Célestin Hennion

Haut fonctionnaire français (Gommegnies, Nord, 1862-Sainte-Adresse 1915).

Entré en 1880 dans l’armée, Célestin Hennion la quitte en 1886 pour faire carrière à la Sûreté générale dépendant du ministère de l’Intérieur, dans le service dit « de la police spéciale des chemins de fer » (fondée en 1855) qui exerce des fonctions de renseignement relatif à l’ordre public. Créateur, en 1893, de la police des courses et des jeux, le jeune commissaire n’en est pas moins sollicité par le directeur de la Sûreté générale pour commander une « brigade spéciale » ayant pour mission de déjouer les menées antirépublicaines, et, en 1899, c’est lui qui est choisi pour assurer la protection du capitaine Dreyfus revenu de Guyane pour le procès de Rennes.

Promu en 1901 commissaire principal – titre créé à son intention –, Célestin Hennion a désormais autorité sur les autres fonctionnaires de police de la Sûreté générale, dont il entend aussi défendre les intérêts au sein de la mutuelle d'assistance (la première du genre) qu’il fonde. Figure emblématique de la méritocratie propre à la IIIe République, il est nommé en 1907 directeur de la Sûreté générale – le premier qui ne soit pas préfet –, par Georges Clemenceau, le président du Conseil – surnommé « le Tigre » – dont il épouse pleinement les vues en matière d’insécurité, et crée des brigades mobiles de police judiciaire qui mènent une lutte sans merci contre la criminalité – les fameuses « brigades du Tigre » comme on les appellera par la suite. À ce titre, il est considéré comme le fondateur de la police judiciaire française et en même temps comme le « père » d’une police républicaine garante des libertés publiques.

En avril 1913, Célestin Hennion est aussi le premier directeur de la Sûreté générale qui accède au poste prestigieux de Préfet de police de Paris, laissé vacant par le célèbre Louis Lépine. Il procède aussitôt à des réformes en profondeur qui sont sans précédent depuis Bonaparte. Parallèlement, il donne naissance à la première véritable école de police française, chargée de former des cadres spécialisés, rompus aux premières formes de police technique et scientifique.

En septembre 1914, Célestin Hennion est obligé de se démettre de ses fonctions sous la pression de Gallieni, gouverneur militaire de Paris, qui décide de réquisitionner toutes les forces de police contre l’avance allemande, alors que lui-même craint que la mesure ne livre les populations civiles au banditisme. Le grand serviteur de l’État qu’il a toujours été accepte le poste d’ambassadeur auprès du gouvernement belge en exil à Sainte-Adresse, près du Havre.