Julia Gillard

Femme politique australienne (Barry, pays de Galles, 1961).

1. L'immigrante et la militante : carrière et ascension

Issue d’un milieu très modeste du pays de Galles au Royaume-Uni, Julia Gillard migre avec sa famille vers Adélaïde, en Australie, pour raisons de santé en 1966. C’est dans ce pays d’adoption qu’elle obtient ses diplômes en droit du travail tout en intégrant, pendant ses années universitaires, les associations et syndicats étudiants, qu’elle finit par diriger à l’échelle nationale (1983-1985).

Recrutée par un cabinet d’avocats de Melbourne, spécialisé dans l’aide juridique apportée au monde des salariés, elle en devient une associée (1990) tout en continuant à militer au sein de l’aile gauche (dirigiste et libertaire) du parti travailliste, notamment au sein de l’État de Victoria, dont elle est élue députée à la chambre des représentants en 1998. Œuvrant pour la parité – en charge plus spécifiquement des questions de santé – et impliquée dans la défense du droit à l’avortement, elle est promue en 2004 ministre du cabinet fantôme de Mark Lathan, alors chef de l’opposition au Premier ministre libéral John Howard.

À la fin 2006, elle prend une part active dans l’éviction de Kim Beazley et son remplacement à la tête de la formation par Kevin Rudd. C’est donc tout naturellement qu’elle devient son vice-Premier ministre lorsque celui-ci mène son parti à la victoire, près d’un an plus tard, lors des élections générales de novembre 2007, et qu’elle se voit confier les responsabillités stratégiques de l'Éducation, de l’Emploi et des Relations sociales ainsi que de l’Insertion.

2. La première femme à la tête du pays (2010-2013)

Elle est encore à la manœuvre quand Kevin Rudd – critiqué pour son style autocratique et devenu impopulaire à la suite de ratés dans la mise en route des plans de soutien à l’activité – est contraint à la démission à la fin juin 2010, et devient, dans la foulée, la première femme du pays à diriger le gouvernement. Convoquant presque aussitôt des élections anticipées, elle conserve de justesse son poste, en constituant une coalition majoritaire avec les Verts et les Indépendants (septembre 2010). Soucieuse de stabilité, de durée et d’unité, elle rappelle aux Affaires étrangères K. Rudd, met en œuvre une importante réforme bancaire, gère une série de catastrophes naturelles (inondations et cyclones de décembre à mars) et parvient à faire voter la taxe carbone (novembre 2011) sur l'opposition à laquelle son prédécesseur avait buté.

Les bons résultats économiques enregistrés par le pays (croissance de 3,2 % en 2011, et à nouveau de 3,1 % en 2012, taux de chômage à 5 % de la population active, dette publique inférieure à 10 % du PIB) ne parviennent pas à contrebalancer les remous suscités dans les milieux d’affaires et l’opinion par l’adoption de ce projet puis la décision, prise en novembre 2012, de faire entrer le pays, grand émetteur de CO2, dans le protocole de Kyoto II. Ils valent à J. Gillard une nette chute de confiance, qui fravive les querelles internes pour le leadership travailliste dans la perspective des prochaines élections générales.

K. Rudd lui dispute la responsabilité de chef de la future campagne et se voit contraint à la démission de son poste de ministre des Affaires étrangères en février 2012. Appelés à se prononcer dans la foulée pour déterminer qui des deux protagonistes devra conduire leur formation aux prochaines échéances (prévues pour 2013), les parlementaires du groupe votent à une très forte majorité (71 voix contre 31) en faveur de J. Gillard, ce qui consolide l'autorité de cette dernière sur le parti comme sur l’équipe gouvernementale. Sans toutefoislui permettre de retrouver pour autant le soutien des électeurs…

3. Vers la sortie

Les sombres perspectives électorales attisent de plus belle les tensions et la guerre des chefs au sein des travaillistes. En mars 2013, J. Gillard retourne à son profit la grogne et l’inquiétude qui montent des rangs des députés et des caciques du parti et obtient de leur part une énième confirmation à la tête de la formation et du gouvernement. Mais l’étiage inexorable de sa popularité la pousse bientôt vers la sortie. À la fin juin 2013 en effet, au terme d’un nouveau scrutin, les parlementaires travaillistes lui préfèrent son concurrent et rival K. Rudd, seul à même selon eux d’éviter la débâcle aux prochaines élections générales. Le lendemain, le 27   juin, J. Gillard rend sa casquette de chef de parti et de Premier ministre. Elle fait en outre connaître son intention de se retirer de la vie politique à l’issue de la mandature en cours – ce qu’elle met à exécution en septembre, quand le verdict des urnes renvoie ses camarades dans l’opposition.

Pour en savoir plus, voir l'article Australie : histoire.