Edmond Perrier

Zoologiste français (Tulle 1844-Paris 1921).

À l'inverse de beaucoup de naturalistes français de son temps, Edmond Perrier était un partisan convaincu du transformisme et reconnaissait l'intérêt de l'œuvre de Darwin. Cependant, il ne pensait pas que la théorie de la sélection naturelle pouvait résoudre le problème des origines. « Pour qu'il y ait lutte pour la vie entre les êtres vivants, disait-il, il faut que ceux-ci soient déjà assez nombreux pour se faire concurrence. » Ses propres vues sur l'évolution prenaient leur source dans les nombreux travaux qu'il avait consacrés à l'anatomie et à la physiologie des invertébrés.

Edmond Perrier commence à s'intéresser à ces animaux dès l'enfance, lorsque son père, maître d'école à Tulle, en Corrèze, l'emmène avec lui dans de longues randonnées à travers la montagne pour y observer la nature. À l'époque, le jeune garçon collectionne les insectes et se promet bien de devenir zoologiste.

Pourtant, quand, à vingt ans, il est reçu à la fois à l'École polytechnique et à l'École normale supérieure, il hésite entre les deux formations. C'est Pasteur qui oriente sa destinée : le grand savant, alors directeur de l'École normale, insiste, en effet, pour avoir dans son établissement le jeune Corrézien, deux fois lauréat au Concours général. Reçu, à sa sortie de l'École normale, agrégé de physique – discipline dont dépendaient les sciences naturelles –, Edmond Perrier entre en 1868 comme aide naturaliste au Muséum d'histoire naturelle, où il enseignera à partir de 1876 et dont il deviendra le directeur en 1900.

Edmond Perrier mène d'abord des recherches sur les échinodermes (étoiles de mer, oursins) ; il montre, notamment, que leurs vaisseaux sont en communication directe avec l'extérieur, l'eau de mer y pénétrant librement. Il publie également de nombreux mémoires se rapportant aux lombrics, ou vers de terre, sur lesquels il apporte une foule de données nouvelles.

C'est l'époque où le livre fameux de Darwin, De l'origine des espèces, paru en Angleterre en 1859 et traduit en français en 1865, divise les scientifiques. Edmond Perrier, qui occupe au Muséum la chaire de Lamarck, ne peut rester indifférent aux controverses entre « évolutionnistes » et « fixistes ». Dans son livre sur les Colonies animales (1881), le zoologiste français prend parti sans ambages pour le camp des premiers. Mais il ne croit pas, comme Darwin, que l'évolution des formes animales a pour condition première et unique la lutte pour la vie. Il soutient, au contraire, la thèse de « l'association pour la vie ». Selon lui, les êtres primitifs, nés les uns des autres par division ou par bourgeonnement, ont formé des sortes d'associations, de colonies, qui ont pris peu à peu, par la solidarité progressive de leurs éléments constitutifs, le caractère d'organismes complexes ayant une unité individuelle. Ainsi s'expliquerait l'organisation segmentaire des animaux supérieurs.

Outre les Colonies animales, dont le succès en France égala presque celui de l'œuvre majeure de Darwin, De l'origine des espèces, Perrier a écrit de nombreux ouvrages. Certains, tel son Traité de zoologie, qui devait faire autorité pendant une quarantaine d'années, étaient destinés à des spécialistes. D'autres, comme le Transformisme, À travers le monde vivant, la Vie en action, la Terre avant l'histoire, touchèrent un vaste public, séduit par la familiarité du ton et la simplicité avec laquelle l'auteur a su formuler ses explications.