Donald Redfield Griffin

Biologiste et éthologue américain (Southampton, État de New York, 1915-Lexington, Massachusetts, 2003).

Donald Griffin fait ses études à Harvard. En 1942, il est docteur en sciences physiques, puis diplômé du Ripon College (Wisconsin). L'Amérique vient d'entrer dans la Seconde Guerre mondiale et Griffin met ses connaissances en biophysique au service des forces armées de son pays, pour lesquelles il conçoit des appareils de communication, des dispositifs d'images à infrarouge ainsi que des vêtements de protection.

Une fois la guerre finie, il devient professeur de zoologie à l'université de Cornell, où il reste jusqu'en 1953. Il se fixe alors à Harvard où il occupe la chaire de biologie pendant huit ans. Il devient ensuite professeur à l'université Rockefeller de New York, et, parallèlement, continue ses recherches à la société de zoologie de cette ville. Ses découvertes sont couronnées par plusieurs prix dont The Phi Beta Kappa Prize in Science, en 1964, et The Science Award, en 1965.

Mais le grand sujet d'étude de sa vie est l'écholocation. À la fin du xviiie s., le biologiste italien Lazzaro Spallanzani constate que certains animaux sont capables de s'orienter sans l'aide de la vue. Le Genevois Jurine complète cette observation en notant que les mêmes animaux sont perdus si on les prive de tympan. Le rôle de l'oreille interne dans l'orientation sera mis en évidence quelque temps plus tard. Mais ce n'est qu'en 1920 que l'Anglais Hartridge fait le lien entre cette faculté spécifique de certaines espèces et leur pouvoir d'émettre des ultrasons. Trois ans plus tard, Donald Griffin partira de cette découverte pour entreprendre ses propres investigations.

Avec son collègue Roeder, il commence à étudier le comportement des chauves-souris en présence des noctuelles, ou noctuoïdes, les papillons de nuit dont elles se nourrissent. La chauve-souris émet un son trop aigu pour être perçu par l'homme, un ultrason qui, après avoir heurté sa proie, lui revient plus ou moins rapidement suivant l'éloignement de celle-ci. Elle peut ainsi orienter son vol et choisir en conséquence son mode de prédation : par la gueule ou par ramassage du bout de l'aile ou de la patte.

Mais le plus étonnant, c'est que les noctuelles, de leur côté, ne sont pas inactives : leurs propres tympans leur permettent d'évaluer la distance de la chauve-souris, ses mouvements et sa vitesse, donc de s'orienter elles-mêmes et de choisir leur mode d'évitement : infléchissement du vol, chute, looping, etc. Les récepteurs tympaniques des noctuelles sont très perfectionnés. Leur rôle, combiné à celui de leurs ailes qui constituent des sortes de baffles, leur permet de faire la synthèse entre les informations venant de droite et de gauche, du haut et du bas, de l'avant et de l'arrière ; donc, de se situer très précisément par rapport à la chauve-souris.

C'est en 1944 que Griffin donne le nom d'écholocation à ce mode d'orientation et de déplacement.

L'écholocation n'est pas le propre des chauve-souris et des noctuelles. Certains oiseaux de nuit s'orientent de cette manière, ainsi que des mammifères tels que les dauphins et les marsouins. Parfois plus efficace que la vue, l'écholocation leur permet d'éviter un fil de trois dixièmes de millimètre tendu sous l'eau !

Outre quantité d'articles, Griffin a publié de nombreux ouvrages tels que Listening in the Dark en 1958, Echoes of Bats and Men en 1959, Animal Structure and Function en 1962, Bird Migration en 1964 et la Pensée animale, traduit en français.

Les guacharos

Les guacharos



En 1953, Donald Griffin se rendit en Amérique du Sud pour étudier le comportement des oiseaux des régions tropicales jadis observés par le savant allemand Alexander von Humboldt, et surtout celui du guacharo. À cause de son envergure qui dépasse parfois un mètre, l'oiseau est très malhabile à terre. Mais il est parfaitement à l'aise lorsqu'il se déplace la nuit, à la recherche des fruits dont il se nourrit, ou bien le jour, dans les cavernes où il demeure. Cet oiseau des ténèbres, comme les chauves-souris, se dirige grâce à l'écholocation.