) et Der Sturz (la Chute, 1973) une trilogie : un réalisme psychologique minutieux, une radioscopie impitoyable de la réalité quotidienne de personnages moyens d'une banalité désespérante, un mélange de récit objectif et de monologues intérieurs. Tout comme Anselm Kristlein, le personnage central de cette trilogie, les autres « héros » de Walser souffrent de la société : Au-delà de l'amour (1976), Un cheval qui fuit (1978), Travail d'âme (1979), la Maison des cygnes (1980), Lettre à Lord Liszt (1982). Qu'ils soient salariés ou indépendants, représentants de commerce ou cadres, chauffeurs de maîtres ou écrivains, ils doivent réussir, se faire accepter et reconnaître, maintenir leur statut social. Écartelés par les rôles qu'ils sont obligés de tenir (dans leur profession, leur famille, en société), ils perdent leur personnalité, se trouvent mutilés, aliénés. Aucun d'eux n'a vraiment de consistance, tant ils se confondent finalement avec leurs rôles. Ils mettent au point des « stratégies de survie » mais arrivent rarement à éviter la catastrophe. Walser, qui a souvent exprimé, dans ses déclarations publiques, ses sympathies pour la gauche (Heimatkunde, 1968), ne propose pas de solution dans ses romans. Pour lui, la littérature doit montrer la réalité, contribuer à une prise de conscience, mais non proposer des explications et montrer des issues (Brandung, 1985). Au théâtre, Walser a connu au début des années 1960 des succès internationaux avec des pièces sur les séquelles du nazisme (Chêne et lapins angoras, 1962 ; le Cygne noir, 1964) ou sur les problèmes du couple (Der Abstecher, 1961 ; Bataille en chambre, 1967) ainsi qu'avec une parole politique grotesque (Ueberlebengross Herr Krott, 1963). Par la suite, il est revenu au théâtre avec des sujets historiques (Das Saustück, 1975 ; In Goethes Hand, 1982). Roman semi-autobiographique, Une source vive paraît en 1998.