saint Guénolé

Abbé de Landévennec (vie siècle).

La vie et l'action de Guénolé (Winwaloeus) se situent dans le contexte historique de l'immigration bretonne en Armorique au cours des ve et vie s..

La Vita sancti Winwaloei, qui est notre seul document de référence, fut rédigée dans les années 870-880 par Wrdisten, abbé du monastère de Landowinoch, aujourd'hui Landévennec, au fond de la rade de Brest. Peut-être avait-elle été précédée d'une Vie brève, de peu antérieure, dont elle ne serait, de ce fait, qu'une amplification.

Au dire de Wrdisten, Guénolé naquit à Ploufragan, près de Saint-Brieuc, où ses parents, Fracan et Gwen, venus du pays de Galles, avaient trouvé refuge avec leurs deux autres fils, Gwéthenoc et Jacques (dit plus tard Jacut). Confié dès sa petite enfance à un moine d'origine irlandaise nommé Budoc qui tenait une école monastique sur l'îlot de Lavret (archipel de Bréhat), il fut ainsi pourvu d'une solide éducation ; son maître lui confia onze compagnons pour aller avec eux fonder un autre monastère où la Providence les conduirait. Ils traversèrent la Domnonée (Trégor et Léon), atteignirent le point où l'Aulne se jette dans la rade de Brest, traversèrent la rivière et se fixèrent là pour y vivre la vie monastique. Les usages auxquels se conformaient Guénolé et ses disciples étaient issus de la tradition celtique d'Irlande, marquée par une tonsure particulière, une ascèse sévère, des prières et jeûnes prolongés… Ayant longtemps été le modèle du troupeau, Guénolé mourut « le cinquième jour des ides de mars », sans qu'il soit possible de préciser l'année.

À travers la trame manifestement trop tissée de miracles de cette Vie se dessinent les traits d'un de ces nombreux ermites bretons qui, au vie siècle, peuplèrent les îles et les profonds abers de la péninsule armoricaine. Sans doute faut-il se le représenter inaugurant une vie de style érémitique au fond de ce vallon solitaire qui allait désormais prendre son nom : Lan-to-Win-oc. Le monastère qui, dans la suite, s'édifia à proximité garda précieusement ses reliques et entoura de vénération la mémoire de son « fondateur ». Louis le Pieux, en 818, imposera aux moines la Règle de saint Benoît ; les raids normands, en 913, les obligeront à fuir, emportant avec eux les reliques du saint jusqu'à Montreuil-sur-Mer où elles seront vénérées jusqu'à la Révolution française, durant laquelle elles furent brûlées. Le culte de Guénolé par contre, grâce aux dépendances du monastère, se répandit dans toute la Cornouaille, attesté aujourd'hui encore par un grand nombre de chapelles et de statues.

Reconstruit après les invasions normandes, doté au xie siècle d'une abbatiale romane, le monastère se maintint durant le Moyen Âge malgré les troubles et ravages causés tant par les descentes anglaises que par les guerres de Religion. Rattaché au xviie siècle à la Congrégation de Saint-Maur, il dut sa ruine à la Révolution, qui vendit les bâtiments en 1792. En 1950, des moines bénédictins établis près de Landerneau rachetèrent la propriété et entreprirent de les relever et d'y restaurer la vie monastique. Le nouveau monastère de Saint-Guénolé fut inauguré le 7 septembre 1958.

Fête le 3 mars et le 28 avril (translation de ses reliques).