Guy Môquet

Militant communiste français(Paris 1924-Châteaubriant 1941).

Fils d'un député communiste du XVIIe arrondissement, Guy Môquet est encore élève au lycée Carnot lorsque la guerre éclate. Son père est arrêté en octobre 1939, déchu de son mandat en raison de son approbation du pacte germano-soviétique, condamné à 5 ans de prison et emprisonné au bagne de Maison-Carrée, en Algérie. Cette arrestation marque le jeune homme, qui milite déjà dans les rangs des Jeunesses communistes et poursuit désormais son action dans la clandestinité (distribution de tracts sur les marchés et dans les cinémas). Il est arrêté le 13 octobre 1940 au métro Gare de l'Est par la police française, puis emprisonné à Fresnes, à la Santé à Paris, puis à Clairvaux. À la mi-mai 1941, Guy Môquet est transféré au camp de Châteaubriant (Loire-Atlantique), qui comptait près de 4 000 prisonniers politiques, dont de nombreux militants communistes arrêtés entre 1939 et 1940.

Le 20 octobre 1941, le feldkommandant Karl Hotz, commandant la place de Nantes, est abattu par trois jeunes communistes. En guise de représailles, Hitler ordonne d'exécuter 50 otages immédiatement, puis 50 autres si les auteurs de l'attentat ne se livrent pas. Le ministre de l'Intérieur du gouvernement de Vichy, Pierre Pucheu, négocie le nombre des otages avec les autorités allemandes et fournit une liste de prisonniers communistes à exécuter pour, selon lui, « éviter de laisser fusiller 50 bons Français ». Peu avant leur exécution, on donne aux 27 otages des crayons et du papier pour un ultime message à leurs familles et à leurs amis. La lettre poignante que Guy Môquet, le plus jeune des otages, écrit alors à ses parents est célèbre. L'exécution a lieu le 22 octobre, dans la carrière de la Sablière, proche de Châteaubriant.

La lettre de Guy Môquet à ses parents

"Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé

"Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi.

"Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas !

"J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour.

"À toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.

"17 ans ½, ma vie a été courte !

"Je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous.

"Je vais mourir avec Tintin, Michels.

"Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant.

"Courage ! Votre Guy qui vous aime

"GUY

"Dernières pensées : Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !"

Note.
« Tintin » désigne Jean-Pierre Timbault, dirigeant C.G.T. de la métallurgie ;
« Michels » désigne Charles Michels, député communiste, dirigeant C.G.T. des cuirs et peaux.